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Haïti : entre volonté de rupture et impasse politique

République insulaire située dans les Grandes Antilles, Haïti a fait l’expérience d’une transition démocratique tardive, qui peine à résister aux excès de violence et à la dégradation économique du pays, notamment depuis le tristement fameux séisme de 2010.

Aujourd’hui, la situation politique est sous une vive tension et le pouvoir en place est contesté. La journée du 7 février dernier a accentué les dissensus.


Le basculement du 7 février


Le 7 février est une date à marquer au fer rouge en Haïti. Réel symbole national, elle rappelle le 7 février 1986, chute de la dictature des Duvalier, famille qui a gardé le pouvoir pendant 29 longues années. En 2022, le 7 février devait également marquer la passation du pouvoir présidentiel, attendu depuis des mois par la population. Mais que nenni. Ariel Henry, 1er ministre, assurant le pouvoir par intérim depuis l’assassinat du Président Jovenel Moïse l’été dernier en a décidé autrement.



Ariel Henry ©Ralph Tedy Erol


Celui sur qui les doutes de la responsabilité du meurtre de Jovenel Moïse se portent de plus en plus, fait acte de blocage institutionnel. Ayant été nommé 1er ministre par Jovenel Moïse seulement 2 jours avant son assassinat, il est accusé d’avoir participé de près ou de loin au complot qui coûta la vie au Président.


Par ailleurs, son non-respect de la passation du pouvoir, lui a fait perdre toute légitimité aux yeux des Haïtiens, mais il refuse de quitter le pouvoir. Depuis des semaines, il appelle pourtant à l’organisation d’élections, marquant son opposition à ses détracteurs, qui eux, sont pour la fin de sa mandature, afin de céder le pouvoir à un gouvernement de transition pendant 2 ans.

Quant à ses soutiens, ils estiment qu’il ne peut être forcé à démissionner que par le Parlement. Or, celui-ci ne siège plus du fait de la fin de la législature. Quid du débloquement de la situation.


Dans une tribune publiée cette semaine par le quotidien américain Miami Herald, Ariel Henry déclare son intention de rester au pouvoir jusqu’à la tenue des élections générales. Il estime que les élections démocratiques restent le seul moyen effectif de surmonter la crise politique traversée par le pays caribéen.


La volonté d’une transition de rupture


Au moment où la population soutient une transition de rupture, le bilan d’Ariel Henry est au plus bas : les indicateurs socio-économiques du pays sont au rouge, la corruption suit sa pente montante et les violences aussi. A ce titre, un récent rapport affirme que les gangs armés contrôlent 60% de la capitale Port-au-Prince.


La population haïtienne apparaît excédée par les crises politiques à répétition. En effet, depuis 40 ans, le pays s’est déjà retrouvé à 4 reprises sans Président. Une frange de la population appelle à reconsidérer l’appareil politique du pays dans son entièreté, pour enfin, échapper à ses dysfonctionnements.


Dans ce climat de pleine défiance de la société face au pouvoir en place, il est difficile d’imaginer le rassemblement des conditions nécessaires pour des élections légitimes.




Victoria Petrolesi

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