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L’aide alimentaire française en détresse

Les associations d’aide alimentaire tirent la sonnette d’alarme face à un contexte d’inflation record et de flambée de prix de l’énergie. Alors que la précarité des ménages s'accroît, la demande explose. Des bénévoles nous racontent.

Association Le Carrefour des solidarités (Essonne, 91),

écriteau annonçant l'augmentation des prix dans l'épicerie solidaire.


« L’association est en grande difficulté financière. On va être en déficit sur le bilan comptable de cette année, ce qui n’est jamais arrivé », explique Jeanine, 74 ans, bénévole pour l’association Le Carrefour des solidarités (Essonne, 91). En cause, l’inflation galopante, 6,2% en novembre, avec une hausse des prix de l’alimentation de 12,2 % sur un an, selon l’INSEE. Les dépenses de l’association augmentent, et les donateurs sont moins enclins à mettre la main à la poche dans un contexte économique difficile. Les Restos du cœur avaient déjà sonné l’alerte lors du lancement de leur trente-huitième campagne le 22 novembre 2022. Une hausse critique des dépenses conjuguée à un boom de la demande, 12% de personnes en plus dans les centres, avait soulevé de nombreuses inquiétudes.


Le Carrefour des solidarités déplore aussi un manque de denrées pour faire face aux nouvelles arrivées de bénéficiaires. « On est coincés », soupire Jean-Pierre, 80 ans, vice-président, en évoquant la réticence des grandes surfaces à contribuer au stock de l’épicerie sociale. Les dons des supermarchés représentaient une part importante de l’approvisionnement hebdomadaire. Les enseignes locales préfèrent désormais remettre les invendus en rayon à un prix réduit, selon l’association. « Du coup, on a dû augmenter les prix des produits vendus dans l’épicerie sociale », renchérit-il.


« Pour notre dernière distribution on a eu trop de demandes, les inscriptions étaient saturées en moins de 24h »


Alors qu’au total, selon l’INSEE, 3,2 à 3,5 millions de personnes en France ont recours à une aide alimentaire, les associations destinées aux étudiants sont particulièrement débordées. Carole, fondatrice du dispositif « Aidtudiant », association organisant des distributions mensuelles de produits de première nécessité, constate ce déferlement. « La précarité étudiante s’est énormément accrue ces-derniers temps. Pour notre dernière distribution on a eu trop de demandes, les inscriptions étaient saturées en moins de 24h, on a été obligés de les suspendre par manque de denrées ».


L’appel massif aux dons est une solution pour les dispositifs d’aide alimentaire. La 38ème édition de la Collecte nationale des Banques Alimentaires, qui s’est déroulée sur trois jours fin novembre, devrait notamment soulager les associations. Une bonne partie du stock des épiceries solidaires et distributions d’aide alimentaire est effectivement constituée grâce à la collecte. « On a récolté environ 9 tonnes de denrées cette année », constatent ainsi des bénévoles du Carrefour des solidarités. « C’est moins que l’année dernière (10 tonnes), mais on est agréablement surpris au vu du contexte ».


Des aides de l’Etat qui se font attendre


Les associations en appellent finalement à l’Etat pour sortir de leur insolvabilité. Le ministre des Solidarités Jean-Christophe Combe a ainsi annoncé une enveloppe de 10 millions d'euros pour les associations d'aide alimentaire aux étudiants. Cette somme doit permettre de financer environ 300 000 colis alimentaires par semaine, d'après le ministère. En parallèle, la Première ministre Elisabeth Borne a lancé un « fonds pour une aide alimentaire durable » de 60 millions d’euros qui sera débloqué en 2023.


Emma Téreygeol


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