Un nouveau projet de loi a agité tout le milieu musical français ces derniers jours. Ce sont 6 députés NUPES qui l’ont déposé, ce 30 septembre. Il obligerait les applications de streaming musical à reverser 1,5 % de leurs revenus au Centre national de la musique (CNM). Cependant, cette taxe conduirait les plateformes de streaming à réagir. Elles pourraient augmenter le prix des abonnements ou plus probablement baisser les redevances versées aux artistes.
Pourquoi cette nouvelle taxe et qui la soutient ?
Le but principal est bien évidemment de financer le CNM, maison commune de la musique créée en janvier 2020 et qui rassemble les acteurs d’une filière historiquement très divisée. Elle a pour mission de soutenir les professionnels de la musique dans leur développement en France et à l’international à travers des aides, des formations et des études. Cependant son budget a considérablement été réduit pendant la crise du COVID.
Pour compenser ce manque, une partie de la filière propose donc de créer, à l’image de la taxe levée par le CNC sur Netflix et consorts, une taxe de 1,5 % sur les revenus générés par le streaming audio, gratuit ou payant.
Les principaux soutiens de cette taxe sont les producteurs de spectacles et concert, mais aussi des labels indépendants. Leur argument : le CNM est aujourd’hui en grande partie financé par le spectacle et pas assez par les acteurs de la musique enregistrée, à savoir les labels, maisons de disques et éditeurs. D’autant plus que le streaming représente 68 % des revenus de la musique en France.
Pourquoi cette taxe impacterait-elle principalement le monde du rap.
Tout d’abord, le rap est le style de musique qui est le plus dépendant du streaming aujourd’hui. Selon la SNEP, 87 % de la consommation des albums de rap, dans le Top 200 France, se fait par le streaming. À titre de comparaison cela représente seulement 17% pour la variété ou 38% pour la pop.
De plus, le rap est très minoritaire dans les subventions accordées par la CNM ( 107 sur 1046 en 2018 ). L’absence d’artistes et de professionnels issus du rap dans ces instances en est l’une des principales raisons. Le rap deviendrait donc le principal contributeur de cette taxe sans en récolter les fruits.
Augmenter le prix des abonnements des plateformes de streaming semble improbable, c’est donc les artistes qui seront taxés. Ainsi certaines personnalités du milieu commencent à s’exprimer sur le sujet, comme le très populaire Niska qui tweet « taxe anti-rap, taxe raciste, taxe non-justifiée ». La CNM se défend en disant qu’elle a quand même contribué dans des financements de spectacle de rappeurs, malgré le peu d’aide demandée de la part de ce milieu.
Tristan Lombard
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