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La Chine, nouveau partenaire stratégique ou rival incontournable ?

Le président chinois Xi Jinping effectuait fin mars une visite d’État en Europe, passant par l’Italie et la France. L’occasion de renforcer les liens économiques et diplomatiques entre les différents pays européens et l’Empire du milieu.


Nouvelles « routes de la soie », accords commerciaux et relations diplomatiques : les enjeux liés à l’essor international de la Chine sont plus que jamais au cœur de l’actualité européenne. Le président chinois Xi Jinping a effectué, en ce début de mois d’avril, une visite sur le vieux continent. Parmi ses objectifs principaux, l’adhésion européenne aux programmes d’investissement massifs de l’Empire du milieu dans de nouvelles infrastructures commerciales. Après un passage en Italie, sa visite s’est achevée par une rencontre conjointe avec Emmanuel Macron et Angela Merkel au palais de l’Élysée, et à la signature d’un important contrat concernant la vente d’avions Airbus.


Devenue première puissance économique mondiale, la Chine est désormais un acteur incontournable de la scène internationale. Souvent décriée pour sa politique interne, ou mise en avant dans le cadre de la « guerre commerciale » qui l’oppose aux États-Unis, c’est aussi vers l’Europe que se tourne progressivement le regard de la République populaire. Quel rapport de force entre le Dragon et une Europe en proie à de fortes tensions internes ?


Nouvelles « routes de la soie »


L’un des projets majeurs de la République populaire consiste à rétablir des voies commerciales terrestres entre l’Asie et l’Europe. Nommé en référence à la mythique route de la soie, reliant la ville de Chang’an (actuelle Xi’an) à Antioche (Turquie actuelle), le projet prévoit un investissement massif de la part de la Chine dans des infrastructures routières et ferroviaires. À la clef : la possibilité de faire transiter des marchandises sans recourir au transport maritime, plus lent et coûteux.


Difficile de s’y opposer pour de nombreux pays européens, qui importent massivement de Chine. C’est également un enjeu majeur pour l’économie chinoise, l’Europe étant son plus important partenaire commercial. Ces dernières années, la République populaire de Chine a ainsi multiplié les prises de positions économiques en Europe, rachetant une partie du port du Pirée d’Athènes, ainsi qu’une partie de l’équivalent portugais d’EDF. Lors de son passage en Italie, Xi Jinping a convaincu le gouvernement de Giuseppe Conte de soutenir le projet. Il aurait également le soutien de plusieurs « petits » États d’Europe de l’Est et d’Asie mineure, y voyant une aubaine économique.


« Guerre » économique ?


Certains reprochent cependant à la Chine des pratiques commerciales désavantageuses, profitant de sa force de frappe financière pour étendre son influence au détriment de ses partenaires commerciaux. C’est par exemple le cas des États-Unis, avec lesquels l’Empire du milieu est engagé dans une « guerre économique » depuis plusieurs années, d’une importance grandissante depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. En 2018, l’administration américaine a ainsi décidé d’augmenter drastiquement les taxes sur les produits chinois, ce à quoi cette-dernière a répondu de façon similaire.


Les entreprises chinoises sont également au cœur de plusieurs scandales liés à des pratiques d’espionnage industriel, particulièrement Huawei. Fleuron local de l’industrie des smartphones, le géant du numérique s’est progressivement exporté à travers le monde entier. Récemment, la firme chinoise a fait parler d’elle pour avoir volé des secrets industriels de concurrents américains, et a été citée pour participer à la mise en place de l’implantation de la 5G en France.


Pour certains, la Chine profiterait ainsi de ses positions économiques pour asseoir son influence à l’international, et se placer à l’abri des critiques qui lui sont usuellement adressés. C’est toutefois une relation sino-française « gagnant-gagnant » qu’ont loué Xi Jinping et son homologue français lors de sa visite à Paris. À l’issue de cette dernière, une commande de 300 avions Airbus a été annoncée, pour un montant, avant négociation, de plus de 30 milliards d’euros. De nombreuses questions entourent cette commande, ainsi que des interrogations quand à l’effet d’annonce d’une telle quantité qui ne pourrait en vérité être que l’addition de précédents accords non-officialisés.


De nombreux enjeux diplomatiques


Régulièrement critiquée pour sa politique en matière de droits de l’Homme, la Chine fait fréquemment parler d’elle sur le plan international concernant le traitement réservé à ses citoyens. C’est notamment le cas de la minorité musulmane Ouïghour, dont on a récemment appris que certains se voyaient interner de force dans des camps de “rééducation”. C’est également le cas de l’instauration d’une « note citoyenne » par le gouvernement ainsi qu’une surveillance massive de la population. La dégradation de cette note est associée à des sanctions, dont par exemple l’interdiction de voyager à l’étranger. C’est plus de 20 millions de chinois qui ne peuvent ainsi pas quitter le pays.


Autre enjeu diplomatique, la situation de Taïwan. L’île est revendiquée par la République populaire de Chine, qui la considère comme l’une de ses provinces. Taipei revendique pourtant un régime souverain autonome, sous le nom de République de Chine. Au cours des dernières décennies, la République populaire de Chine a régulièrement fait pression sur ses partenaires internationaux, isolant progressivement le gouvernement taïwanais. Aujourd’hui, seuls quelques États d’Amérique latine, d’Afrique et d’Océanie reconnaissent ainsi la souveraineté propre de l’île.


Enfin, un conflit existe concernant les eaux territoriales chinoises en mer de Chine. Depuis quelques années, la République populaire entreprend de s’étendre dans cette dernière, en occupant des îlots ou en les construisant artificiellement. Avec pour objectif d’étendre leur Zone Économique Exclusive au regard du droit maritime international. Cette situation est majoritairement dénoncée par les États-Unis et certains voisins de la Chine.


Quel avenir pour les relations sino-européennes ?


La relation entre les États occidentaux et la Chine se construit donc de façon complexe, oscillant entre entente et rivalité. Tant critiquée que louée, la République populaire de Chine du président Xi Jinping demeure l’un des acteurs majeurs d’une économie globalisée. L’Europe dépend notamment de la Chine pour son approvisionnement en terres rares, éléments essentiels dans la fabrication de nombreuses nouvelles technologies.


Bien qu’une certaine interdépendance économique garantisse une forme d’égalité dans le rapport de force sur le terrain diplomatique, la rapide croissance de l’économie chinoise, même si actuellement ralentie, laisse craindre à certains observateurs un déséquilibre à venir. Déséquilibre qui pourrait s’accentuer au regard des dissensions auxquelles sont actuellement en proie les pays occidentaux.


Louis Dubouis

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