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En rachetant Twitter, quelle idée a réellement Elon Musk derrière la tête ?

Le 4 avril dernier, Elon Musk devient l’actionnaire majoritaire de Twitter. Il se saisit alors de près de 10% du capital du réseau social américain (2,9 milliards de dollars). Après cela, tout s’enchaîne très vite. L’entrepreneur le plus riche du monde parle de sa volonté de racheter complètement l’entreprise et formule ses premières offres.

©Thomas Dagnas - 81 millions d'abonnés, un homme déjà très influent sur la plateforme


Chez le géant de la tech de la Silicon Valley, c’est l’affolement. Une opposition se crée face à cette idée de rachat par le propriétaire de Tesla. Un communiqué est même publié le 15 avril, définissant la position de Twitter : « Nous voulons réduire la possibilité qu'une entité, une personne ou un groupe ne prenne le contrôle de l’entreprise en accumulant des titres sur le marché sans payer à tous les actionnaires une prime appropriée ou sans donner suffisamment de temps au conseil d'administration pour prendre des décisions éclairées. ».


Quelques jours passent et Elon Musk apporte de plus en plus de garanties pour convaincre la direction, notamment sur la question des « primes distribuées aux actionnaires » (le prix d'achat des actions représente désormais une prime de +38% par rapport à quelques semaines auparavant). Lundi 25 avril, coup de tonnerre, Elon Musk rachète officiellement le réseau social californien et devient dès lors le premier individu à acheter, seul, une entreprise à un montant aussi élevé (valeur totale : 44 milliards de dollars).


Le « Messie » de la liberté d’expression, vraiment ?


Au lendemain de l’annonce dans la presse du rachat du réseau par le milliardaire sud-africain, le principal concerné s’exprime lui-même via la plateforme. Dans une série de tweets, il se présente comme le dernier rempart face à la censure qui frappe l’application depuis quelques années et comme le dernier défenseur de la liberté d’expression. Il espère que « même ses pires détracteurs resteront sur Twitter car c’est le principe même de la liberté d’expression ».


Elon Musk déclare aussi suivre cette idéologie en se basant sur « ce que dit la loi de liberté d’expression » et « être contre la censure qui va justement au-delà de la loi ». Le patron de Space X va même plus loin en pointant du doigt les gens ayant critiqué sa position, les présentant comme des « personnes craignant le concept de liberté d’expression ».


En réalité, la politique de signalement et de blocage de contenus ordonnée par Twitter est de plus en plus stricte : suspension de compte, signalement du compte aux autorités compétentes... Mais elle fait suite à des études menées sur l’augmentation du nombre de contenus à caractère haineux (principalement racistes et homophobes). En France par exemple, SOS Racisme et SOS Homophobie ont révélé que lors du premier confinement en 2020, les « tweets haineux illicites » ont augmenté de plus de 43 % sur « l’oiseau bleu ».


S’il s’entête à ré-autoriser une totale liberté d’expression, et par conséquent à avoir plus de tolérance pour les contenus « borderline », Elon Musk risque d’entretenir l’image de celui qui aura freiné la lutte contre les contenus discriminants, qui, on le sait, permet « in fine » de lutter contre le harcèlement en ligne, l’un des fléaux de la société moderne.


Un positionnement politique paradoxal


Dans un tweet publié le 27 avril, Elon Musk explique vouloir faire en sorte que le public « retrouve » une confiance en Twitter. Selon lui, cela passe par une totale « neutralité politique » sur le réseau social, de manière à « bouleverser l'extrême droite et l'extrême gauche de manière égale ». Sur le papier, cette mesure semble être une bonne chose. Surtout lorsque l’on sait que la plateforme est malheureusement devenue ces dernières années un outil politique puissant, utilisé par des militants ayant tendance à utiliser de fausses informations, parfois complotistes, et brouillant le débat public. Le dernier exemple majeur qui montre l’influence de l’application dans la vie réelle reste sûrement la tentative d’invasion du Capitole en Janvier 2021. Des militants d’extrême droite, nombreux appartenant à la mouvance complotiste « Qanon », s’étaient servi de l’outil Twitter pour organiser cette insurrection meurtrière.


Elon Musk, derrière ses airs de médiateur, n’est finalement peut-être pas le parfait porte parole de cette neutralité. Pour preuve, quelques jours après cette annonce de la « création d’un endroit neutre politiquement », il enchaîne les tweets attaquant délibérément l’extrême gauche en les peignant comme les ennemis de la démocratie, du peuple et de la liberté d’expression. L’homme d’affaires va jusqu’à poster un « meme » censé représenter la gauche américaine comme un mouvement politique en pleine radicalisation et en train de devenir extrémiste.


Cette animosité n’est pas la même que celle qu’il porte envers l’extrême droite, tweetant seulement « ne pas être un fan » de ce courant politique. Autre élément, il semble difficile de considérer vouloir rétablir une pleine liberté d’expression en censurant des contenus trop politisés. Ceci alors même que l’on sait que les réseaux sociaux constituent l’une des formes de mobilisation politiques les plus en vogue en ce moment. Tant de paradoxes qui rendent difficilement légitime le discours du nouveau propriétaire de Twitter.


De nombreux enjeux gravitent donc autour de ce rachat. Même sur le plan de la concentration des médias, cette acquisition pose de nombreuses questions. De nombreux experts se demandent si Elon Musk ne veut pas construire un nouvel empire, où il pourra diffuser ses idées plus facilement et avoir ainsi encore plus d’influence.


Désormais, il faut attendre de voir comment se déroulera réellement la gouvernance de l’application une fois le businessman aux commandes.

Il faudra toutefois patienter quelques temps. En effet, une zone d’ombre plane sur la temporalité du rachat. Pour racheter le réseau social, Elon Musk doit « mettre en gage plus de 90 milliards de dollars d’actions Tesla ou Space X » annonce le média américain CNBC. Nul doute que l’homme d’affaires parviendra à libérer ces garanties, mais la future gestion de toutes ses entreprises a intérêt à être fructueuse s’il ne veut pas devenir l’homme le plus endetté du monde.


Thomas Dagnas


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