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L’Arabie Saoudite massacre des centaines de migrants Éthiopiens selon l’ONG Human Rights Watch

Le prince héritier Saoudien Mohammed Ben Salmane (MBS) poursuit l’amélioration de l’image de son pays en couvrant d’or et en accueillant à bras ouverts les plus grandes stars mondiales du football pendant que ses gardes-frontières exécutent des enfants, des femmes et des hommes qui tentent de pénetrer en Arabie Saoudite via le Yemen selon l’ONG Human Rights Watch.


Eduardo Soteras Agence France-Presse Des Éthiopiens rapatriés d’Arabie saoudite arrivent à l’aéroport Bole d’Addis-Abeba, en Éthiopie, le 30 mars 2022.

Des exécutions, des viols, l’utilisation d’armes explosives contre des enfants, voilà ce qui se déroule depuis plusieurs années à la frontière entre l’Arabie Saoudite et le Yémen selon le dernier rapport de l’ONG Human Rights Watch. Des gardes-frontières saoudiens seraient donc responsables de la mort de plusieurs centaines de migrants éthiopiens qui tentaient de rentrer en Arabie Saoudite seulement pour la période mars 2022 - juin 2023. Le rapport de 73 pages révèle que les gardes-frontières ont utilisé des armes explosives pour tuer de nombreux migrants et, dans certains cas, leur demandant sur quel membre ils préféraient recevoir des balles avant de les abattre à bout portant.


L’ONG accuse les forces saoudiennes “d’attaques généralisées et systématiques”. Pour aboutir à ces conclusions, les équipes de Human Rights Watch (HRW) se sont basées sur des entretiens téléphoniques avec 42 personnes et l’analyse numérique de près de 350 images et vidéos. La plupart des migrants venant d’Ethiopie ont traversé le Yémen - où la guerre fait rage depuis huit ans - avant de se faire pourchasser par les gardes-frontières saoudiens dans une des régions les plus reculées au monde.


"J'ai vu des gens tués d'une manière que je n'aurais jamais imaginée"


Les récits recueillis par Human Rights Watch pointent vers des tueries de masse à l’encontre de migrants qui, après avoir survécu à la périlleuse route yéménite, s’apprêtent à rejoindre l’Arabie Saoudite, où vivent et travaillent déjà quelques 750 000 de leurs compatriotes. La méthode diffère selon la taille du groupe. Les plus grands, composés parfois de plusieurs centaines de personnes, dont beaucoup de femmes et d’enfants, subissent des attaques à l’arme explosive - «comme des bombes», des mortiers ou des lance-roquettes – tirées depuis l’arrière des véhicules des gardes-frontières, parfois pendant plusieurs heures.


"Nous avons essuyé des tirs répétés. J'ai vu des gens être tués d'une manière que je n'avais jamais imaginée. J'ai vu 30 personnes être exécutées d'un coup", témoigne ainsi auprès de Human Rights Watch, Hamdiya, 14 ans. "Je me suis cachée sous un rocher et j'ai dormi là. Je sentais que des gens dormaient autour de moi. Ce n'est qu'après que je me suis rendue compte que c'était des cadavres. Je me suis réveillée et j'étais seule."

Comme l'adolescente, de nombreux témoins assurent avoir été victimes de tirs de mortiers ou d'autres explosifs lancés par des gardes-frontières saoudiens lors de leur tentative de rejoindre l'Arabie saoudite, s'appuyant sur la description précise de l'uniforme de leur assaillant pour prouver leur identité.


"Un témoin a expliqué que dans son groupe de 170 personnes, 90 personnes avaient été tuées. Un chiffre qu'il a pu avancer parce que les survivants sont retournés ramasser les cadavres", poursuit le rapport. "Sur 150 personnes, seules sept s'en sont sorties. Il y avait des restes de corps humains partout, éparpillés", relate un autre. Toujours selon le document, une autre personne s'est rendue à la frontière saoudienne pour récupérer le corps d'une fille de son village. "Son corps était empilé sur une vingtaine d'autres", explique-t-elle. "C'est impossible de compter les cadavres. Cela dépasse l'imagination." Des témoignages corroborés par la découverte de plusieurs sites funéraires sur les images satellites consultées par l'ONG, note Nadia Hardman, chercheuse sur les migrations à la tête de cette enquête.


Un Ethiopien de 17 ans explique avoir été forcé par les Saoudiens à se déshabiller puis à violer deux adolescentes, âgées de deux ans de moins que lui, avec lesquelles il voyageait. «J’ai participé au viol, oui. Pour survivre, je l’ai fait.» Un autre homme qui a refusé de se plier aux ordres a été exécuté sur-le-champ.


Si le nombre exact de migrants tués lors de la traversée de la frontière est impossible à déterminer, l'ONG fait état de plusieurs centaines, voire de milliers de morts ces derniers mois. Parmi les survivants, nombreux sont ceux à avoir été gravement blessés et à se retrouver bloqués dans des camps de fortune au Yémen sans accès à des soins médicaux ou à des ressources pour partir.


De timides réactions à l’internationale pour le moment


Lundi, la publication du rapport a suscité des réactions prudentes et relativement peu nombreuses. Par la voix d’un porte-parole du département d’Etat, les États-Unis, partenaires de longue date de la monarchie du Golfe, ont appelé «les autorités saoudiennes à conduire une enquête approfondie et transparente et à respecter leurs obligations en vertu du droit international ». Ce rapport est « très inquiétant » et porte des accusations « très graves» déclare, de son côté, un porte-parole de l’ONU, relevant toutefois qu’il est difficile de « confirmer » ces allégations.


« Le gouvernement éthiopien enquêtera rapidement sur l’incident en collaboration avec les autorités saoudiennes», a annoncé le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué publié sur le réseau social X (ex-Twitter). « À ce stade critique, il est fortement recommandé de faire preuve de la plus grande retenue et de ne pas faire de déclarations inutiles jusqu’à ce que l’enquête soit terminée », ajoute le ministère, assurant que « les deux pays, malgré cette malheureuse tragédie, entretiennent d’excellentes relations de longue date ».


Plus de 36 heures après la publication de l’enquête de Human Rights Watch, la France, restée silencieuse lundi, a quant à elle sobrement indiqué mardi après-midi avoir pris « note » du rapport, « qu’elle examine avec attention ». Ni le président Emmanuel Macron ni la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, n’ont toutefois publiquement réagi.


A Bruxelles, où la réaction s’est également fait attendre, un porte-parole du chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell a salué mardi « l’annonce par le gouvernement éthiopien d’une enquête conjointement avec les autorités d’Arabie saoudite » après ces accusations qui suscitent l’« inquiétude ». « Nous soulèverons cette question avec les autorités d’Arabie saoudite et aussi avec les autorités houthies de facto au Yémen », a ajouté le porte-parole, Peter Stano, lors d’un point presse à Bruxelles.


Reste à savoir si les différentes enquêtes annoncées seront menées avec sérieux et indépendance vis-à-vis du pouvoir saoudien, dans une zone inaccessible aux journalistes et aux travailleurs humanitaires étrangers. Même si ces faits sont prouvés, auront-ils une incidence réelle sur les relations du prince Mohammed Ben Salmane et les chefs politiques étrangers ? Difficile à croire quand on se rappelle que l’assassinat monstrueux du journaliste opposant Jamal Khashoggi dans leur consulat d’Istanbul n’avait entaché que pendant un temps les relations diplomatiques saoudiennes.


Tristan Lombard











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