Le 16 mars, le député de la Marne a déposé une motion de censure transpartisane au nom du groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (LIOT), après l’utilisation du 49.3 par la Première ministre Elisabeth Borne. Son visage ne vous disait jusqu’ici peut-être rien, et pourtant son rôle à l’Assemblée a pris une tournure inédite après 9 jours de contestation nationale historique.
Une semaine tumultueuse vient de se dérouler à l’Assemblée nationale. Craignant un manque de soutien des élus Républicains, la Première ministre a préféré enclencher l’article 49, alinéa 3, de la Constitution pour faire adopter le projet de réforme des retraites sans vote de l’hémicycle. Un tollé pour l’exécutif. Des manifestations sauvages s’organisent rapidement via les réseaux sociaux dans toute la France, tandis que les députés préparent le dépôt de motions de censure. Charles de Courson, député centriste du groupe LIOT, prend l’initiative de déposer une motion transpartisane, sachant que ni le Rassemblement national (RN), ni la NUPES ne se risqueraient à voter la motion de l’autre…
Comme l’expliquait Apolline de Malherbe, journaliste politique chez BFMTV, pour Quotidien le jeudi 16 mars dernier, « Charles de Courson, c’est le doyen de l’Assemblée nationale. On le connaît peu, c’est un personnage assez discret […], et quelqu’un qui est éminemment respecté par la droite comme par la gauche. Il est réélu sans discontinuité depuis 30 ans. Il est fils et petit fils de résistant […], on sent que ça participe à son sentiment d’être là pour une mission de justice ». L’élu centriste est ainsi devenu le député « du consensus » entre une Assemblée divisée mais largement opposée au passage en force de la réforme.
Avec une motion rejetée à seulement 9 voix près, la figure de Charles de Courson est devenue éminente dans la lutte politique contre un projet de loi passé en procédure accélérée. Élu depuis 1993, il détient en effet le record de longévité parmi les députés siégeant dans l’hémicycle, et est un spécialiste des finances publiques. Il a fait tomber Jérôme Cahuzac, ancien ministre délégué chargé du budget, mis en examen pour « blanchiment d'argent provenant de fraude fiscal ». Il a aussi exprimé des prises de position très fermes concernant Bernard Tapie et l’affaire du Crédit Lyonnais, la déchéance de nationalité après les attentats de Paris en 2015, ou encore la loi anti-casseurs. Récemment épinglé par Elisabeth Borne pour son opposition au mariage pour tous en 2013, sa présence sur les bancs de l’Assemblée où est inscrit le nom de son grand-père, décédé en camp de concentration, aura quand même marqué les esprits.
Les prochaines semaines s’annoncent rudes pour l’exécutif, tandis que les grèves s’éternisent. Le Conseil constitutionnel a d’ailleurs été saisi par l’opposition suite à l’utilisation du 49.3 par la Première ministre, que Charles de Courson a accusé d’avoir « détourné l’esprit de la Constitution ». Si les sages retiennent ce motif parmi d’autres et décident de censurer le texte, l’élu expert en finances publiques aura une fois de plus fait entendre sa voix par-dessus toutes les autres.
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