Ye, anciennement Kanye West, a de nouveau fait parler de lui lors d’un défilé organisé à l’occasion de la Fashion Week. S’il n’en est pas à son premier carambolage, cette fois-ci un t-shirt portant l’inscription « White Lives Matter » a créé un bad buzz monumental.
La « neuvième saison » de la marque « Yeezy » du rappeur s’est ouverte à Paris avec un défilé surprise pour le moins controversé, lundi 3 octobre. Devant un groupe restreint d’invités triés sur le volet, dont certains grands noms de la mode tels Anna Wintour ou Demna de Balenciaga, Kanye West et certains mannequins ont arboré des t-shirts avec l’imprimé « White Lives Matter » (« Les vies des blancs comptent ») à l’arrière, et un portrait du pape Jean-Paul II à l’avant.
Le message a suscité de vives réactions, car il s’agit d’un slogan repris par la droite ultra-conservatrice américaine, notamment par les suprémacistes blancs. Cette phrase est considérée comme une réponse raciste aux revendications du mouvement « Black Lives Matter ».
Jaden Smith quitte le défilé avant la fin, tandis que l’éminente journaliste de Vogue Gabriella Karefa-Johnson dénonce le message sur les réseaux sociaux. C’est la descente aux enfers pour Kanye West qui s’en prend par la suite à celle-ci. D’autres noms de la mode comme le top-model Gigi Hadid fustigent rapidement le comportement jugé inapproprié du rappeur. Ye s’était pourtant plaint de son exclusion du centre gravitationnel de la fashion, en évoquant sa collaboration avortée avec l’enseigne de prêt-à-porter Gap, ou encore Louis Vuitton. En réaction, Kanye avait carrément accusé Bernard Arnault, patron de LVMH, « d’avoir tué son meilleur ami Virgil Abloh », le lendemain du défilé.
En 2016, des mannequins de « Yeezy saison 4 », immobilisés debout pendant des heures, s’étaient carrément évanouis devant les spectateurs.
Ye n’en est en réalité pas à son premier défilé scandaleux. Ses trois premières collections lancées en 2011, 2013 et 2015 ont essuyé des critiques virulentes, aussi bien de la part d’internautes que de grands noms de la mode. Sa crédibilité s’est alors vue grandement endommagée dans le milieu. Le paroxysme du fiasco : son défilé en 2016 présenté à l’occasion de la Fashion Week de New York, où des mannequins restés immobiles debout pendant des heures s’étaient carrément évanouis devant les spectateurs.
Le problème cette fois-ci, c’est la tournure politique que prend la polémique. Kanye West s’était déjà fait remarquer pour son soutien affiché à l’ancien Président républicain des Etats-Unis, Donald Trump, et sa proximité avec des personnalités politiques conservatrices. L’une d’elle était même présente au défilé du 3 octobre : Candace Owens, célèbre éditorialiste politique partisane de Donald Trump.
Véritable message politique du rappeur ou simple outil de médiatisation ? Difficile à déterminer quand on sait que Ye est un spécialiste des dérapages (contrôlés ou pas). On ne compte plus les fois où le rappeur de Chicago a été fustigé pour son comportement jugé problématique. En 2009, il interrompt la chanteuse Taylor Swift appelée pour recevoir un prix lors de la cérémonie des MTV Awards. En 2013, il s’en prend à des paparazzis qui le suivaient. Plus tard, il déclare lors d’une interview à la BBC « être dieu », et « être la rock star numéro 1 sur terre ». Il soutient Donald Trump lors des élections de 2016, puis tient des propos très controversés sur l’esclavage lors d’une interview. Enfin, hier, dans une interview donnée au média Drink Champs, il affirme que c’est une overdose de fentanyl (drogue) qui a tué George Floyd et non pas son asphyxie. Ce qui est certain, c’est que le nom de Ye est définitivement entaché dans le milieu de la mode. Et ce ne sera sûrement pas son dernier bad buzz.
Emma Tereygeol
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