2042. Immergés dans la pénombre, journalistes, hommes et femmes politiques considèrent d’un œil impuissant les catastrophes naturelles, tempêtes, sécheresses, incendies, qui ravagent la vie aux quatre coins de la planète. Au rythme d’un tic tac alarmiste, ces personnalités publiques se rappellent tour à tour de la campagne présidentielle vingt ans auparavant, durant laquelle l’apocalypse climatique, déjà présagée par la communauté scientifique, demeurait au large du débat. Certains se justifient, d’autres regrettent. Malheureusement, il est trop tard. Avec cette vidéo deepfake choc, révélée le 26 février, le message de Greenpeace est clair : “L’écologie doit être au cœur de l’élection présidentielle de 2022”. L’appel à la mobilisation citoyenne est lancé.
Jeunes français parcourant la France avec pour objectif de mobiliser sur les enjeux écologiques, démocratiques et de justice sociale. Photo prise par Vincent M.A. Janssen, disponible sur Pexels.
Le dérèglement climatique : enjeu majeur aux yeux des Français
En 2021, l’Etat est doublement condamné par la justice pour son inaction climatique. Cette épée de Damoclès, qui pèse à présent sur les têtes du gouvernement, est la résultante de l’Affaire du Siècle, un recours dirigé par quatre organisations de protection de l’environnement et de solidarité internationale et largement approuvé par les citoyens. En l’espace de trois semaines, la pétition de soutien a récolté près de deux millions de signatures : c’est à ce jour la mobilisation en ligne la plus massive de l’histoire de France.
L’environnement semble donc être devenu une thématique centrale aux yeux des Français, ce que confirme aussi l’institut de sondage Ipsos. D’après leur enquête, en octobre 2021, 93% des citoyens considèrent que la défense de l’environnement et de la nature représente un thème important. Pour près d’un tiers des jeunes, il s’agit du cœur même de leurs préoccupations. En effet, “plus de 8 jeunes sur 10 pensent que si les choses continuent sur le même rythme, les catastrophes écologiques vont se multiplier et affirment ainsi que revoir complètement notre système économique et social est nécessaire afin de résoudre cette crise”. De facto, près de 68% des Français assurent que les propositions des candidats à la présidentielle à ce sujet s’avèreront déterminantes dans leur choix de vote.
Or, à quelques semaines du premier tour inaugurant la lutte pour le prochain quinquennat, le Baromètre Unité de Bruit Médiatique (UBM) d’Onclusive, réalisé pour l’Affaire du Siècle, révèle que les problématiques climatiques ne concernent que 2,8% du traitement médiatique de l’élection présidentielle. Un pourcentage indécent aux yeux des jeunes qui, indignés, multiplient les actions pour rééquilibrer la balance.
La jeunesse, héritière de l’avenir, en action
Réaliser un tour de France, à pied ou à vélo, pendant près de trois mois et demi. C’est le projet lancé par un regroupement d’associations étudiantes, dans l’optique d’un recadrage du débat public sur la “triple crise” qui fracture le pays : une crise à la fois écologique, sociale et démocratique.
Dimanche 20 février, face à l’Académie du climat, dans le 4e arrondissement de Paris, 12h sonne le départ du Relais Jeunes, nom officiel du projet. Au cours de cette longue expédition, les organisateurs prévoient de nombreuses conférences, animées par des experts, à propos d’un thème précis en lien avec l’environnement, la justice sociale ou l’enrayement de la démocratie : emploi et transition écologique à Amiens, mobilité et surconsommation à Aix-en-Provence ou encore santé et anxiété à Montpellier. Pour cette coalition d’associations, informer la jeunesse française apparaît ainsi comme l’étape cruciale qui précède l’engagement.
Afin de renouer avec le processus démocratique, de nombreux débats et tables rondes permettent aussi d’aborder des sujets divers, dont certains divisent les esprits au sein même de la pensée écologiste : nucléaire contre énergies renouvelables, croissance verte contre décroissance... Une panoplie d’autres actions s’annonce par ailleurs, avec au programme projections et discussions, clean-walks, ateliers de sensibilisation... En clair, de quoi acquérir un large éventail d’outils et de connaissances pour agir de manière réfléchie, concrète et impactante.
A travers leur manifeste, disponible sur leur site, ces étudiants engagés clament, à coups de métaphores explicites, leur volonté immuable de prendre les choses en main : “Alors que nous fonçons droit sur l’iceberg, le capitaine regarde ailleurs et continue même à accélérer. Alors, la main tremblante, nous prenons la barre pour changer de cap, en espérant qu’il ne soit pas trop tard, que le naufrage puisse encore être évité” ; “Partout en France, de jeunes militants, activistes et bénévoles se passent le témoin [...] pour esquisser les contours d’un monde respectueux des humains, du Vivant. Notre monde” ; “Nous sommes prêts et nous prenons la relève” concluent-ils, solennels. Du reste, si vous vient l’envie de rejoindre cette expédition, pour une journée ou davantage, le Relais Jeunes vous accueillera tous à bras ouverts.
Mars, un mois de lutte contre l’inertie climatique
En France, mars sera, par ailleurs, l’emblème de la mobilisation citoyenne à l’égard de la crise climatique. Le samedi 12, aura d’abord lieu une marche nationale pour le climat, nommée Look up - un clin d'œil au succès alarmiste de Netflix Don’t Look Up, dressant une satire aussi grotesque que réaliste de notre société qui, si elle demeure inchangée, se dirige droit vers une catastrophe irréversible.
Le lendemain, les organisations portant l’Affaire du Siècle organiseront le Débat du Siècle, le tout premier débat présidentiel exclusivement dédié au climat. Entre 16h et 20h sur la plateforme en direct Twitch, Jean Massiet, animateur politique, et Paloma Moritz, journaliste spécialiste de l’écologie, interrogeront les candidats quant à leurs mesures relatives aux enjeux climatiques et sociaux.
Plus tard, le vendredi 25 mars, se déroulera une grève internationale, lancée par le mouvement Youth For Climate, branche française du mouvement international Fridays For Future, initiée par la militante Greta Thunberg, symbole d’une nouvelle génération prête à lutter activement contre l’inaction climatique. Plusieurs mobilisations sont d’ores et déjà prévues en France, à Paris, Lille, Lyon, Strasbourg, Bordeaux, et tant d’autres villes.
Ainsi cette myriade d’actions lancées par la société civile témoigne-t-elle d’une volonté renouvelée de résoudre collectivement les problématiques écologiques et sociales, intrinsèquement liées. D’autant plus que le nouveau rapport du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC), paru le 28 février, est clair : entre 3,3 et 3,6 milliards de personnes habitent dans des contextes très vulnérables au changement climatique, soit près de la moitié de la population mondiale. "La fenêtre d'opportunité qu'on a aujourd'hui pour s'adapter, pour limiter les impacts du changement climatique [...] ne restera pas ouverte indéfiniment” affirme Gonéri Le Cozannet, l’un des auteurs du rapport. Un changement profond et progressif de notre mode de vie s’avère nécessaire ; à l’échelle française, le prochain mandat s’annonce donc décisif pour l’avenir de notre planète.
Margot Darcy
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