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Une plus forte représentation des femmes a toujours été souhaitée. Cette question pèse de plus en plus dans les débats et par conséquent elle est davantage pensée et prise en compte.
En 2016, le président de la République, M. Emmanuel Macron, déroulait à Deauville un programme pour l’égalité entre les hommes et les femmes. C’était la première fois que le Women’s Forum for the Economy and Society (WF) invitait un prétendant à l’Elysée. Ce WF a été crée en 2005, il vise « à renforcer la représentativité des femmes et une plus grande mixité hommes-femmes dans tous les organes de pouvoir de la société. Ils s'emploient également à mettre en exergue des projets qui favorisent l'entrepreneuriat des femmes, par l'éducation, par la parité dans l'entreprise et par une présence plus forte des femmes dans les médias. C'est aussi une occasion pour les participantes, et participants, de faire entendre leur voix et leurs visions de l'avenir, et de susciter des engagements ». Et à ce jour il a acquis une influence considérable. Chaque année, des organisations et des réseaux se rallient afin de porter la question de l’accès des femmes aux postes de direction économique au sein du patronat et auprès des pouvoirs publics. Cependant il ne faut pas confondre cette « entreprise commerciale » qu’est le WF avec toutes les associations ou organisations féministes radicales qui ne laissent plus aucune place à l’homme.
Ce « féminisme de marché », terme employé par la sociologue Sophie Pochic émerge en France au milieu des années 2000. En 2007, seulement une centaine de réseaux défendaient l’accès des femmes aux plus hautes fonctions (1) alors qu’aujourd’hui il en existe plus de cinq cent (2).
La première loi bénéficiant à cette revendication, celle de l’accès aux femmes aux plus hautes fonctions, fut la loi Copé-Zimmermann. Elle compterait les entreprises privées et publiques de plus de cinq cents salariés permanents et réalisant un chiffre d’affaire d’au moins cinquante millions d’euros à afficher une proportion de chaque sexe au moins égale à 40 % parmi leurs administrateurs. Et la France est un des pays qui comprend un des plus forts taux de féminisation dans les conseils d’administration des grandes entreprises : le taux était de 8,5 % en 2007 pour augmenter de manière exponentielle atteignant un taux de 43,6 % en 2019 (3).
La défense de l’accès des femmes aux hauts postes à responsabilité par de grands entrepreneurs
Dans les grandes entreprises, les cadres sont enclins à défendre de leur propre chef l’accès des femmes aux postes à responsabilité. En effet, l’argument central est que l’égalité assurerait aux entreprises des retombées économiques et contribuerait plus généralement à la croissance. Ainsi, la Goldman Sachs a décidé de ne plus accompagner en Bourse des entreprises qui ne compteraient pas au sein de leur conseil d’administration au moins une femme en indiquant que « Dans les sociétés où les dirigeants sont des femmes (...), la valorisation prend 44 % en quatre ans, contre 13 % pour les autres ». De plus, des grands cabinets de conseil comme EY ou McKinsey défendent à leur tour que « l’égalité serait bonne pour le marché et que le marché serait bon pour l’égalité ». Le dernier cabinet précité démontre ces propos dans une étude intitulée « Women matter » publiée en partenariat avec le WF.
Depuis la percée de la loi susvisée, l’attention portée par les pouvoirs publics aux cercles de dirigeantes n’a fait que se renforcer. Dans les différents gouvernements du président de la République française, plusieurs membres ont été invités au WF. L’équipe gouvernementale d’Emmanuel Macron s’entoure également de l’expertise de « cheffes » d’entreprises et de hautes cadres du privé dans la rédaction de ses projets de loi.
La place des femmes dans le monde du travail : un thème récurrent des médias
Depuis quatre ans le prix Business with Attitude, organisé par le journal Madame Figaro, récompense les entrepreneuses à la tête de start-up. De même, le magazine Elle a lancé Elle Active, un forum consacré spécifiquement à la place des femmes dans le monde du travail dans lequel des présidents d’entreprises, des hommes ou des femmes, exposent à la tribune leur version du féminisme.
Une prise de conscience de représentation des femmes dans le monde de l’entreprise qui reste loin de la réalité
Selon Infogreffe en 2019, les hommes représentent 72,8 % des dirigeants d’entreprises tandis que les femmes ne représentent seulement 27,2 %. En outre, parmi les soixante plus grandes entreprises françaises pas une seule femme n’est PDG (président-directeur général). Il faut quand même noter qu’une femme est DG (directrice générale) d’une entreprise (Engie) figurant dans le CAC 40 mais c’est la seule. Par ailleurs, sur 120 postes de président de conseil d'administration ou de directeur général, seulement trois femmes les occupent.
En conclusion, l’accès des femmes dans le monde de l’entreprise est de plus en plus présent, une certaine parité hommes/femmes doit être respectée (sous peine de sanctions parfois) mais l’accès des femmes aux plus hautes fonctions d’une entreprise reste encore relativement fermé.
(1) Emmanuelle Gagliardi et Wally Montay, Guide des clubs et réseaux au féminin, le Cherche Midi, Paris, 2007.
(2) Cercle InterElles
(3) Ibid
Axelle Gilleron
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