Alors que la Chine affiche un nombre de cas contaminés par le Covid-19 bien inférieur à celui qu’a connu la majorité des pays européens, le pays met en place des restrictions drastiques.
La Chine a adopté il y a plus d’un mois la stratégie du zéro covid pour contrer la recrudescence des cas de Covid-19 dans le pays. Mais en quoi consiste-t-elle ?
Shanghai, une des villes reconfinées par le gouvernement chinois a fait parler d’elle sur les réseaux sociaux dernièrement pour ses restrictions drastiques. D’après des témoignages récoltés par France info, il y a trois niveaux de confinement différents dans la ville. Le premier est le plus strict, quand un cas de covid a été détecté dans un immeuble, tous les habitants de celui-ci sont confinés pour deux semaines en espérant qu’aucun autre cas n'émerge entre temps. Dans ce premier cas de confinement, les habitants n’ont même pas le droit de sortir dans les parties communes de l’immeuble, ils doivent rester à l’intérieur de leur logement. Ils n’ont pas le droit non plus de sortir pour acheter de la nourriture, puisque la seule sortie autorisée est celle pour aller faire des tests.
Le deuxième niveau de confinement concerne les immeubles qui n’ont pas eu de cas de covid durant deux semaines, pour eux, les sorties sont autorisées mais seulement dans l’enceinte de la résidence.
Lorsqu’un immeuble a atteint 3 semaines sans avoir un cas de covid, les habitants ont normalement le droit de sortir dehors. Malheureusement, comme l’explique un français installé en Chine, la plupart des comités de quartier déconseillent aux gens de sortir.
Les habitants ne pouvant pas sortir de chez eux, même pour faire les courses, tombent parfois dans la famine. Le soir, ils crient par la fenêtre pour réclamer de la nourriture en espérant être entendus. Bien que la censure soit importante, certaines vidéos où l’on assiste aux cris des Shanghaïens ont pu se retrouver sur Twitter.
A Shanghai, contrairement à la France, les personnes testées positives sont envoyées de force dans des centres de quarantaine où les conditions de vie sont très difficiles. Éclairés nuit et jour par des lumières artificielles, ces centres regroupent les malades et les entassent les uns sur les autres dans des boxes. Il n’y a pas de fenêtre donc aucune possibilité de voir le monde extérieur et le masque y est obligatoire 24h sur 24. Le pire, d’après un témoignage à France info d’un français expatrié, serait les conditions d’hygiène. En effet, il n’y aurait pas de douches à dispositions, que des robinets et du gel hydroalcoolique. Il explique : "C’est extrêmement dur, j’ai même pensé à m’échapper. Je me suis dit que je ne verrais pas une grande différence entre ça et la prison.". Pour pouvoir sortir du centre il faut avoir au moins 3 tests négatifs.
Entre le non-respect des droits humains et la censure des réseaux sociaux, la politique du gouvernement chinois est très critiquée à l’international. Tedros Adhanom Ghebreyesus, le patron de l’Organisation Mondiale de la Santé a affirmé mardi 10 mai que la stratégie chinoise n’était “pas soutenable”. En effet, Pékin déclare un très petit nombre de morts par rapport à sa population, la situation du pays ne requiert donc pas tant de restrictions. De plus, au niveau économique, la Chine est dans une situation très compliquée à cause de ces confinements drastiques. Le gouvernement chinois n’a pas l’air de s’inquiéter puisque, lors d’une réunion du comité permanent du bureau politique du Parti Communiste Chinois, le jeudi 5 mai, le secrétaire général Xi Jinping a confirmé sa stratégie zéro covid en durcissant même les restrictions dans certaines villes.
Saskia Juigner-Doubinsky