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Songs of Surrender de U2 : nouvel album pour l’indémodable quatuor irlandais

De retour avec un album de ré-enregistrement de chansons, la bande à Bono nous montre encore une fois son impressionnante adaptabilité au fil des décennies. Sans jamais (se) lasser.

U2 en concert à Glasgow (Écosse) en novembre 2015.

C’est un exercice auquel ils ne s’étaient jamais confrontés. U2 nous a concocté, pour ce début de décennie 2020, un album de re-recording songs. Ce phénomène a le vent en poupe depuis le début des années 2000 : le groupe allemand Scorpions s’était notamment pris au jeu avec un certain succès avec la sortie de l’album Comeblack en 2011, reprenant leurs plus grands succès. Cette-fois ci, c’est le groupe irlandais qui s’est prêté au jeu, avec de nouvelles orchestrations, interprétations, et même des paroles de chansons modifiées.


Pour la première fois peut-être, le groupe se plie à la tendance du moment, lui qui a toujours su imposer son style ou publier des albums expérimentaux dans le paysage musical de l’époque, tels que Zooropa ou Pop dans les années 1990. Des disques fraîchement accueillis à l’époque, mais qui occupent aujourd’hui une place à part dans le cœur des fans.


U2 nous propose aujourd’hui Songs of Surrender. Le titre reprend une sorte de synergie s’inspirant du titre des deux précédents albums, Songs of Innocence (2014) et Songs of Experience (2015), nous proposant plus de deux heures de chansons réinterprétées en acoustique, c’est-à-dire sans instrument électrique ou électronique.

La pochette est divisée en quatre, tout comme la tracklist du disque. Chaque membre a sa partie, constituée des chansons qu’il a voulu voir réinterprétées. En outre, les quatre membres du groupe sont plus que jamais mis à l’honneur pour cet album. Il faut dire que le quatuor fait preuve d’une remarquable longévité.


Retour sur l’histoire d’un groupe inamovible du paysage musical contemporain.


Fondé à Dublin en 1976, le groupe s’est constitué au sein de leur lycée, par le biais d’une annonce déposée par Larry Mullen Junior. L’annonce ne rencontrait pas le succès escompté au début mais le futur batteur va se mettre à côtoyer Adam Clayton, le futur bassiste. Le guitariste, David Evans, plus connu sous le pseudonyme de The Edge répondra favorablement à l’annonce quelque temps plus tard. A la différence des deux premiers, c’est le seul véritable musicien à l’époque. Il maîtrise déjà remarquablement la guitare, aux côtés de son frère. Enfin, Paul Hewson, qui adoptera le pseudonyme de Bono, fermera la marche, en se faisant passer pour un guitariste expérimenté. Il trouvera finalement sa place en devenant parolier puis chanteur du groupe, à la tessiture exceptionnelle. La rencontre de Paul McGuinness, leur futur manager, jouera un rôle prépondérant dans toute leur carrière. Il est considéré comme l’un des meilleurs managers de tous les temps, à l’instar de Brian Epstein pour les Beatles.


Le groupe sera d’abord très marqué par la religion. Larry, The Edge et Bono, dont la pratique protestante a toujours occupé une place importante, étaient membres d’un groupe de prière évangélique nommé Shalom. La pratique religieuse étant parfois considérée comme antagoniste avec celle du rock’n’roll, le groupe a bien failli en pâtir, mais leur tournée de 1981 les fera changer d’avis. S’enchaînera ensuite l’immense succès de leur album War, sorti en 1983, avec des morceaux mémorables traitant pour la première fois de problématiques sociétales : Sunday Bloody Sunday, à propos du « Dimanche sanglant » en 1972 lors du conflit entre l’Irlande et Royaume-Uni, ou encore New Year’s Day, traitant du mouvement “Solidarność” contre le pouvoir communiste en Pologne.


D’autres chansons vont par la suite porter le groupe comme un défenseur de causes politiques dans cette décennie 1980 : Pride (In the Name of Love) en 1985, en l’honneur de Martin Luther King, ou bien Bullet The Blue Sky en 1987, en référence à la dictature militaire au Salvador soutenu par des États-Unis aux ambitions toujours plus impérialistes.


En seulement dix ans, le groupe s’est constitué une aura. La construction des chansons est simple : Bono apporte les concepts et les textes des chansons, tandis que The Edge va concevoir la base sonore et la basse des chansons, accompagnée d’un son de guitare très particulier, sorte de signature du groupe. Adam et Larry vont ensuite apporter leurs pierres à l’édifice. Le groupe fonctionne en quelques sortes en deux binômes.


Après une décennie de succès, le début de la décennie 1990 va voir débuter l’ère des changements musicaux, mais aussi de premières tensions dans le groupe : Adam Clayton et Larry Mullen Jr. veulent être autant investis que The Edge et Bono dans l’écriture et la composition des musiques. L’ambiance, glaciale, va peser sur l’enregistrement en Allemagne de l’album Achtung Baby, jusqu’à se débloquer avec l’enregistrement de One, chanson emblématique du groupe irlandais, aux multiples explications : l’unité de l’Allemagne, l’unité du groupe, les relations tendues entre Bono et son père, la séparation de The Edge avec son ancienne compagne… Viendront ensuite les expérimentations, avec notamment deux albums OVNI : Zooropa et Pop.


