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Les coups d’un soir, c’est pour tout le monde ?

La libération sexuelle a levé les tabous autour de la sexualité occasionnelle. Synonyme de liberté pour certains, le sexe sans attache laisserait plus de marques à d’autres. Analyse sur l’importance de se connaître.


« L’amour sans honte, sans entrave, sans peur et sans reproche » revendiquent, dans les années 60, des militantes du Mouvement de la Libération des Femmes. 75 ans après la révolution sexuelle, le sexe est omniprésent et (presque) libéré. Le recul de l’âge du mariage entrouvre un espace d’expérimentation plus large. Influencés par notre imaginaire collectif ou par simple plaisir, nombreux d’entre nous pratiquent la sexualité occasionnelle.


La sexualité occasionnelle, ou casual sex, se caractérise par l’absence d’engagement, d’attachement émotionnel et de familiarité entre les partenaires sexuels. Elle offre tous les bénéfices d’une relation sexuelle, sans les disputes du couple ou les contraintes de l’engagement. « Le sexe occasionnel me permet de ne pas me prendre la tête. Je ne suis pas dépendant, je dispose d’une certaine autonomie qui me plaît. » explique Nathan, 20 ans, étudiant en génie civil.


Un terrain d’expérimentation


La sexualité occasionnelle plaît à toutes les tranches d’âge, notamment aux étudiants. Tout droit sortis de chez papa et maman, enivrés d’une liberté nouvelle et avides de découvrir le monde, ils expérimentent, testent, apprennent sur et par le sexe. « Situées entre la fin de l’enfance-adolescence et l’entrée dans le monde actif, les études sont une période charnière, un entre-deux. C’est le moment où l’on expérimente, où l’on est désinvolte, où l’on fait des erreurs. C’est une période « sas », où il faut se laisser le temps. » insiste Isabelle Gace, sexologue clinicienne et directrice de formation à Paris.


Pour Nathan, « le sexe est un plaisir éphémère. Je vis à fond le moment. C’est le petit plus, de temps en temps, qui peut me faire du bien et faire du bien à l’autre. ». Si elle peut apporter un boost dans l’estime de soi, de la détente et du plaisir, la sexualité occasionnelle n’est pas toujours aussi bien vécue.


La sexualité occasionnelle et les profils d’attachement : quelques combos à éviter


Notre façon d’être au monde, d’être avec les autres et d’être avec soi-même, émotionnellement - donc la manière dont la sexualité occasionnelle est ressentie - diffère selon notre profil d’attachement.


Il en existe 4 principaux :


L’attachement secure : parce qu’elle sait communiquer ses attentes, ses besoins, ses limites et ses préférences aisément, une personne de ce profil peut vivre sainement la sexualité occasionnelle.


L’attachement évitant : ce profil vit la proximité comme une menace et tend à s’éloigner émotionnellement du monde et de lui-même pour se protéger. Deux cas de figures s’opposent alors : enchaîner les relations sans attache ou, à l’inverse, avoir besoin d’une relation de grande confiance pour partager son intimité.


L’attachement anxieux/fusionnel : par peur de perdre l’autre, ces personnes demandent de la proximité, de la réassurance et du réconfort. La sexualité sans attache est donc à éviter !


L’attachement désorganisé/fuyant : caractérisé par des comportements anxieux et évitants, ce type de profil rencontre des difficultés à identifier ses limites et à les faire respecter. Déconnecté de sa propre expérience, il est plus à l’aise dans des relations éphémères et sans attache, aux émotions fortes et au plaisir intense. Toutefois, il est plus sujet aux comportements sexuels à risque et à la dépendance sexuelle.


L’intelligence sexuelle pour bien vivre la sexualité occasionnelle


Une sexualité épanouie repose avant tout sur la connaissance et la compréhension de soi. La clé ? Faire preuve d’intelligence sexuelle.


Étape 1 : se débarrasser des clichés


Ses théoriciens, Sheree Conrad et Michael Milborn, deux psychologues américains, nous invitent d’abord à nous débarrasser des clichés : il s’agit de voir au-delà des mythes et de l’imaginaire collectif.


Étape 2 : identifier son système de croyance pour mieux comprendre ses désirs


Ensuite, être intelligent sexuellement, c’est prendre conscience de son soi sexuel intérieur. C’est identifier l’impact de son expérience personnelle, de ses valeurs, de ses croyances, de ses tabous, de sa religion, de sa morale, pour évaluer honnêtement son ressenti face à la sexualité occasionnelle et ce que l’on espère en retirer. Est-ce que mon besoin sexuel ne cacherait pas en fait un besoin de sécurité, d’attention, de reconnaissance ou même de pouvoir ?


Isabelle Gace avertit : « Si sa connaissance de soi est faible, on se trouve dans une situation de confusion mentale qui peut entraîner une confusion émotionnelle. C’est dans ce cas, par exemple, que l’on peut ressentir de la honte ou du regret, après une relation sexuelle sans lendemain. »


Bien vivre la sexualité occasionnelle dépend de l’intention (pour quoi ? pour quelle finalité ?) mise derrière. « Si l’intention de départ est d’expérimenter ou de coucher avec le maximum de personnes, alors la sexualité occasionnelle ne cause aucun souci. Elle peut devenir problématique à partir du moment où l’on revoit plusieurs fois la même personne, où l’on commence à relationner. » souligne Isabelle Gace.


L’essentiel est de comprendre ce que l’on veut vraiment et de juger si la sexualité occasionnelle permet de répondre à ses besoins ou non.


Étape 3 : communiquer, communiquer, communiquer


Enfin, l’intelligence sexuelle consiste à communiquer avec son ou sa partenaire sur sa sexualité. L’honnêteté évite généralement nombre de problèmes. Toutefois, dans le cas où l’accord initial est rompu (l’autre développe des sentiments par exemple), exprimer ses émotions permet de prendre de l’espace ou, si les intentions du départ manquaient de clarté, de s’excuser.


« J’essaie de rendre le truc le plus éphémère possible pour éviter la posture où les deux personnes ne sont pas sur la même longueur d’ondes. Pour ça, j’essaie de poser les bases avant. Je garde les choses les plus claires le plus longtemps possible. Quand j’observe des sentiments naissants, j’essaie de stopper la chose. » raconte Nathan.


Il arrive que les relations sexuelles occasionnelles évoluent vers une relation romantique plus sérieuse. « Bien sûr, il peut y avoir une alchimie. Rien n’est figé. Il n’y a pas de règles. » rappelle Isabelle Gace.


L’assertivité pour s’assumer


Depuis 1975, l’OMS inscrit l’épanouissement sexuel dans le champ de la santé. S’épanouir, ou être bien dans sa peau et dans son corps. S’épanouir en écoutant ses besoins, ses envies, ses désirs. S’épanouir en pratiquant, ou non, le sexe occasionnel.


Le plus dur reste peut-être d’assumer ses choix. Toquez à la porte de l’assertivité et vous trouverez une inébranlable alliée. Isabelle Gace la décrit ainsi : « Dans les grandes lignes, l’assertivité, c’est être capable de dire oui, de dire non et de dire merde quand les autres ne comprennent pas nos choix ».


Jeanne Dermaut


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