Crédits : Alicia Marie
Collectif féministe engagé, le mouvement #NousToutes s'enrôle fortement dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles faites aux femmes et aux enfants. Les militants défendent également le droit des femmes en dénonçant les féminicides, le harcèlement sexuel et les inégalités hommes-femmes. Retour sur leurs actions et leur mobilisation annuelle.
Fondé le 3 juillet 2018 par Caroline de Haas, à la suite des initiatives #MeToo et #BalanceTonPorc pour la libération de la parole féministe. Ce mouvement s’inscrit comme un véritable regroupement entre citoyens et associations qui se démènent avec force et courage pour dénoncer les violences physiques et psychologiques faites aux femmes.
Très actif sur les réseaux sociaux, le collectif regroupe près de 325 000 abonnés sur Instagram et plus de 143 000 sur Facebook.
Mine d’informations, le compte Instagram de #NousToutes relate des faits tristement réels et malheureusement choquant. En recensant quotidiennement le nombre de féminicides commis en France, diffusant des spots de sensibilisation et exposant des revendications personnelles, les internautes se sentent au plus proche des militantes. On constate la formation d’une communauté authentique avec un sentiment important d’appartenance qui témoigne de leurs intérêts mutuels.
Dans le but de rassembler victimes et activistes, #NousToutes tient à définir son positionnement. Avec un mot d’ordre axé sur les « violences sexistes et sexuelles », des formations sont proposées aux volontaires et la sensibilisation s’étend à la société en général.
Se définissant comme un mouvement non-violent, le collectif mène des opérations et des discussions dans la bienveillance, sans jugement, sans agressivité et sans propos dévalorisants. Le tout garantissant le bien-être de chacune des combattantes.
La marche annuelle, qui se déroule traditionnellement le week-end précédent la Journée Internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes du 25 novembre, est accessible à toutes et tous.
« Élan de solidarité et sororité »
Les deux premières mobilisations annuelles, ont rassemblé des milliers de manifestants pour dénoncer les atrocités subites par les femmes et plaider l’augmentation des subventions des associations féministes.
En France, la première marche du 24 novembre 2018, a réuni environ 80 000 militants dont 30 000 à Paris. Comme l’a indiqué l’initiatrice Caroline De Haas, « il s’agit de la première mobilisation féministe qui a rassemblé le plus de monde en France ». Ce chiffre a presque doublé le 23 novembre 2019 avec 150 000 protestataires dans le pays dont 100 000 à Paris.
Selon la majorité de participants, cette manifestation est une expérience à vivre lorsqu’on défend les valeurs féministes et que l’on aimerait s’engager davantage pour cette cause.
L’année dernière, Alicia, âgée de 21 ans, étudiante en Information et Communication et féministe affirmée, a participé à cet évènement historique. Elle a accepté de répondre à nos questions pour partager son ressenti.
« D’abord, comment as-tu connu le collectif #NousToutes ? »
Je l’ai connu sur les réseaux sociaux, sur Instagram spécifiquement. C’est venu naturellement à moi grâce aux publications relayées par d’autres comptes féministes que je suis ou que mes amies ont partagé en story. Leur identité visuelle importante m’a vraiment interpellé et je l’identifie facilement avec le code couleur du violet qui revient quotidiennement sur mon fil d’actualité.
« Pourquoi as-tu souhaité te rendre à cette mobilisation ? »
Je n’avais jamais été à une manifestation, ce fut la première fois que je défendais quelque chose dans la rue et que je prenais part à un collectif pour pouvoir transmette ce qui se passe dans l’espace public.
La manifestation m’a permis de me rendre compte de la portée du mouvement. Le fait de me retrouver au milieu de milliers de personnes m’a marqué : je n’étais pas seule, nous défendions tous les mêmes principes. C’était significatif à mes yeux de concrétiser mes engagements que je cultive depuis longtemps.
« Qu’as-tu ressenti ce jour-là lors de la marche ? »
C’était vraiment intense, je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait autant de monde. Je ne voyais pas la fin de la foule. C’est d’ailleurs ce qui aurait pu me retenir d’y assister. Mais finalement j’ai éprouvé une réelle gratitude. J’avais envie de dire merci à toutes les personnes qui étaient présentes, j’ai ressenti un élan de solidarité et de sororité. Surement pour la première fois de ma vie, j’ai eu le sentiment d’appartenir à un ensemble très fort. C’était hyper émouvant.
