Théâtre de la Colline à Paris
Conséquence de la pandémie du Covid-19, les lieux culturels sont fermés depuis le 30 octobre 2020. Comme abandonnés, les artistes et intermittents du spectacle se mobilisent pour revendiquer leur droit d’activité et demander la réouverture des théâtres et salles de spectacle.
En ce dimanche 14 mars, les mouvements d’occupations retentissent à l’échelle nationale. En France et en Outre-Mer, plus de 40 théâtres sont pris par les étudiants en arts dramatiques. L’appel à mobilisation invite les soutiens à se rendre chaque jour devant les lieux occupés pour manifester et ce jusqu’à l’obtention d’une réponse claire du gouvernement.
Mobilisation des étudiants
A 16 heures au théâtre de la Colline à Paris ou à 13 heures au Théâtre National de Strasbourg, les occupants offrent au public, qu’il soit fidèle ou de passage, un spectacle de rue. Des pièces comiques, des caricatures des prises de paroles politiques, ou des appels à soutien rythment les assemblées générales. Ce rendez-vous quotidien donne place à une scène ouverte : comédiens et artistes peuvent prendre la parole pour témoigner de leur colère et de leur sentiment d’abandon. Tout le monde est invité à s’exprimer librement, à jouer des scènes et à manifester pour lutter contre l’ignorance. A 17 heures, devant tous les théâtres occupés de France, les artistes se réunissent avec les militants pour hurler à tue-tête et « clamer le cri de la jeunesse à qui on ferme l'une après l'autre les portes de son avenir ». Par des communiqués de presse et la diffusion d’informations quotidiennes sur le compte Instagram @ouverturesesssentielles, les occupants partagent leurs actions, interpellent tous les artistes à rejoindre la lutte et sollicitent tout le monde à participer aux actes de mobilisation et aux rassemblements.
Assemblée générale du dimanche 14 mars devant le Théâtre de la Colline à Paris
Revendications nationales
Depuis le mercredi 10 mars, on constate que les jeunes artistes répondent présent et investissent les théâtres de leurs villes : à Rennes, à Lyon, à Bordeaux, à Angers, à Pau et jusqu’à la Réunion, les rassemblements s’étendent.
Encouragés par le premier acte d’occupation débuté le 4 mars au théâtre de l’Odéon à Paris, le mouvement vise à être représenté devant la ministre de la Culture le 22 mars prochain. Madame Roselyne Bachelot ayant jugé les manifestations « inutiles » et « dangereuses », les étudiants, pacifistes, tiennent à renforcer leurs efforts et faire passer leur message encore plus fort. Les écoles demandent notamment un plan d’accompagnement des étudiants sortant et en cours d’apprentissage pour leur permettre d’accéder à l’emploi. Les étudiants de disciplines artistiques et culturelles appellent à la mobilisation du public et à soutenir toute mobilisation culturelle. Les intermittents et professionnels du spectacle réclament aussi la prolongation de « l’année blanche » jusqu’en août 2022.
Rassemblement et Agora devant le Théâtre de l’Odéon à Paris Mercredi 10 mars 2021
Culture en danger
Depuis un an maintenant, la culture est sacrifiée et oubliée. Il y a un an maintenant, les autorités françaises ont privé et enfermé la population. Il va sans dire que les activités artistiques et culturelles ont pourtant été la seule escapade de bonheur durant le premier confinement , ont permis à tout le monde de s’évader et parfois retrouver le sourire. La culture, indéniablement, anime le quotidien à chaque instant : musiques, films, scènes, séries. Les professionnels du monde de la culture sont révoltés, leur stratégie repose alors sur la volonté de réponses claires quant à la réouverture des lieux culturels et la possibilité d’exercer leur métier sur scène, et devant du public. On constate principalement le respect des mesures sanitaires lors de l’occupation des lieux clos et la préservation des scènes et coulisses investis. Les occupants et occupantes rappellent alors qu’ils « protègent les murs et les lieux qu’ils chérissent tant » et se battent pour retrouver leurs scènes.
Messages de la devanture du Théâtre de la Colline à Paris
Fiona Delisle
Credit texte et photos
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