Les années 2000 verront un retour aux sources pour U2, avec un son plus rock, pour rester dans la vague portée par les nouveaux groupes émergents de l’époque, comme Coldplay. Le single Beautiful Day issu de l’album All That You Can't Leave Behind publié en 2000, est considéré aujourd’hui comme un des classiques du rock. Les singles Vertigo (2004), City of Blinding Lights (2004) et Magnificent (2009) connaîtront aussi un grand succès, avec un clip filmé au Maroc pour ce dernier.


Enfin, les années 2010 furent marquées par deux LP : Songs of Innocence, proposé gratuitement aux 500 millions d’utilisateurs iTunes à l’époque, ainsi que Songs of Expérience. Pour ce dernier, avec une pochette où figurent le fils de Bono et la fille de The Edge, les thèmes politiques sont plus présents, avec notamment un clip qui s’en prend notamment au Président étasunien nouvellement élu Donald Trump.


Souhaitant toujours être à la pointe de la nouveauté, le groupe est aujourd’hui célèbre pour ses tournées aux scènes imposantes et surprenantes, par exemple la tournée Zoo TV. Composée de 157 concerts entre 1992 et 1993, la scène comportait des dizaines d’écrans géants qui montraient des effets visuels et des clips, ainsi qu'un système d'éclairage partiellement composé d’anciennes voitures Trabant de l’URSS. Les écrans retransmettaient parfois des images de Sarajevo pendant la Guerre de Bosnie et parfois même des canulars téléphoniques, avec même une tentative d’appel à Jean-Marie Le Pen pendant leur concert à Nantes en 1992. Toutes ces mises en scène participent à un objectif voulu par le groupe : casser leur image de quatuor trop « sérieux » et trop « polissé ».

U2 360° Tour Oakland - Steve Jurvetson

La tournée U2 360° Tour qui s’est déroulée de 2009 à 2011, contenait quant à elle la scène la plus large jamais construite pour une série de concerts. Elle permettait notamment à Bono de pouvoir se déplacer et d’être vu de face par l’intégralité des spectateurs durant le show. Malgré la crise économique, les tickets se sont arrachés comme des petits pains aux quatre coins du globe.


Un nouvel album intergénérationnel.


Songs of Surrender, sorti le 17 mars 2023, a comme premier objectif de faire découvrir le groupe à ceux qui ne l’avaient que rarement écouté. La formation, qui n’a jamais évolué depuis leur premier album, souhaite être reconnue par les jeunes générations, qui les considèrent comme un groupe de boomers.

Dès lors, les 2h46 de chansons ont des objectifs différents selon les cibles : une redécouverte des chansons pour les initiés, et une découverte de l’éventail des chansons aux succès planétaires pour les plus jeunes.

Tel est peut-être l’objectif d’un album de ré-enregistrement à l’ère du streaming. Écouter une nouvelle version pour ensuite aller écouter la version originale. Puis l’album original tout entier.


Songs of Surrender, sorti le 17 mars 2023, a comme premier objectif de faire découvrir le groupe à ceux qui ne l’avaient que rarement écouté. La formation, qui n’a jamais évolué depuis leur premier album, souhaite être reconnue par les jeunes générations, qui les considèrent comme un groupe de boomers.

Dès lors, les 2h46 de chansons ont des objectifs différents selon les cibles : une redécouverte des chansons pour les initiés, et une découverte de l’éventail des chansons aux succès planétaires pour les plus jeunes.

Tel est peut-être l’objectif d’un album de ré-enregistrement à l’ère du streaming. Écouter une nouvelle version pour ensuite aller écouter la version originale. Puis l’album original tout entier.

Contrairement à ce que l’on pouvait craindre, les réinterprétations de chansons moins en vogue dans les best of de groupe sont tout aussi réussies, telles qu’All I Want is You ou Stories For Boys.


Le côté plus intimiste des réarrangements « unplugged » garde l’âme des plus grands succès du groupe, tels que Vertigo ou Sunday Bloody Sunday.

A noter également la modification de certaines paroles. Par exemple, Pride (In the Name of Love) connaît une rectification : l’hommage à Martin Luther King est en effet légèrement erroné, se référant à « des coups de feu à Memphis au petit matin » alors qu’il s’agissait du début de soirée. Un côté perfectionniste que l’on n’avait jamais vraiment connu.


U2 a toujours un album en réserve selon Bono : Songs of Ascent, qui serait, selon ses dires, un « un album de guitare bruyant, sans compromis et déraisonnable ».

Face à l’émergence des groupes de K-pop, U2 souhaite faire découvrir ses succès au plus grand nombre pour rester dans le jeu. Une prochaine tournée, si possible avec la formation complète (Larry Mullen Jr. ayant des problèmes de dos nécessitant une importante opération chirurgicale), sera à n’en pas douter un succès et le groupe pourra ainsi toucher toutes les générations. Une question légitime après plus de 40 ans d’existence, car selon Christian Eudeline, auteur de U2 - L’intégrale ! : « Le groupe à l’importance historique n’enregistrera plus jamais de disque important comme ceux qu’il a connus dans le passé. Il ne vit que grâce aux jukebox ». Après Songs of Surrender, ils le démentiront, à n’en pas douter.


Josselin Lucké-Baron










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