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Hausse des frais d’inscription dans l’enseignement supérieur : les étudiants disent « non »

Tout le monde se souvient de ce mois de novembre où le Premier Ministre Édouard Philippe a annoncé l’augmentation des frais d’inscription universitaires des étudiants étrangers, ceux qui résident hors de l’Union Européenne. Les étudiants, eux, ne l’ont pas oublié.


Ces étudiants extra-européens devront désormais débourser 2770€ au lieu de 170€ pour entrer en licence et 3770€ au lieu de 243€ pour entrer en master. Cette décision, qui s’inscrit dans le cadre du plan « Bienvenue en France », est souhaitée par le gouvernement dans le but d’améliorer les conditions d’accueil des étudiants à l’université et d’augmenter le nombre de bourses, entre autre. Une volonté de rendre la France plus attractive donc, quand le nombre de demandes d’inscriptions des étudiants étrangers tend à baisser ces dernières années. Mais, pour certains, la réalité semble toute autre puisqu’il s’agirait surtout d’un moyen pour l’État de se désengager financièrement vis à vis des universités.


Le résultat est que début février, suite à la clôture des demandes d’inscriptions en première année de licence, une baisse de 10% des demandes étrangères a été enregistrée. Beaucoup d’étudiants extra-européens, dont la moitié vient du continent africain, ne peuvent pas faire face à cette hausse. Hausse bien souvent considérée comme une sélection par la richesse. Beaucoup se voient ainsi contraints de renoncer à leurs projets.


Mobilisation contre la hausse


Face à cela, les universités protestent. Elles sont aujourd’hui dix-sept à s’être successivement prononcées contre cette hausse en annonçant qu’elles n’appliqueraient pas cette réforme, qui briserait l’égalité qui existait jusque-là entre tous les étudiants.


Dans un même temps, les étudiants se sont à leur tour soulevés contre cette mesure. Des manifestations parsemées de bannières où l’on peut lire « L’éducation est un droit », « Fac ouverte à toutes et tous » ou encore « Mêmes études, mêmes droits » se sont déroulées dans toutes les villes de France. A l’image de l’année 2017, marquée par l’entrée en vigueur de Parcoursup, nombreuses sont les universités dans lesquelles des blocages se sont mis en place comme à Paris, à Nanterre, à Rennes ou à Nantes. À Paris 3 (Sorbonne nouvelle) les cours ont tous été annulés trois semaines avant les vacances de Noël et les partiels reportés en janvier.

Manifestation à l'université de Nantes contre l'augmentation des frais d'inscription pour les étudiants étrangers — J. Urbach/ 20 Minutes

Cependant, les moyens de lutte classique s’épuisent. À l’université Paris 1 (Panthéon-Sorbonne), « étudiants comme professeurs voient d’un mauvais œil cette réforme car ils la considèrent comme la porte ouverte à une hausse générale des frais d’inscription à l’université », explique une enseignante en histoire. De nombreuses assemblées générales ont ainsi été organisées et des pétitions lancées pour que le président de l’université s’exprime contre cette hausse. Mais de moins en moins d’étudiants bloquent désormais l’université, et notamment le centre Tolbiac souvent vu comme un symbole de la mobilisation étudiante. Les blocages sont en effet désormais jugés inefficaces.


Une nouvelle forme de lutte


C’est ainsi qu’est né l’idée d’une révolte artistique à l’université Paris 8. « La hausse des frais de scolarité est très mal vue à Paris 8 pour plusieurs raisons. D'abord, sa composante discriminatoire est incompatible avec les principes défendus par l'université qui se veut l'héritière de Vincennes. Elle entraîne en outre une baisse de plus de 80% des demandes d'inscriptions en licence ce qui constitue une catastrophe pour un établissement dont 20% de la communauté étudiante représente la part d'effectif d'étudiants étrangers. » explique Arthur, étudiant en musicologie.


Des étudiants de l’UFR Arts, philosophie, esthétique ont alors fondé l’espace du « Carré rouge », qui « est la résultante de plusieurs dynamiques qui ont émergées au courant du mois de décembre avec l'idée qu'il fallait constituer une mobilisation » analyse Arthur. Le nom lui-même renvoie à la lutte étudiante en faisant référence au mouvement étudiant québécois né en réponse à l’augmentation des frais de scolarité à l’université. Il s’agit d’un espace artistique expérimental qui a pris place dans un hall de l’université et où tous les étudiants peuvent contribuer, chacun à leur façon, à la lutte contre la hausse des frais d’inscription. À travers les échanges, les projets ou encore des ateliers, le « Carré rouge » a contribué à former un mouvement étudiant.

L’espace du « Carré rouge » à l’Université Paris 8 — A. Faraldi

Un mois plus tard, la présidence de Paris 8 annonçait qu’elle se joignait aux universités contestataires en rappelant « son attachement aux valeurs d’accueil et de promotion sociale pour les étudiants de tous horizons ».


La lutte étudiante est donc toujours aussi forte, bien déterminée à se mobiliser pour l’égalité des conditions d’accès aux études supérieures. Elle ne cesse d’évoluer pour se faire entendre. Ainsi, la hausse des frais d’inscription pour les doctorants a déjà été abandonnée, tout comme pour les étudiants étrangers qui font déjà leurs études en France.


Mathilde Gaudant

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