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Entre traque et discrimination : la russophobie s’empare de l’Occident


Crédits : Giulietto Chiesa

Depuis que Poutine a déclaré la guerre à l’Ukraine le 24 février 2022, une montée de haine envers les Russes s’est développée dans les pays d’Occident. Tout comme après les attentats terroristes à Paris en 2015, il semble facile de blâmer une partie de la population et faire des amalgames devient une pratique courante. Cette pratique n’est pas nouvelle ; déjà aux Etats-Unis, il était courant au début du siècle dernier de catégoriser les Italiens, Irlandais, Polonais, Chinois, Mexicains etc. en fonction de leur religion, de leur politique, de leur race. Quasiment chaque vague d’immigration est contestée, les préjugés vont bon train et la xénophobie qui s’accompagne avec. En bref, la peur de l’autre ne date pas d’hier.


Pour revenir dans le cas du conflit russo-ukrainien, être russe peut être désormais mal vu en France comme en Occident en général. Le simple fait d’avoir un nom russe peut appeler à des menaces ou différentes formes de discrimination. Il a par ailleurs été recensé des cas d’employés français pris à partie par des clients qui les accusaient de travailler pour des sociétés ayant refusé de quitter leur locaux en Russie. Les employés ont été traité d’ « assassins », de « nazis » ou encore de « collabos »1 par des clients qui accusaient l’enseigne de contribuer au financement de la guerre en Russie, propos tenus après avoir acheté des produits dans le magasin.


Athlètes, musiciens, comédiens, artistes, élèves, étudiants ou simples commerçants sont l’objet de propos ou de comportements discriminatoires. Le journal français 20 minutes relatait un témoignage d’une femme russe vivant à Nice : « A l’école, des élèves russophones sont discriminés par leur camarades mais aussi par leurs professeurs […] Je ne pensais pas devoir me préparer à recevoir de la haine du jour au lendemain en France, le pays de la démocratie ». Il parait en effet très facile de blâmer toute personne se rapprochant de près ou de loin à la guerre et aux actes menés par V. Poutine ; pourtant, que reproche-t-on à la diaspora russe ? Le président russe leur a -t-il demandé leur opinion avant d’envoyer des troupes en Ukraine ?


Valery Hache/AFP

Alors même qu’une grande partie de la diaspora russe accuse les massacres ordonnés par V. Poutine, la russophobie s’installe dans tous les secteurs : à l’école, au travail, dans la rue et même dans la restauration (une chaîne de restauration nommée « la Maison de la Poutine » recevait plusieurs appels anonyme de menace par des personnes ignorantes associant le plat canadiens au président russe).


A Paris, des sites sont même désormais placés sous surveillance, comme la cathédrale orthodoxe russe de la Sainte Trinité. A Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne), la mairie a décidé de diriger ses caméras vers le cimetière russe. A Berlin également, les personnes d’origines russes sont de plus en plus stigmatisées ; insultes, harcèlement ou appels au boycott de magasins se multiplient. Jusqu’où les menaces vont-elles aller et pendant combien de temps ?


Célia Dusser


1 Article publié par Ouest France, « Guerre en Ukraine. Des employés de Leroy Merlin pris a partie par des clients ».

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