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Enjeux et limites des programmes éducatifs des filles en Afrique subsaharienne

En 2014, le groupe terroriste Boko haram enlevait 276 lycéennes à Chibok, au Nigeria. Cet événement est significatif de leur lutte contre l’éducation occidentale. Depuis 2009, selon l’UNICEF, Boko Haram aurait causé la mort de plus de 2300 enseignants et la destruction de plus de 1400 écoles. Cet exemple permet de constater que dans certaines régions du monde, l’éducation, notamment celle des filles, est très fragilisée.


L’Afrique subsaharienne est composée d’une grande variété de pays, certains ont un niveau d’éducation des filles en générale relativement élevé, quand d’autres présentent une population à peine alphabétisée. Les femmes de ce continent représentent plus de 50% de la population, or, au Soudan du Sud par exemple, seuls 25 % des enfants scolarisés sont des filles.

Le programme des Nations Unies pour le développement a créé, en 1990, un indice de développement humain. Il prend notamment en compte le niveau d’éducation dans les pays, comprenant le taux d’alphabétisation et le taux brut de scolarisation, soulignant leur importance primordiale. De nombreuses initiatives ont donc été prises et des mesures adoptées pour hausser les taux d’inscription des filles à l’école.

Pourtant, les programmes éducatifs n’arrivent pas toujours à être efficaces et rencontrent des freins économiques, culturels, politiques et sociaux.

Quels sont donc les enjeux et les limites des programmes éducatifs pour les filles d’Afrique subsaharienne ?

Des élèves dans une école primaire à Pikine, dans la banlieue de Dakar. Seyllou/AFP


L’éducation des filles : un facteur de développement humain et d’émancipation

Pour commencer, instruire les jeunes filles de l’Afrique subsaharienne est une urgence, notamment pour le développement humain des États.


En effet, de nombreux travaux de recherche ont démontré l’impact positif de l’éducation des filles sur la réduction de la pauvreté, de la mortalité infantile et aussi sur la promotion de l’égalité entre les sexes. Elle serait aussi un facteur décisif permettant aux femmes d’exercer des activités rémunératrices et d’acquérir une certaine autonomie économique et sociale, qui permettra leur émancipation. La scolarisation des filles a également un effet multiplicateur : leurs enfants, à leur tour, auront des chances plus importantes d’aller à l’école et d’y rester sur une durée plus longue. Selon un proverbe angolais « éduquer une femme, c’est éduquer un village». Ainsi tous ces facteurs sont clés pour favoriser le développement humain. C’est pourquoi James Wolfensohn, ex président de la banque mondiale pense que l’éducation des femmes se rapporterait à une solution « miracle », d’où la nécessité de politiques pour une incitation à l’éducation.


Programmes et initiatives pour l’éducation des filles en Afrique subsaharienne

L’inscription des filles à l’école représente des coûts pour leurs familles. En effet, l’école entraînerait des coûts directs comme pour les uniformes, les chaussures ou les manuels qui doivent être fournis. Par ailleurs, les coûts qui sont liés aux « services » que les familles perdent lorsqu’une jeune fille est scolarisée doivent aussi être pris en compte. Traditionnellement, cette dernière aurait pour rôle de s’occuper des tâches ménagères, mais aussi de ses petits frères et sœurs. Ces différents facteurs peuvent être source de découragement pour les familles à l’idée d’envoyer leurs filles à l’école.

C’est pourquoi, depuis les années 2000, plusieurs pays africains (le Kenya, le Ghana, l’Ouganda) ont instauré la gratuité de l’école primaire et parfois même dans les écoles secondaires. Un système de bourses a également été mis en place dans certains États. Au Kenya, par exemple, elles étaient attribuées aux filles qui, lors des examens de fin d’année, avaient obtenu des bonnes notes. Ces bourses scolaires ont donné des résultats encourageant en incitant les jeunes filles à poursuivre leurs études. De nombreux programmes sont aussi menés pour expliquer le rôle de l’école aux familles. Il y a donc de véritables efforts budgétaires de certains États d’Afrique subsaharienne pour inciter l’inscription des jeunes filles à l’école. Ces actions se heurtent cependant à plusieurs freins et limites.


Des freins à l’éducation des filles à plusieurs échelles

Les campagnes qui avaient simplement l’objectif de construire des écoles, sans instruire les parents sur leur rôle pour les jeunes filles, ont souvent été un échec. Les coutumes et les croyances religieuses patriarcales de ces pays, placent souvent les femmes dans une position d'infériorité par rapport aux hommes, et il est difficile pour les parents de rejeter des traditions anciennes en envoyant leurs filles à l'école, sans raisons explicites.

De plus, l’enjeu de la transmission de la connaissance rencontre des limites.

Cela a aussi pour cause l’absence des professeurs et un manque de transparence entre l’école et la famille.

Par ailleurs, le contexte politique, comme par exemple au Nigeria avec le terrorisme, ou encore dans les pays d’extrême pauvreté comme en Érythrée, fait que l’éducation des filles est sous tension et défaillante. L’éducation des femmes peut aussi être un pas vers la démocratie, donc contrecarrer les volontés dictatoriales de certains dirigeants.

Pour conclure, nous pouvons penser à la phrase de Francis Bacon « La connaissance est en elle-même la puissance ». En effet, inciter les filles à aller le plus longtemps possible à l’école serait très bénéfique, non seulement pour la jeune fille, mais aussi pour l’État. On remarque, grâce à des politiques internes, mais aussi grâce au travail d’organisations non gouvernementales, une hausse du taux de scolarisation des filles, et cela, par des mesures économiques et incitatives. Pourtant, malgré ces efforts, l’éducation des femmes se heurte à de nombreuses limites. Le combat pour promouvoir non seulement l’accès à l’éducation, mais aussi l’égalité entre les sexes est une urgence et cela dans de nombreux pays du monde. L’histoire de Malala Yousafzai, une militante pakistanaise est un exemple d’une lutte pour l’émancipation des femmes et donc incontestablement pour leur droit à l’éducation.

Si le sujet de l’éducation dans les pays en développement vous intéresse, cet article s'appuie sur le travail de recherche d'Esther Duflo, prix Nobel de l'économie, dans son œuvre : Le développement humain, volume I « Lutter contre la pauvreté » qui aborde la question d’une façon pluridimensionnelle.

Eugénia Dimitrova




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