« Il y a-t-il un moment en particulier qui t’a touché ? »
Il y avait beaucoup de femmes avec les fameuses pancartes reprenant le nombre de femmes tuées par leurs conjoints et les slogans féministes . Elles se sont rassemblées en groupe sur une place. Visuellement, ça m’a bouleversée, je me suis même mise à pleurer.
Il y a eu comme une résonance en moi : des personnes en chair et en os défendaient les valeurs que j’ai toujours eu au fond de moi. Ca m’a donné une forme de confiance en l’avenir en réalisant que le mouvement en lui-même semble fonctionner.
Selon moi, c’est historique de voir autant de monde dans la rue pour ces revendications. Je suis maintenant confortée et sûre de mes engagements.
Crédit : Alicia Marie
« Comment transposes-tu cet engagement dans ton quotidien ? »
Quand j’ai commencé à m’intéresser aux questions féministes, je le revendiquais et j’aimais débattre et défendre mes idées. A ce moment-là, j’ai compris que je défendais mon engagement dans les interactions du quotidien en essayant de faire changer les mentalités de mes proches. Mais maintenant je le vis différemment, je ne peux plus débattre avec des personnes qui ne partagent pas ces valeurs que j’estime fondamentales. Je me suis donc inscrite dans des associations et à des évènements particuliers : avec ma meilleure amie, j’ai participé à la collecte de produits hygiéniques pour les associations la Fondation des Femmes et Règles Élémentaires.
Une édition particulière
Pour la troisième année consécutive, le collectif s’est mobilisé ce samedi 21 novembre 2020.
Dans un contexte de crise sanitaire liée au Covid-19, où les rassemblements et évènements sont interdits, le collectif a souhaité maintenir sa réunion annuelle.
Un programme en ligne propose de participer à différentes actions à des heures précises, pour lier encore le plus de monde possible sur les réseaux sociaux et interpeler les institutions parlementaires et gouvernementales, et ainsi faire valoir les droits des femmes.
Crédit : NousToutes.org
De nombreuses formations à distance sont mises en place afin d’informer sur les violences sexistes et sexuelles, sensibiliser à la culture du viol et apprendre à se protéger et à se relever de ces diffamations. Tenues par des expertes féministes, vous pouvez accéder aux réunions Zoom en vous inscrivant sur ce lien. https://formdivers.typeform.com/to/lck2sh7a
Tout le long de la journée, des féministes connues et engagées telles que Lauren Bastide, Sonia Bish ou encore Anita Traoré, feront des lives sur Instagram, aussi retransmis sur Facebook, pour témoigner de leurs expériences et donner la parole aux internautes.
Enfin, afin de susciter l’engouement attendu et revendiquer la place des femmes au sein de notre société, nous sommes toutes et tous, invités à partager les agissements de l’association sur nos réseaux sociaux grâce au hashtag #NousToutes.
Pour aller plus loin…
Les actions des colleuses sont distinctes de l’organisation #NousToutes mais partagent les mêmes valeurs et pour le même combat. Elles sont le relai des messages féministes et des opérations de contestations. Vous pouvez en apprendre davantage et les rejoindre en vous rendant dans les bureaux des associations féministes propres à chaque région de France.
Credit : RTL Info / AFP
Pour vous informer et découvrir les motivations de Caroline de Haas, le podcast suivant sur Cause Commune FM dépeint parfaitement son engagement quotidien et les objectifs du collectif : https://cause-commune.fm/podcast/pouvoir-citoyen-04/
Vous trouverez la charte d’engagement et des questionnaires préventifs sur le site https://www.noustoutes.org/
Vous pouvez vous abonner aux comptes du collectif sur :
Instagram https://www.instagram.com/noustoutesorg/
Le dernier recensement de féminicides date du 19 novembre 2020, et s’élève à 85 femmes mortes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint depuis le 1er janvier 2020.
En pleine période de confinement, si vous êtes sous l’emprise d’un homme violent, vous pouvez contacter le 3919. « Il est déconseillé de sortir mais il n’est pas interdit de fuir ».
Fiona Delisle
Crédit Image de couverture: A.SAYAD/CGT
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