Le Parc des Princes vu de l’extérieur. © Le Parisien.
Le PSG, sous l’égide du fonds d’investissement qatari QSI depuis 2011, cherche à acquérir définitivement la propriété du Parc des Princes afin d’y amorcer des travaux de rénovation. Mais l’intransigeance de la mairie de Paris, refusant de vendre son stade historique, nourrit un conflit ouvert avec le club francilien, sous fond d’enjeux économiques et sociaux.
Pour le PSG, le rachat du Parc des Princes serait le point d’orgue d’un projet ambitieux entamé en 2011
En 2011, lorsque l’émir du Qatar rachète le Paris Saint Germain par la filiale sport de son fond souverain, Qatar Sports Investments (QSI), ses ambitions sont claires et affichées : faire du PSG un monument du football de haut niveau, pour servir l’exposition internationale du Qatar. Onze ans plus tard, le club s’inscrit comme la référence du championnat français, et réalise des performances gratifiantes en Ligue des champions, la plus prestigieuse des compétitions de football. L’arrivée au club de stars interplanétaires comme Kylian Mbappé, Lionel Messi ou Neymar a également dynamisé l’attrait du PSG, et permis un engouement inédit autour du football français.
De fait, QSI vise, en rachetant le Parc des Princes, à concrétiser le grand virage entrepris par le club parisien. Il souhaite notamment y amorcer des travaux de rénovation, afin d’agrandir le stade de 10 000 places de plus que ses quelques 50 000 actuelles, en vue d’augmenter notamment les recettes de billetterie générées lors des matchs du PSG. En cela, l’état-major qatari est depuis 2011 en négociations avec la mairie de Paris pour obtenir la propriété définitive du Parc des Princes. Jusqu’ici, celle-ci a simplement accordé un bail de 30 ans d’exploitation au PSG. Son président, Nasser Al-Khelaifi, fait de ce projet de rachat un impératif, et déplore la lenteur des négociations.
Des négociations complexes, marquées par des conflits d’intérêts
Anne Hidalgo et Nasser Al Khelaifi lors d’un match du PSG au Parc des Princes. © Le Parisien.
Pour cause, les pourparlers sont marqués par une réelle divergence de vues entre l’état-major qatari du PSG et la mairie de Paris. L’administration du club parisien estime en effet qu’il serait logique que le Parc des Princes soit cédé au PSG, sans qui le stade « ne serait rien », pour reprendre les mots du président Nasser Al Khelaifi. Celui-ci insiste sur le fait que son club ait injecté près de 80 millions d’euros dans le stade depuis 2011, et ait ainsi grandement contribué à son rayonnement lors des matchs du PSG. Toujours très fréquentés et médiatisés, ces évènements sportifs attirent régulièrement des milliers de touristes venus du monde entier pour assister aux coups d’éclats de Kylian Mbappé, Neymar et consorts.
Le rachat du Parc des Princes par le PSG, toujours plus important en termes d’influence aux échelons national et international, s’impose donc comme une évidence pour le board parisien. Mais du côté de la mairie de Paris, l’argumentaire avancé est tout autre. La municipalité ne souhaite pas céder son stade historique, dont elle possède l’actuelle enceinte depuis 1972. Par la voix de son premier adjoint, Emmanuel Grégoire, elle a ainsi fait savoir qu’elle souhaitait conserver le Parc des Princes, faisant partie intégrante du « patrimoine historique de la ville ». Ainsi s’explique la complexité des négociations entre la ville de Paris et les émissaires du PSG, qui s’en ressent notamment sur le plan économique : là où le club parisien offre 40 millions d’€ pour le rachat du stade, la mairie en souhaite 350 millions. De plus, la municipalité, tout comme des militants écologistes et communistes, se montrent peu enclin quant à la possibilité qu’un fonds d’investissement étranger, qatari, s’empare de ce bien historique, dont la dimension patrimoniale a été rappelée une nouvelle fois par les élus verts ces dernières semaines. Aussi, le groupe écologiste du Conseil de Paris, membre de la majorité autour d’Anne Hidalgo, a formulé un vœu pour s’opposer à une vente potentielle du Parc des Princes, qui sera débattu lors du prochain conseil.
Ce contexte explique les tensions sous-jacentes entre le PSG et la mairie de Paris, qui se livrent un véritable affrontement médiatique. Il y a quelques semaines en conférence de presse, le président du PSG a une nouvelle fois fustigé l’argumentaire avancé par la municipalité et signifié son incompréhension face à son opposition à une vente du Parc des Princes. Nasser Al Khelaifi a même brandi la carte de la sanction, en annonçant vouloir se reporter sur le Stade de France au cas où les négociations autour de l’enceinte de Saint Cloud resteraient au point mort. Nouvelle preuve s’il en faut, du caractère incendiaire de cette affaire décidément complexe.
Hedi Dali
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