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Le Hezbollah : La milice qui façonne le Moyen-Orient

La guerre opposant les forces israéliennes au Hamas a mis sous les feux de la scène internationale un nom qui revient sans cesse, celui du « Hezbollah » (littéralement parti de Dieu). Certains le considèrent comme un groupe terroriste, d’autres comme un front de résistance protégeant les civils : d’où vient-il exactement et pourquoi est-il si important dans ce conflit ?



Origines du Hezbollah : La guerre civile libanaise (1975-1990) :


La guerre civile libanaise débute au mois d’avril 1975. Très vite, le gouvernement libanais se retrouve paralysé et dans l’incapacité de maintenir l’ordre, faisant ainsi des milices partisanes privées les acteurs majeurs du conflit. Les citoyens se réfugient dès lors dans les zones contrôlées par leurs groupes confessionnels afin d’éviter les massacres religieux qui sévissent le pays.


L’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), installée dans le Sud du pays, avait mené plusieurs opérations au début de la guerre depuis cette zone. Alors que les tensions sont toujours croissantes et après une ultime attaque de l’OLP contre Israël, l’Etat hébreu envahit le Liban le 6 juin 1982 et avance jusqu’à Beyrouth siégeant la capitale pendant deux mois. C’est dans ce contexte de tumultes profonds qu’un groupe unifiant plusieurs factions chiites sous une même bannière apparaît : Le Hezbollah. Hormis la situation politique qui catalyse la formation du groupe, il existe un facteur idéologique majeur qui façonne l’identité du Hezbollah encore aujourd’hui. Effectivement, les « pères fondateurs » du parti sont des clercs musulmans chiites, détail anodin pour certains, c’est en fait la pierre angulaire de la relation entre le Hezbollah et l’Iran qui partagent la même idéologie, en grande partie centrée autour de la personnalité, et du retour de l’Imam al-Mahdi al Muntazar, le dernier des Douze Imams du Chiisme qui réapparaîtra à la fin des temps pour sauver le monde de la tyrannie. Les adeptes de cette doctrine avec, en guise de chef, le Guide iranien, font de leur mission la préparation de la terre en attente du retour d’al-Mahdi. En pratique, cela fait du Hezbollah plus qu’un simple allié politique de l’Iran, ces deux entités ne partagent qu’une seule et même volonté.


Ayant écarté ce point, revenons aux événements de la guerre. Dès sa création, la nouvelle organisation fait de son but premier « la sauvegarde de la souveraineté libanaise par l’expulsion de toute influence étrangère », et donc naturellement, l’expulsion des forces israéliennes.


Les liens entre Israël et le Hezbollah sont donc inscrits dans la nature intrinsèque du « Parti de Dieu ». Celui-ci se frottera au gouvernement juif à plusieurs reprises, avec l’aide du mouvement Amal (parti politique et milice Chiite), de 1985 à 2000, mettant fin à l’occupation israélienne dans le Sud du pays, ou encore en 2006 pendant la Guerre de Juillet au cours de laquelle il s’oppose seul à l’Etat d’Israël. Ce conflit de trente-quatre jours précipité par une attaque du groupe paramilitaire constitue, au vu du soutien militaire iranien sans précédents, ce que beaucoup considèrent comme la première manifestation du conflit par procuration entre Israël et l’Iran, et non pas la continuation de celui opposant les nations arabes et l’Etat hébreux.



Le Hezbollah dans la guerre entre le Hamas et l’Israël :


Juste après l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, le secrétaire général du Hezbollah ainsi que les visages politiques de l’Iran, alliés essentiels du groupement palestinien dans ce conflit, ont prévenu leur opposant de « l’ouverture d’un nouveau front au Nord de la Galilée » et que la situation risquerait de devenir « incontrôlable » au Proche-Orient si une invasion terrestre de la bande de Gaza venait à avoir lieu. En perspective, ce soutien apporté au Hamas peut être déconcertant, notamment du fait que le Hamas et le Hezbollah se battaient pour des côtés opposés lors de la guerre en Syrie. Et pourtant, selon certains, cette alliance fait sens. Hormis l’existence d’un ennemi commun, plusieurs soutiennent que tout cela fait partie du plan de l’Ayatollah iranien.


Le rapprochement entre le Hezbollah et le Hamas s’effectuant ces dernières années sous le chaperonnage iranien, le financement des opérations par la République Islamique ainsi que le timing de l’opération qui a lieu au beau milieu du rapprochement israélo-saoudien sont tous des indicateurs supportant cette théorie. Les iraniens semblent avancer leurs pions comme s’ils


jouaient aux échecs. Pendant quarante ans, ils se sont efforcés de renforcer leurs positions en Syrie, en Irak et au Yémen. Une fois les relations avec l’Arabie Saoudite plus dociles et les tensions entre les Sunnites et les Chiites moins prononcées, les conditions étaient alors parfaites. Il ne restait plus qu’à attendre une date symbolique : le 50ème anniversaire de ce qui est considéré dans le monde arabe comme « une grande victoire », celui de la guerre d’Octobre (ou de « Yom Kippour »).


L’attaque du 7 octobre fait de Téhéran le vainqueur du premier round, mais cela ne suffit pas. Pour lui permettre de savourer sa victoire, il faut dissuader Israël et ses alliés de détruire Gaza et d’éliminer le Hamas ce qui rendrait tous leurs efforts nuls. C’est là que commence à se refermer le piège iranien. Afin de riposter, l’Etat hébreux devra sans doute lancer une offensive de taille sur Gaza, ce qui n’est pas tâche facile dans un milieu urbain aussi dense et contre un Hamas beaucoup plus puissant qu’il y a quelques années, et qui plus est possédant plus de 200 otages israéliens.


Israël a beaucoup à perdre et peu à gagner, une telle opération causerait des dégâts humains énormes : militaires, civils et otages perdraient la vie par milliers, mais surtout cela mettrait en péril tous les efforts de normalisation des relations avec les pays arabes pour qui la cause palestinienne est toujours un enjeu majeur.


Envisageant même le cas où Israël réussirait à « éliminer » le Hamas, qu’adviendrait-il ensuite ? Comment le pays pourrait-il possiblement réparer les dommages faits à son image et à sa diplomatie tout en évitant que toute la région ne tombe dans un cercle vicieux de violence ?


C’est dans ce scénario que l’on voit que l’une des cartes maîtresses de l’Iran est bien le Hezbollah qui s'engagerait à ouvrir un front au Nord d’Israël une attaque terrestre sur Gaza venait-elle à être lancée. Les israéliens prennent cette menace extrêmement au sérieux d’autant plus que les forces du Hamas ne sont même pas à comparer avec celles du « Parti de Dieu » qui se vante d’une force armée de près de 100 000 soldats entraînés, des roquettes à compter en dizaines de milliers, ainsi que des systèmes anti-char, anti-aérien, anti-naval, et surtout d’une expérience en combat urbain dont les israéliens ne profitent pas.


Et pourtant, avec les développements actuels de la guerre, une question trotte dans la tête de plusieurs : et si le plan iranien n’était pas aussi parfait qu’il ne le paraissait ? Et si Téhéran avait sous-estimé la détermination d’Israël et de ses alliés à défendre leurs intérêts au Moyen-Orient ? L’Ayatollah mettra-t-il tout en jeu en cas d’attaque ? Et si la partie d’échec s’était transformée en main de poker ?


Ivan Aoun

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