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Dahman Richter : "Nous devons réfléchir sur la place des animaux et leurs droits dans notre société"

Après des élections municipales mouvementées en pleine crise sanitaire, L’OEil d’Assas a voulu recueillir des témoignages d’étudiants nouvellement élus conseillers municipaux. Un dossier a été constitué et son contenu sera régulièrement publié : les entretiens eux-mêmes dans un premier temps, puis un article synthétique se donnant pour but de dresser des « profils types » d’étudiants élus dans un second.


N.B. : Le présent article retrace fidèlement l’entretien effectué le 29 janvier 2021. L’Œil d’Assas ne saurait être considéré comme soutien des propos suivants, qui n’engagent que la personne interrogée.


Dahman Richter a 22 ans et étudie en Master 1 d’Histoire contemporaine à la Faculté de Sciences humaines et sociales de Nancy, composante de l’Université de Lorraine. Il est désormais également Conseiller municipal délégué aux droits des animaux, au bien-être animal et à la biodiversité de la Ville de Nancy depuis les dernières élections municipales. Ancien de La France Insoumise, il s’est rallié à Europe Ecologie Les Verts afin de peser sur l’action publique locale après la campagne en solitaire des Insoumis. Avec l’écologie, la démocratie et le social comme moteurs et la protection des animaux comme mot d’ordre, Dahman entend prendre toute sa part du changement à opérer dans une ville n’ayant pas connu la gauche aux responsabilités depuis plus de soixante-dix ans.






Quelles ont été les raisons de ce nouvel engagement politique ?


Au début, je n’avais pas pour objectif d’être inscrit sur la liste qui allait finalement gagner les élections. J’étais chez La France Insoumise lorsqu’il s’est agi de discuter des stratégies pour les municipales. Il y avait principalement une liste « Nancy Écologie Citoyenne » (NEC) soutenue par Europe Écologie Les Verts et Génération.s, une liste d’alliance entre le Parti socialiste et le Parti communiste et la liste conduite par le maire sortant et réunissant le Mouvement radical, LR et LREM. Je soutenais avec d’autres militants l’idée d’un soutien de LFI à la liste NEC mais il n’en a pas été décidé ainsi et une nouvelle liste soutenue par LFI a vu le jour. J’ai donc quitté les Insoumis, ne voulant pas trahir mes convictions et ne souhaitant pas participer à cette mise en avant solitaire au mépris de toute logique. Des convictions ne servent à rien si elles ne peuvent aboutir à des actes, j’ai donc rejoint la liste NEC pour soutenir ce qui pourrait être appliqué au conseil municipal.

L’écologie est le sujet majeur, notre mandat se termine en 2026 et donc, avec les objectifs de diminution des gaz à effets de serre d’ici à 2030, on peut dire que nous sommes au cœur du lancement de la transition écologique.

L’autre enjeu important était que Nancy n’avait pas été dirigée par la gauche depuis 1947, soit plus de soixante-dix ans, elle a depuis lors toujours connu des majorités de droite et centre-droit. Il fallait tout donner pour que la gauche gagne et favorise le triptyque démocratie-écologie-social.


Vous sentez-vous une affiliation partisane, une tendance politique ?


Je suis désormais membre d’EELV, tout en ayant aussi des positions personnelles parfois divergentes, par exemple je suis favorable au nucléaire. Je me sens également éco- socialiste : ce n’est pas le socialisme du PS, il faut mêler le socialisme à l’écologie. C’est un courant relativement ancien. Par exemple le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon se revendique de l’éco-socialisme, tout comme certains membres de EELV ou même du PS. L’écologie et le partage des richesses sont deux enjeux inséparables.


Quels sont vos objectifs (à court, moyen, long termes) en tant que jeune conseiller municipal primo-élu ?


A court terme, il faut prendre ses marques, comprendre le fonctionnement de la démocratie locale. Désormais, dès qu’un sujet porte sur les animaux, on sait qu’il faut venir me parler ! Je fais tout pour faire vivre ma délégation au conseil municipal.

A moyen terme, il faut faire passer des choses : nous nous sommes occupés d’un transfert de singes de notre espace animalier vers un refuge comme nous nous y étions engagés pendant la campagne, par exemple. Il est nécessaire de rédiger une feuille de route pour les politiques à mener.

Enfin à long terme, ces politiques doivent porter leurs fruits.

A part cela je suis le plus jeune élu du conseil municipal nancéien, peut-être le plus jeune élu de l’histoire récente de la ville.


Que ressent-on lorsque l’on est élu ?


On se sent bien ! Nous nous attendions vraiment à gagner les élections. Mais je retiens surtout, plutôt que le jour même de la victoire, le jour de l’installation du nouveau conseil municipal dans le Grand salon de l’hôtel de ville. Il faut se rappeler que ce bâtiment est un palais et imaginer l’intérieur de la pièce comme un petit Versailles. La première séance du conseil était donc solennelle, on se sent directement investi de ses responsabilités. J’aurais aimé que mon grand-père immigré d’Algérie soit présent. Oui, j’ai versé quelques larmes !



Comment conjuguer vie politique et études/travail ?


Le premier semestre a été facile pour moi, ayant opéré une réorientation et déjà validé ce semestre l’année précédente. Comme dit, il convient de se donner le temps de prendre ses repères lorsque l’on vient d’être élu. Ensuite, j’ai peu de cours au second semestre, et le lundi c’est jour de conseil municipal ! Une bonne organisation permet de gérer à la fois les études et les rendez-vous à accorder en tant qu’élu.


Quel bilan tirez-vous de ces élections municipales si spéciales (difficultés à battre campagne, second tour très tardif, abstention record...) ? Ceci tant au niveau de votre commune qu’au niveau national.


Au niveau national, je pense qu’on aurait pu repousser le premier tour des élections. Cela aurait évité les débats ultérieurs sur son utilité voire sa possible annulation.

A Nancy à proprement parler, nous avons eu moins d’abstention au second tour qu’au premier, dans une logique inverse à la tendance générale. J’explique cela par le fort enjeu de ces municipales nancéiennes : faire basculer la ville et la métropole à gauche. Déjà au premier tour, Mathieu Klein, le candidat tête de liste PS, arrivait en première position face au maire sortant du Mouvement radical Laurent Hénart. Malgré une faible participation, nous avons bénéficié d’un fort soutien de la population, d’ailleurs la légitimité de notre victoire n’a pas été contestée par l’opposition à la suite des élections. En revanche la campagne a été bousculée. Nous sommes passés d’une ambiance bon enfant au contact des citoyens à un confinement nous empêchant de distribuer des tracts et de tenir des meetings. Malgré cela la crise sanitaire n’a pas fondamentalement changé le déroulement de la campagne, le maire sortant a été perçu comme se mettant en avant dans la gestion de cette crise mais sans action réellement tangible après ses paroles.


Et pour finir, un petit mot pour nos lecteurs ?


Oui, sur les animaux ! Les citoyens de notre pays doivent apprendre à les considérer comme des individus, chacun ayant sa personnalité propre, et à arrêter de les considérer en troupeau ou comme des objets, des biens meubles selon le droit en vigueur. Nous devons réfléchir sur la place des animaux dans notre société, sur leurs droits au sein de cette dernière. Leur place dans l’économie doit aussi être reconsidérée, alors qu’ils sont pour l’instant traités uniquement comme source de profits.


Propos recueillis par Pierre Pelini

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