Depuis la mort de Mahsa Amini en septembre 2022, le chaos règne en Iran. Entre manifestations et oppositions au gouvernement iranien, le peuple refuse de rester sous silence. Depuis le mois de novembre, de nouvelles attaques suspicieuses sont dénoncées : l’empoisonnement par gaz de milliers d’écolières.
Retour sur l’origine de ces agitations
Le 13 septembre dernier, Mahsa Amini, une Iranienne de 22 ans, est arrêtée par la police des mœurs en Iran. Elle est accusée de mal porter son voile. Trois jours plus tard, la jeune femme décède à l’hôpital. S’ensuit alors une mobilisation de grande ampleur, en Iran et à travers le monde entier. De manière symbolique, de nombreuses femmes déambulent devant les caméras en brûlant leurs foulards et en se coupant les cheveux. Ces protestations sont partagées sur les réseaux sociaux, et encouragent diverses manifestations à travers le monde entier. Depuis cet évènement, la population iranienne se révolte de manière générale contre le contrôle de la population par le régime iranien, et plus précisément contre l’obligation du port du voile et contre la police des mœurs, jugée comme trop oppressante envers les femmes. Depuis la prise de pouvoir de Ebrahim Raïssi en Iran, les violences policières se sont accrues dans le pays, notamment celles de cette même police des mœurs, chargée de s’assurer du respect du code vestimentaire iranien, qui inclut le port du voile en public pour les femmes.
Les empoisonnements d’écolières : l’émergence d’une nouvelle forme d’offensive
Fin novembre 2022, les premiers cas d’empoisonnements de jeunes écolières commencent à émerger dans la ville religieuse de Qom. Peu à peu, les intoxications se répandent et plusieurs parties du pays sont touchées. Ce dimanche 5 mars, ce sont près de 200 établissements scolaires qui ont été pris pour cible. Écoles primaires, collèges ou encore lycées, toujours de filles, peu sont ceux à être épargnés. Difficultés respiratoires, palpitations, nausées ou encore maux de tête, les symptômes sont identiques à chaque fois. S’ils témoignent bel et bien d’empoisonnements par voies respiratoires, les circonstances de ces actes restent abstraites et confuses.
La population gronde
Nombreux sont les citoyens à accuser le gouvernement iranien d’être à l’origine de ces intoxications par gaz. Plusieurs mois après les premiers cas, les autorités iraniennes viennent d’ouvrir une enquête, tout en minimisant les faits. Les parents d’élèves touchées par cette vague d’intoxication se sont réunis ce samedi 4 mars, devant le bâtiment de l’éducation à Téhéran, pour faire part de leur mécontentement. Si les autorités continuent de nier une quelconque responsabilité dans ces événements, les parents réclament une enquête transparente. Le gouvernement iranien évoque la piste d’un « extrémisme religieux ». Ebrahim Raïssi, président iranien, aurait chargé le ministre de l’Intérieur de « suivre l’affaire au plus vite » afin de « balayer les inquiétudes des familles. » Aucune arrestation n’ayant été relevée à ce jour, tout laisse à penser que les autorités iraniennes cherchent à dissimuler l’affaire.
Lien du tweet : https://twitter.com/arminarefi/status/1631957664346284033?s=20
Le retournement de l’accusation des autorités
Les autorités affirment que cette série d’empoisonnements serait orchestrée par de supposés « ennemis de l’Iran ». Il s’agit d’un argument infondé et injustifié sans aucune preuve à l’appui. Mahnaz Shirali, sociologue et politologue iranienne, évoque la culpabilité du régime iranien. Selon elle, il est impossible que ces attaques soient l’affaire ordinaire d’un criminel. Dans une interview pour 20 minutes, la spécialiste explique que “ des écoles sont visées à répétition”. Elle conclut en disant : “ nous pouvons comprendre que c’est un crime d’Etat qui ne porte pas son nom”. Il est d’ailleurs probable selon elle que l’enquête n’aboutisse à rien : “Lorsque des femmes ont été vitriolées pendant quinze ans, l’enquête n’a jamais rien donné ». Le gouvernement iranien tente également de placer les victimes en situation de responsables, cherchant ainsi à retourner les chefs d’accusation. Pour appuyer cet argument, l’état confère une prétendue volonté des jeunes filles à vouloir créer le désordre dans leurs établissements scolaires.
Pourtant, la population iranienne pointe du doigt le régime. Nombreuses sont les voix à évoquer une « vengeance » du gouvernement, en réplique aux événements qui agitent le pays depuis le décès de Mahsa Amini. Dans le viseur, la potentielle fermeture de toutes les écoles de filles du pays, présumées coupables de ces mouvements de protestation.
Lola Gautier
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