House of the Dragon, le tant attendu préquel de Game of Thrones, se frotte au jugement de l’audience depuis la fin de l’été. La comparaison avec la série à succès, repère culturel de toute une génération, semble inévitable.
Emily Carey et Milly Alcock, dans les rôles respectifs de Alicent Hightower et Rhaenyra Targaryen. © Ollie Upton / HBO.
Adaptation du roman Fire and blood de Georges R.R. Martin, auteur de la célèbre saga inachevée Game of Thrones, House of the Dragon se déroule près de 200 ans avant la naissance de Daenerys Targaryen, l’une des figures centrales de la série originelle. Le show retrace l’histoire de la Maison Targaryen, de son long apogée à son déclin progressif. Si les premiers épisodes illustrent une famille puissante et stratège, à la tête des sept couronnes du royaume de Westeros, les complots et dissensions ne tardent pas à noircir le panorama. De ces tensions internes qui fragilisent les Targaryen, naîtra “La Danse des Dragons”, guerre civile qui déclenchera l’extinction des dragons, ainsi que les prémices de la chute de cette légendaire Maison.
Entre sa gloire passée, son héritière adorée, Daenerys, et ses dragons aussi fidèles que redoutables, la dynastie des Targaryens a fasciné l’audience de Game of Thrones pendant huit saisons. Lui dédier un show entier apparaît comme un choix tactique, dont l’objectif est de reconquérir les fans, largement déçus par le dénouement de la série, mais également de séduire un nouveau public, plus jeune.
Un emballement tonitruant
Le 21 août, le premier épisode de House of the Dragon est enfin révélé au grand jour sur la chaîne HBO aux Etats-Unis. L’audience est au rendez-vous : près de 10 millions de vues en une soirée seulement, selon Warner Discovery. Il s’agit non seulement du meilleur lancement d’une série HBO, mais aussi d’un record depuis le final de Game of Thrones, en mai 2019. A peine une semaine plus tard, le nombre de vues approche les 25 millions à l’international, soit la moitié de l’ultime épisode de la série originelle. Au 26 août, une seconde saison est d’ores et déjà annoncée.
Un article du New York Post du 22 août met en lumière la palette hétéroclite de réactions face à cet épisode d’inauguration : en bref, on alterne entre enthousiasme et choc, entre rires et larmes. Depuis huit semaines maintenant, le phénomène se répète. Chaque lundi soir, une déferlante de commentaires enflammés, révoltés, bouleversés, et de memes à l'humour tranchant, voire sadique pour certains, frappe les réseaux sociaux de plein fouet, notamment Twitter, QG par excellence des fans de séries à succès. Au-delà des espérances des producteurs, l’accueil réservé à ce spin-off est plus qu’ardent.
Raviver la passion perdue
Quoi de mieux pour réveiller la nostalgie des fans que de conserver le thème musical phare de Game of Thrones ? Dès le début du pilote, la mélodie entêtante du générique annonce ainsi la couleur : House of the Dragon s’inscrira dans la continuité de la série originelle.
Et pour cause, la réalisation repose sur George R.R. Martin lui-même ainsi que sur Ryan J. Condal, comme c’était déjà le cas pour Game of Thrones. Le showrunner Miguel Sapochnik, notamment connu pour la confection de l’épisode “Battle of the Bastards” acclamé par la critique et par les fans, apporte lui aussi son grain de sel à cette première saison. Enfin, Ramin Djawadi, à l’origine des musiques du colosse originel, dont les marquantes “Light of the Seven” et “The Rains of Castemere”, est de retour au rang de compositeur.
Avec ce préquel, les spectateurs se voient à nouveau plongés dans une ambiance de fantasy médiévale, aussi sombre que mystérieuse. Aux intrigues politiques toujours plus épineuses, se mêlent ainsi des orgies et scènes de sexe, couronnés d’une généreuse dose de sang et de batailles épiques. Les références à la série originelle parcourent le scénario, à l’instar de la célèbre réplique “Dracarys”, qui impose aux dragons de cracher leurs flammes spectaculaires. Autre allusion parlante : le dénouement de l’épisode 5, qui est sans aucun doute un écho direct aux célèbres “Noces Pourpres” et à l’union du roi Joffrey et de la reine Margaery. A croire que dans cet univers, les mariages sont voués à se terminer en bain mortel.
Une distinction affirmée du colosse originel
« Nous essayons d’être le plus respectueux de la série originale. Il n’est pas nécessaire de réinventer la roue, car elle n’a pas été brisée. Mais House of the Dragon a son propre ton, qui va émerger et évoluer au fil des épisodes. » déclare Miguel Sapochnik dans The Hollywood Reporter. Si les ressemblances avec la série originelle sont volontaires, les réalisateurs désirent tout de même marquer une séparation claire entre les deux shows : il ne s’agit pas d’une reproduction, mais d’une extension de l’univers. Première différence flagrante, si Game of Thrones ne compte pas moins d’une quinzaine de personnages centraux, House of the Dragon préfère se concentrer sur un quatuor : Viserys Ier Targaryen, roi de Westeros, Rhaenyra Targaryen, héritière de la couronne, Daemon Targaryen, respectif frère et oncle des deux premiers, et Alicent Hightower, reine et épouse de Viserys.
Olivia Cooke et Emma D’Arcy, dans les rôles respectifs de Alicent Hightower et Rhaenyra Targaryen. © Ollie Upton / HBO.
L’autre élément qui diverge drastiquement entre les deux séries se trouve dans la temporalité. Avec huit saisons à son effectif, Game of Thrones se déroule sur près d’une décennie. De fait, le public a largement le temps de s’attacher aux personnages qui évoluent lentement, au rythme des épreuves terribles auxquelles ils sont confrontés. En complète rupture, la saison 1 de House of the Dragon s’étale à elle seule sur près de trente ans, un pari audacieux de la part des réalisateurs. D’épisode en épisode, les années s’écoulent par grappes, si bien qu’à la moitié du spin-off, Emily Carey et Milly Alcock, qui incarnent les rôles respectifs de Alicent Hightower et Rhaenyra Targaryen, cèdent le pas à leurs versions adultes, interprétée par Olivia Cooke et Emma D’Arcy. A en juger par l’avalanche de tweets subséquents au sixième épisode, ce changement de casting pour le moins brutal n’a pas manqué d’outrer l’audience, déjà attachée aux deux jeunes actrices.
En l’espace de deux épisodes seulement, les performances très convaincantes du nouveau duo ont rapidement su reconquérir les cœurs. Pour le moment, House of the Dragon s’impose comme le digne successeur de Game of Thrones, qui jongle habilement entre allusions et distinctions, pour le plus grand plaisir des fans. Parmi eux, un grand nombre redoute le dernier épisode de cette première saison qui, selon la tradition, se terminera par un spectaculaire coup de théâtre.
Margot Darcy
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