top of page
Photo du rédacteurloeildassasparis2

L’avenir des relations étrangères de l’Argentine après l’élection de Javier Milei

Félicité chaleureusement après son élection par Donald Trump et Jair Bolsonaro, Javier Milei, nouvellement élu à la tête de l'État par les Argentins s’inscrit dans cette lignée de présidents « outsiders » voulant rompre avec les administrations passées, y compris en matière internationale.


© AFP Luis Robayo


Le second tour des élections présidentielles, qui a eu lieu ce dimanche 19 novembre en Argentine, a donné une écrasante majorité au candidat ultralibéral et populiste Javier Milei qui l’emporte avec 11 points d’avance sur son opposant Sergio Massa, jugé trop conformiste par les Argentins.


Cette élection survient dans un contexte de crise économique forte avec une hyperinflation, une pauvreté préoccupante (quatre Argentins sur dix sont sous le seuil de pauvreté), et un endettement colossal (l’Argentine tente difficilement de rembourser les 44 milliards de dollars prêtés par le Fond Monétaire International en 2018). Dans ce contexte, Javier Milei prône un ultralibéralisme économique et promet, pour répondre à la colère des Argentins et au ras-le-bol général des électeurs, de rompre avec les politiques des deux partis qui se succèdent au pouvoir depuis vingt ans.


La presse internationale parle d’un « saut dans l’inconnu » pour l’Argentine. L’arrivée de cet homme politique « antisystème » et d’extrême droite à la tête du pays pourrait être un véritable séisme pour la politique étrangère.


L’ultralibéralisme de Milei – qui a d’ores et déjà affirmé que l’Etat représentait pour lui une « nuisance » et qu’il laisserait ainsi le commerce international aux mains du secteur privé - aura des conséquences sur sa politique étrangère et les relations de l’Argentine à l’internationale.


En polémiste ultralibéral Milei a déjà ouvertement critiqué la Chine, pourtant premier partenaire commercial de l’Argentine, et annoncé « baisser le prix » de leur relation bilatérale ne voulant pas « faire de pacte avec les communistes ». On peut ici aisément faire un parallèle avec l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro : il s’était lui aussi montré hostile à la superpuissance asiatique, mais, à son arrivée au pouvoir en 2019, il semble avoir été rattrapé par la realpolitik et a très vite changé de discours, rendant même une visite officielle à Xi Jinping.


A l'inverse, l'Europe et les États-Unis semblent être les alliés politiques et économiques privilégiés du nouveau président argentin. Il faut néanmoins noter que Milei est un climatosceptique assumé, pour qui le changement climatique est un « cycle » ou encore un « mensonge socialiste ». Son négationnisme en matière climatique pourrait être un frein à des relations privilégiées avec l’Europe et les Etats Unis.


Le changement de cap radical voulu par Javier Milei en termes de politique étrangère pourrait affecter principalement les relations entretenues par l’Argentine et les autres pays d’Amérique latine. Durant la campagne, Milei s’en est directement pris au Brésil, pourtant partenaire commercial et allié politique vital pour l’Argentine, et à l’actuel président brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva, qu’il a taxé de « communiste corrompu ». La victoire de Sergio Massa aurait sûrement été un soulagement pour Lula qui, lorsque les résultats de l’élection ont été connus, n’a pas explicitement félicité Javier Milei, mais a souhaité, via le réseau social X (anciennement Twitter), « bonne chance et succès » au nouveau gouvernement argentin.


De nombreux analystes politiques, comme Jorge Castro, avaient pendant la campagne estimé que le triomphe de Milei marquerait la fin du Mercosur, principale alliance commerciale d’Amérique latine créée en 1985, instituant un marché commun entre le Brésil, l’Argentine, le Paraguay, l’Uruguay et plus récemment le Venezuela.


La présidence de Javier Milei durant les quatre ans à venir marquera sûrement une étape dans la restructuration des relations entre l’Argentine et ses voisins, reste à savoir comment les idées énoncées en campagne pourront dans la pratique se concrétiser.




Blanche Guillotin-Caillaud

42 vues0 commentaire

Commentaires


Post: Blog2_Post
bottom of page