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La culture du viol : un frein dans la justice

La dédramatisation du viol dans nos sociétés engendre des sanctions bien souvent trop clémentes par la justice française. En cause, l’imaginaire collectif qui se déploie autour de la culture du viol biaise les décisions juridiques. On assiste alors à un délaissement des preuves et des témoignages des victimes, au profit de l’impunité des agresseurs. 


Manifestation de groupes féministes le 18 novembre à Paris.

© THOMAS SAMSON / AFP. 


« Un viol de courte durée », « une victime qui a joué avec le feu », voici les arguments utilisés en 2021 par la Cour d’appel de Bâle en Suisse, qui justifie la réduction de peine d’un agresseur arrêté depuis 2020. Cette décision est soutenue par le Tribunal fédéral de Suisse, le 22 novembre 2023. Ce dernier déclare que la durée constitue bien un facteur de décision lors du jugement d’un viol. En réponse, de fortes contestations se sont élevées sur les réseaux sociaux et dans les rues suisses. En ligne de mire, dénoncer ce que les sociologues qualifient de « culture du viol », soit l’ensemble des attitudes et comportements d’une société qui minimisent, voire encouragent les violences sexuelles. 


Importée des États-Unis à la fin des années 1990, la « rape culture », culture du viol en français, découle d’un concept sociologique qui désigne l’ensemble des actions s’efforçant de normaliser le viol. Elle se traduit par différentes techniques : nier l’absence de consentement, minimiser la gravité de l’agression ou encore blâmer la victime. Toutes ces actions impactent directement les jugements avec des peines allégées, voire inexistantes. Lors d’un procès en 2018 en Irlande, opposant une jeune fille âgée de 17 ans contre son supposé violeur, l’avocate de l’accusé brandit le string en dentelle de la victime comme preuve de son consentement. Un exemple frappant de ce laxisme juridique et de cette normalisation du viol qui ne cessent de prendre de l’ampleur.


L’oubli du consentement


S’opposant à la définition du viol donnée par l’ONU comme « tout acte de pénétration vaginale, anale ou orale non consentie, commis sur une autre personne en utilisant une partie du corps ou un objet », la culture du viol déplace l’enjeu du consentement vers l’interrogation des conditions du crime, créant ainsi un mythe du « vrai viol » et de la « vraie victime ». Le viol serait violent, commis dans une ruelle sombre, par un inconnu. La victime se serait débattue de toutes ses forces, et n’aurait eu aucun comportement « imprudent ». Cet imaginaire nie le viol conjugal et culpabilise les victimes.


En raison d'une tenue vestimentaire, un état d’ébriété ou un « non » jugé trop peu explicite, le violeur peut être excusé par la justice. Les jugements centrés sur les stéréotypes au détriment des faits sont nombreux. En 2019, la cour d’appel d’Ancône, Italie, acquitte deux accusés jugeant que la victime était « trop laide et trop masculine » pour être violée. L’enquête a pourtant prouvé précédemment la culpabilité de ces deux hommes. Ce cas n’est pas isolé : en 2017, le tribunal de Turin acquitte un agresseur supposé. En cause, la victime n’a ni crié ni pleuré durant son agression. « Elle n’aurait que dit basta », soit stop en français. 


Le soutien aux agresseurs présumés : le cas Depardieu


C’est un véritable retour en arrière après le mouvement #MeToo. La parole des victimes n’est toujours pas écoutée et respectée. L’acteur Gérard Depardieu, mis en examen depuis 2020, fait l'objet de près de quinze accusations de viols et d’agressions sexuelles. Après la diffusion du Complément d’Enquête : Gérard Depardieu : La Chute de L’Ogre,  le 7 décembre 2023, l’acteur reçoit une vague de soutien aberrante de la part de personnalités publiques.


Le président de la République Française Emmanuel Macron, confie sur le plateau de France 5 que Depardieu « rend fière la France ». Le président revient alors sur ses propos le 16 janvier 2024, et maintient n’avoir « aucun regret » sur sa défense de la présomption d'innocence de l’accusé. Une prise de position renforcée par la diffusion d’une tribune pro-Depardieu, dans laquelle 55 célébrités ont attesté de leur soutien au présumé agresseur. Cette enquête révélait pourtant des images exclusives qui ne laissent pas planer le doute quant à la culpabilité de Gérard Depardieu  : propos choquants, obsession pour le sexe et sexualisation d’une enfant de dix ans sur un poney sont de mises. 


Andreia Domingues


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