Depuis février dernier, le président Poutine déploie son armée sur le territoire ukrainien. Les impacts économiques se font dès à présent ressentir et la situation n’est pas prête de s’arranger. Retour sur les conséquences économiques du conflit dans l'hexagone.
Les craintes des Français sur l’impact de la guerre sont avérées. Dès l’annonce de l’offensive russe, l’ouverture des marchés boursiers affichaient une envolée des prix des matières premières. Gaz, blé, métaux et pétrole, la hausse des prix se poursuit alors que depuis octobre 2021, les tarifs énergétiques pèsent encore lourdement sur le porte-monnaie des Français (particuliers comme entreprises).
Inflation record
En France, l'inflation accélère à 4,1% contre 3,3% en janvier. Globalement le baril de pétrole a dépassé 100 dollars ce qui impacte fortement le prix du carburant. C’est historique. Pour Michel-Edouard Leclerc, président du comité stratégique des magasins E.Leclerc “le gasoil va passer en moyenne de 1,93 euro à 2,07 cette semaine” qui “pourrait continuer deux à trois semaines”. Les effets sont déjà visibles auprès des stations d'essences. Les panneaux affichent des tarifs déroutants pour les consommateurs et routiers qui n’ont pas le choix de subir ces augmentations.
Parallèlement, le secteur agroalimentaire connaît également des hausses. La tonne de blé a atteint un niveau record à 344 euros. Cela se traduit par une hausse du coût des pâtes, de la baguette et d’autres produits alimentaires.
Le prix du gaz naturel a lui bondi de 40% en une journée. Très utilisé par les Français cette énergie n’a pas de conséquence immédiate, car les prix sont bloqués par le gouvernement de octobre 2021 jusqu’en juin 2022. Elle s’ajoute tout de même aux diverses hausses dont l’issue est incertaine.
Le soutien des ménages
Le gouvernement s’engage à élaborer un plan de “résilience économique et social” afin de répondre à la baisse du pouvoir d’achat des ménages, notamment en palliant aux problèmes de la hausse des prix de l’énergie et des matières premières. L'exécutif prévoit de dépenser environ 22 milliards d’euros pour soutenir le pouvoir d’achat selon une annonce du ministre de l’Economie Bruno Le Maire le 7 mars. Cette fois-ci le “quoi qu’il en coûte" de la période Covid n’est pas suffisant selon le ministre. Gel des prix du gaz et plafonnement des tarifs de l'électricité seront encore plus coûteux contre des milliards d’euros budgétés pour l’année 2022.
Réduire la dépendance envers des énergies fossiles russes, la solution?
Avant, les sanctions économiques visant la Russie ne concernaient pas le secteur énergétique (pour ne pas se confronter au risque de choc énergétique). Le secteur financier était principalement visé avec l'exclusion de banques russes du système de messagerie et de transaction Swift, le gel des avoirs de centaines de personnalités russes (et entités russes).
Mais, jeudi 10 mars, les dirigeants de l’Union européenne se sont réunis à Versailles à l’initiative de la présidence française. Le but est de réduire la dépendance des pays membres envers le gaz et le pétrole russe. Le président français explique “la stratégie que nous devons bâtir (...), c’est de savoir à quel rythme nous pouvons diminuer, réduire puis supprimer cette vulnérabilité, quels sont les voies et moyens pour trouver d’autres fournisseurs à court terme et comment nous organiser". Ursula von der Leyen, présidente de la commission européenne, déclare durant ce sommet être favorable à sortir de la dépendance russe concernant le gaz et le pétrole d’ici 2027. Dans ce contexte de tension diplomatique, l'Union Européen continue de verser des centaines de millions de dollars à la Russie qui lui fournit plus de 40% de son gaz naturel, plus d’un quart de ses importations de pétrole et près de la moitié de son charbon. Toutefois la France, qui importe plus de 99% de son gaz naturel (et 95% du pétrole), ne dépend pas complètement de la Russie. La Norvège est son principal fournisseur à hauteur de 35% des importations.
Chloé Denis
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