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Au Japon, une enquête officielle sur une secte après l’assassinat d’un ancien ministre.

Environ quatre mois après l’assassinat de l’ancien premier ministre Shinzo Abe, la secte Moon se trouve au coeur de l’attention médiatique. Selon les éléments de l’enquête, la secte aurait profité financièrement de la mère de l’assassin, ainsi le suspect aurait cherché à se venger contre une figure politique proche du groupe religieux selon lui.


Tetsuya Yamagami, tueur présumé de l’ancien premier ministre Shinzo Abe au poste de police de Nara à l’Ouest du Japon ( Kyodo / Reuters ).

Groupe religieux aux multiples dérives sectaires


L’Eglise de l'unification, aussi appelée Secte Moon, a été fondée en 1952 par un révérend Sud-Coréen, Sun Myung Moon. Il se présente comme le nouveau messie, prétendant avoir eu une vision de Jésus Christ, à l’âge de 15 ans, qui lui aurait confié la mission de poursuivre son œuvre sur Terre. Ses fidèles suivent les préceptes qui figurent dans les « Principes Divins », un livre écrit par Moon lui-même, dans lequel il réinterprète très largement les écritures bibliques.


Même si la secte est implantée ailleurs, comme aux Etats-Unis ou dans des pays d’Amérique du Sud, les revenus obtenus par la branche japonaise représentent plus de la moitié des revenus globaux de l’organisation.


La secte inciterait vivement ses fidèles à se séparer de leurs possessions, particulièrement leurs objets religieux précieux. Au cours de ces 10 dernières années, ce sont plus de 2000 personnes qui déclarent s’être séparées de tels objets, ce qui représenterait un dommage total estimé à 85 millions d’euros.


Les liens ambigus entre la Secte Moon et le Parti libéral-démocrate


Ce qui est certain c’est que le parti libéral démocrate ( PLD ) japonais va y laisser des plumes. Cet assassinat a apporté de nouvelles preuves que la formation politique a des liens forts avec la secte. En septembre, une enquête interne dans le parti avait révélé que 179 de ses 379 parlementaires étaient liés de près ou de loin à l'organisation. De nombreuses preuves non cachées du public existent comme des remerciements pour la secte ou encore des apparitions publiques de certains élus à des événements organisés par celle-ci.


Le parti qui a promis « la rupture des liens » se lance dans une quête difficile. En effet, historiquement, c’est le grand père de l’ancien premier ministre assassiné qui avait permis pendant son passage au pouvoir ( 1957 - 1960 ) l’implantation de la secte originaire de Corée du Sud au Japon. Ce pacte entre le parti et le groupe religieux a sûrement assuré la garantie d’une relative tranquillité dans la poursuite du pillage de ses adeptes.


Depuis juillet, des membres témoignent de l’emprise de la secte sur leur famille et des conséquences dévastatrices sur leur vie quotidienne. En plus du surendettement lié aux dons à l’organisation, certaines victimes racontent comment leur appauvrissement leur a également valu une relégation sociale. Des enfants narrent comment ils ont été rackettés par leurs propres parents du fait de la pression exercée par les gourous.

En quelques semaines, l’afflux de témoignages concordants ont même fait passer le meurtrier de Shinzo Abe du statut d’assassin à celui de victime. Incarcéré, il reçoit des lettres de soutien et des présents pour avoir mis la lumière sur ces agissements, la côte du Premier ministre actuel chutant par la même occasion.


Des bénéfices communs à ce lien étroit


Si l’anti-communisme commun au début de ces relations n’est plus une cause fédératrice aujourd’hui, il n’en demeure pas moins que le PLD et la secte se rejoignent sur de nombreux thèmes. On peut noter des opinions concordantes sur l’opposition au mariage homosexuel ou encore la volonté de réviser la constitution ( Forces d’autodéfense, Etat d’urgence… ). L’agenda idéologique de la secte est similaire à celui de « Nippon Kaigi », organisation politique d’extrême droite également proche du PLD et notamment de l’ancien Premier ministre assassiné.


Cette collaboration avant tout pragmatique reposait surtout sur « un échange de bons procédés ». Tout d’abord, comme évoqué précédemment, la pratique du vote organisationnel pouvait apporter des voix utiles à certains parlementaires. Plusieurs sources confirment également le fait que de nombreux fidèles travaillent gratuitement auprès des élus du PLD durant les campagnes. En échange, ils n’avaient qu’à envoyer des messages de remerciements ou se montrer publiquement avec des membres de la secte, leur apportant ainsi un certain faire-valoir..


Il est indéniable que l’image de ces élus et leur proximité avec la secte ont été abondamment utilisées par cette dernière auprès des fidèles et des personnes approchées pour se légitimer et donc faciliter ses activités frauduleuses. En effet, c’était le reproche principal principal du tueur : Shinzo Abe était certainement le membre le plus influent qui soutenait la secte.


Pour conclure, cet assassinat comporte dans ses causes des éléments résolument politiques qui méritent de faire l’objet d’un débat sérieux dans le pays et d’une étude pénale approfondie. Scandale supplémentaire qui secoue et fragilise encore plus l’exécutif tokyoïte, qui a subi de nombreuses démissions forcées ces derniers mois.


Lombard Tristan





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