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La COP 28 à Dubaï : la conférence qui illustre le paradoxe de nos politiques environnementales

La conférence de 2023 sur les changements climatiques se déroule du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï, aux Émirats Arabes Unis. La présidence émiratie de la COP 28 déclare souhaiter mettre l’accent sur le premier Global Stocktake (Bilan Mondial), la transition énergétique, et la solidarité entre les pays du Nord et les pays du Sud.


Dans deux jours, la COP 28 commencera à Dubaï. La Conférence des Parties (COP) a été instituée lors de l'adoption de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) lors du sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992. Cette convention réunit presque tous les pays du monde. Leurs représentants, ainsi que des acteurs non-étatiques (collectivités territoriales, ONG, scientifiques), se rassemblent une fois par an depuis 1995. Chaque année, c’est le grand rendez-vous mondial de l’environnement. C’est notamment lors de ces COP que les États signataires peuvent entériner des accords sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ils évaluent également à ces occasions l’évolution de leurs engagements et de l’application de la convention-cadre. Par exemple, à l’occasion de la troisième COP, en 1997, le Protocole de Kyoto a été signé. En 2015, lors de la COP 21, c’est l’accord de Paris qui a été conclu, engageant 195 États à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

Page d’accueil du site officiel de la COP 28. © COP 28 UAE.


La première question que cette COP soulève, c’est le choix de son pays d’accueil. Dubaï se présente depuis quelques années comme un pays qui investit dans le développement durable. En effet, les Émirats ont prévu de dépenser 140 milliards d'euros dans les énergies renouvelables au cours des cinquante années à venir. Ils se sont également engagés à construire d'immenses parcs d'énergie solaire. Mais, dans le même temps, Dubaï conserve ses pistes de ski en plein désert, consomme toujours trois fois plus d’eau par habitant qu’en France (à cause des piscines qui se multiplient de façon exponentielle ou encore des terrains de golf et de polo qu'il faut arroser) et dépense 70% de son électricité dans la climatisation. De plus, de nouveaux gisements de gaz naturel découverts ces dernières années sont toujours exploités. Ainsi, le pays est le septième extracteur mondial d’or noir et le cinquième plus gros émetteur de CO2 de la planète. Abou Dhabi prévoit même d’augmenter sa production de baril de 25 % d’ici à 2027.

Sultan Ahmed al-Jaber, PDG de la compagnie pétrolière nationale des Emirats arabes unis

et futur président de la COP28, à Abu Dhabi, le 11 novembre 2019. © AFP.


Le paradoxe se poursuit avec le choix du Sultan al-Jaber, patron de l’industrie pétrolière d’Abu Dhabi, pour présider la COP 28. En mai 2023, une centaine d'élus du parlement européen et du Congrès appelaient au retrait de la nomination du patron de l'industrie pétrolière pour présider la prochaine COP 28. Pour ces critiques, sa présidence est un non-sens, voire une provocation. Selon eux, on ne peut pas confier la présidence d'un tel événement à un représentant du lobby pétrolier, l'un des secteurs responsables de l'augmentation des gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Pourtant certains pays, comme la France, affirment que seul le résultat compte, et ne tiennent pas compte de la personne qui l’a opéré. Or, cela ne risque-t-il pas d'orienter les débats en faveur du monde de l’industrie, alors que l’objectif est de trouver des accords en faveur du climat ?


En réponse à ces différentes décisions qui paraissent relever de l’ordre de l’absurde, un collectif de 180 responsables d’associations et d’entreprises appelle au boycott de la COP 28 : « En organisant un tel symposium en grande pompe dans un pays champion des émissions carbones, c’est tout le combat contre le dérèglement climatique qui s’en trouve décrédibilisé ».


Agathe Benit









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