La COP26 s’achève avec un bilan mitigé loin des espoirs des ONG (Paul ELLIS/ AFP)
Pendant quinze jours (du 31 octobre au 13 novembre) une délégation des 196 états, société civile et médias du monde se sont réunis à Glasgow pour la COP26. L’enjeu était de taille et centré autour du réchauffement climatique. Une lutte loin d’avoir répondu à toutes les attentes.
D’abord repoussé en raison du Covid-19 en 2020 cette « Conférence des Parties » a pour mission une entente mutuelle entre les différents parties en question. C’est la plus importante conférence sur le climat depuis les accords de Paris en 2015. Près de 30 000 personnes étaient donc présentes pour « cet événement extraordinaire en des temps extraordinaires » selon le président britannique de la COP 26, Alok Sharma.
Dernière chance pour sauver la planète?
Le dernier rapport du GIEC publié en août 2021, montre qu’il y a une hausse de la température mondiale due à l’influence humaine. Aussi, les scientifiques insistent pour montrer qu’il reste une dizaine d’années pour limiter le réchauffement à +1,5°C. Les enjeux de la COP 26 tournent donc autour de plusieurs objectifs chargés de régler les problèmes soulevés dans le rapport GIEC : s’entendre sur la réduction des émissions, augmenter les financements pour le climat, mais surtout à achever les règles d’application de l’accord de Paris. Jusqu’ici, cela n’a pas été concluant.
La question épineuse des énergies fossiles.
Un premier projet de texte appelle initialement les pays à « accélérer la sortie du charbon et des subventions aux énergies fossiles » et « une disparition progressive » des énergies fossiles. Ces dernières sont très largement utilisées par les pays présents notamment l’Arabie Saoudite avec le pétrole. Durant les accords de 2015, ce pays avait empêché un pacte visant à réduire l’utilisation de ces énergies mais à Glasgow la communauté internationale n’a pas flanché. Et pour cause, le pétrole est la clef de leur économie. Ils n’ont pas l’intention que cela change. Il en va de même pour les pays industrialisés et faisant partie des plus gros producteurs d’énergies fossiles comme la Russie avec le pétrole et le gaz. L’enjeu est économique mais aussi diplomatique (beaucoup d’États dont la France en dépendent).
Coup de théâtre à Glasgow
Avec la pression des états pollueurs comme la Chine et l’Inde, ce texte qui prévoit aux origines le total arrêt de l’utilisation du charbon, est modifié. A la place, ils sont invités à « intensifier les efforts vers la réduction du charbon et à la sortie des subventions inefficaces aux énergies fossiles ». Ces mots sont nuancés et changent les directives pour ne pas trop impacter ces pays émergents au niveau économique.
C’est le dernier jour de la conférence que l’Inde et la Chine prennent une dernière fois la parole sur la question du charbon. Le premier ministre indien, Narendra Modi, explique que son pays s’engage a sortir du charbon mais pour 2070 soit 10 ans après la Chine et 20 ans après les autres grands émetteurs de C02. D’ici la deadline, le pays va limiter ses émissions dans la mesure du possible. L’Inde (troisième plus gros émetteur de CO2 au monde) dépend de cette énergie bien que ses effets au sein même de son pays sont dévastateurs avec des brouillards gris toxiques. Cette pollution est liée en grande partie par l’incinération des déchets agricoles mais aussi par l’utilisation des combustibles fossiles comme le fameux charbon. C’est une énergie qui produit la majorité de l’électricité indienne. Il est donc quasi impossible pour le gouvernement Indien de se séparer d’une telle énergie pour le moment, ce que déplore le Alok Sharma.
À la grande surprise de l’assemblée, le gouvernement Brésilien a revu ses objectifs à la hausse. Il propose une réduction du C02 à hauteur de 50% d’ici à 2030 au lieu des 43 précédemment. De même pour le carbone avec une neutralité d’ici 2050.
Le pacte
Après plusieurs heures et jours de débat houleux, le verdict est tombé. Dans la continuité des accords de Paris, les États s’engagent à limiter l’augmentation de la température à 1,5°C. En réduisant les émissions de dioxyde de carbone de 45% en 2030. En ce qui concerne la demande des pays les plus pauvres d’une compensation financière de la part des plus gros pollueurs, elle n’a pas été retenue. D’abord 100 milliards de dollars par an puis 0 dollars, les « pays du sud » ne toucheront pour le moment aucune somme d’argent. Le texte final ouvre au contraire un dialogue autour de cette problématique. Face à ces dérèglements climatiques de nombreux pays notamment d’Afrique comme l’Éthiopie ou d’Asie du Sud avec le Bangladesh sont en proie à des effets néfastes du réchauffement alors qu’ils n’en sont pas responsables : sécheresses, tempêtes, canicules et inondations.
D’autres accords ont été conclus sur la déforestation. 180 pays dont la France se sont engagés à contrer la déforestation d’ici 2030 avec une enveloppe de 16,5 milliards d’euros. Afin de protéger et de restaurer des forêts. Ce sujet avait déjà été évoqué dans la déclaration de New York de 2014, sans succès. Cependant, les espoirs ici sont plus importants.
Un autre gaz responsable de la situation climatique actuelle, le méthane, a été pour la première fois évoqué lors de ce type de conférence. Et 107 pays dont les États-Unis se sont engagés à réduire leurs émissions de 30% d’ici 2030. Les plus gros émetteurs de ce type de gaz comme l’Iran et la Russie ne l’ont pas signé. Cet accord couvre uniquement 45% des émissions mondiales de méthane. La France tout comme l’Irlande et huit autres pays se sont aussi engagés à accélérer l’abandon progressif de la production de combustible fossile. Il est aussi question « d’accélérer la transition vers 100% de voitures et de camionnettes zéro émission de C02 d’ici à 2040 ». Des projets pleins d’ambitions qui ne rassurent pas pour autant.
Malheureusement il est certain pour l’ONU que d’ici la fin du siècle, la planète se dirige vers un réchauffement de +2,7°C malgré ces engagements. Plusieurs ONG environnementales comme Greenpeace déplorent que ces négociations n’ont pas donné lieu à de réel changement.
Chloé Denis
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