Début décembre, Emmanuel Macron est en visite dans les pays du Golfe pour la vente d’avions Rafales, mais aussi pour discuter du positionnement de la France sur le plan politique, diplomatique et stratégique autour de plusieurs dossiers régionaux. Cette visite fait polémique car ces pays ne respectent pas les droits humains, notamment pour la préparation de la coupe du monde 2022.
Le 2 décembre 2010, le Qatar désigné comme pays hôte par la FIFA.
Dès le début, l’attribution de la coupe du monde 2022 au Qatar a fait du bruit. Des questions de corruption et de pots-de-vin au sein de la FIFA ont vite vu le jour. Cette affaire n’est qu’une petite partie de la corruption qui ronge la FIFA depuis maintenant plus de 20 ans.
On peut notamment penser au coup de filet spectaculaire du 27 mai 2015 à l’occasion de l’élection du président de la FIFA par la justice américaine. Cette enquête a permis de révéler plus de 150 millions de dollars de commission et de pots-de-vin au sein de l’organisation depuis les années 1990.
Plusieurs pays, dont la France, ont enquêté sur les affaires douteuses autour du vote du pays hôte de cette coupe du monde. La justice Française s’est particulièrement intéressée à un déjeuner à l’Élysée qui a eu lieu le 23 Novembre 2010, 10 jours avant les fameux votes. L’affaire a été rendue publique seulement 3 ans après par « France Football » avec leur Une explicite, « Le QatarGate ». On y apprend un repas avec notamment Nicolas Sarkozy, le Prince héritier Qatari et le président de l’UEFA, Michel Platini.
Sepp Blatter, président de la FIFA de 1998 à 2015 et rival de Michel Platini, confirmera par la suite les faits avancés par le journal sportif. D’après lui, le Président de l’UEFA lui avait confié qu’il avait « changé d’avis car le président français Sarkozy le lui avait demandé et qu’on ne dit pas non à un Président ». Michel Platini a bien évidemment démenti en disant qu’il voulait voter pour le Qatar avant ce dîner.
Mais de nombreuses affaires similaires, visant à manipuler le choix des votants, ont vu le jour aussi dans plusieurs autres pays.
Des conséquences humanitaires et écologiques honteuses.
Selon « The Guardian », plus de 6500 ouvriers originaires d’Inde, du Pakistan, du Népal ou encore du Bangladesh sont morts au Qatar depuis que le pays a obtenu l’organisation de la Coupe du monde, il y a dix ans. Les données seraient même supérieures car les chiffres des ouvriers des Philippines ou du Kenya n’ont pas été recueillis.
Des ouvriers qu’on a trompé sur les réelles conditions de travail avec parfois des salaires jusqu’à deux fois inférieurs à ce qu’il était prévu. Un travail forcé, avec des employeurs qui confisquent les papiers de leurs employés, n’hésitant pas à les dénoncer à la police quand ils veulent quitter leur travail.
Environ 50 ouvriers seraient morts dans la construction directe de huit stades. Les travaux programmés par le Qatar depuis l’attribution du Mondial ne se limitent pas là : aéroports, routes, premier réseau de métro, ou encore des hôtels et même une nouvelle ville, Lusail, qui pourra accueillir plus de 250 000 habitants. Ces projets colossaux sont responsables de la mort de déshydratation, d’arrêts cardiaques… de ces ouvriers.
En plus de ces conséquences désastreuses, on peut établir des perspectives écologiques extrêmement nocives pour la planète. Un mondial profondément « anti-écologique » selon le professeur en sciences Gilles Paché, avec des stades construits sur des îles artificielles et complètement climatisées.
D’ailleurs le Qatar est déjà le pays qui rejettent le plus de CO2 par habitant ( 37 tonnes par habitant en 2017, contre 5 tonnes en France ). Les conditions climatiques extrêmes ont d’ailleurs obligé la FIFA à déplacer la Coupe du Monde en novembre – décembre, une première dans l’histoire du football.
Des contestations de la part du monde sportif.
Plusieurs équipes de football internationales ont affirmé vouloir que les droits des ouvriers au Qatar soient respectés. La Norvège sort du lot en termes de contestations, avec notamment des tee-shirt « human rights » au début des matchs de qualification de cette Coupe du monde et en faisant un appel au boycott. Cet appel a été repris par la sélection Allemande et Néerlandaise qui réclament que les ouvriers travaillent dans des conditions respectables.
Des prises de positions qui se multiplient de plus en plus dans le sport, notamment avec des luttes contre le racisme. Par exemple, le mouvement « Black Lives Matter » ou encore Antoine Griezmann qui rompt son contrat avec Huawei pour son rôle supposé dans l’asservissement des Ouïgours.
Encore plus récemment, le vendredi 3 décembre, dans le sport automobile, Lewis Hamilton a porté un casque aux couleurs du mouvement LGBT, en dénonçant : « les lois effroyables contre les homosexuels » pendant le Grand Prix d’Arabie Saoudite.
Le milieu du sport s’affirme de plus en plus en termes de revendications, notamment pour le respect des droits humains pour la Coupe du monde 2022. Cependant, les différentes contestations autour de l’organisation de celle-ci au Qatar n’ont pas encore eu de réel impact. L’influence de la politique et de l’argent dans le monde du sport est encore trop forte pour que de réelles mesures soient prises pour le réformer.
Tristan Lombard
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