Le milieu du livre et les librairies indépendantes sont très menacées par la pandémie de la Covid-19. En mars dernier, le marché du livre s'était effondré de près de 60 %
( information tirée d'un article du magazine Archimag du 20 avril 2020). Quand le Président Emmanuel Macron a annoncé le début de ce deuxième confinement et donc la fermeture des commerces non essentiels, une vague de protestations s'est déployée sur les réseaux sociaux et sur Internet.
Les personnes défendant les librairies expliquent que la culture est un bien essentiel et qu'aujourd'hui, à l'inverse du premier confinement, les gestes barrières peuvent potentiellement être respectés. De plus, ils accusent le gouvernement de mettre en péril l'économie de toutes les librairies indépendantes. En les fermant, cela incite les gens à commander sur des sites internet de grandes entreprises très peu écologiques et à qui le confinement est bénéfique tel qu'Amazon ou bien d'autres. De nombreux écrivains, dessinateurs, auteurs et journalistes se sont exprimés pour montrer leur mécontentement. Une pétition a même circulé et a été signée par de nombreuses personnalités publiques comme François Busnel, Joann Sfar, Boris Cyrulnik, Sandrine Kiberlain, Isabelle Carré, François Cluzet,...
Certains politiciens comme François Hollande, Rachida Dati ou Anne Hidalgo ont exprimé leurs avis lors de différentes interviews. Dans le Journal Du Dimanche, la maire de Paris a même dit qu'elle déplorait que "certains commerces de proximité, plus que jamais nécessaires pour maintenir le lien social et lutter contre les effets de l'isolement, aient été fermés, au moins dans un premier temps, comme les librairies ou les salons de coiffure."
Le gouvernement a laissé les librairies faire du click and collect si elles le désiraient. Evidemment, aller récupérer son livre à la porte de sa librairie n'est pas la même chose qu'entrer à l'intérieur et vivre l'ambiance de celle-ci. D'après les témoignages recueillis auprès de différents professionnels, le click and collect fonctionne bien. Les clients continuent à venir mais l'affluence a grandement diminué.
Cependant, les libraires n'avaient l'air convaincu qu'à moitié de ce système : "Je n'ai pas l'impression de faire mon métier" ; "On ne peut plus conseiller les clients" ; "Il n'y a plus que les gros titres qui sont achetés" ; "Ce n'est pas le click and collect qui va sauver notre librairie, ça c'est juste pour le principe".
De plus, une des libraires a expliqué qu'elle se sentait mal pour le reste de la culture car elle n'avait pas plus de raison d'être ouverte qu'eux. "Le gouvernement nous a mis en porte-à-faux avec le reste des gens travaillant pour la culture comme le monde du spectacle, la musique, etc".
Beaucoup de libraires ont exprimé, grâce à leurs syndicats, leur volonté d'équité entre eux et les grandes surfaces. En effet, le gouvernement avait laissé ouverts les rayons Littérature dans les grandes surfaces et à la Fnac. Après de longues négociations, le gouvernement a décidé de fermer tous ces rayons. Ces décisions ont, elles aussi, divisé la population. Certaines personnes accusent le gouvernement de vouloir supprimer totalement la Culture notamment pour les personnes vivant à la campagne. Effectivement, un grand nombre d'entre elles ont l'habitude d'acheter leurs livres dans ces grandes surfaces car elles n'ont pas accès à des librairies. Les professionnels interrogés ont trouvé que fermer les rayons Culture dans ces magasins était absurde car "les gens qui vont acheter leur livre dans les grandes surfaces ne sont pas les mêmes que ceux qui vont en librairie, avoir fermé ces rayons ne va rien changer à la vie des libraires." Nous pouvons donc nous demander si le fait de fermer les rayons culture dans les grandes surfaces était vraiment utile ou juste un coup de communication de la part du gouvernement.
Nb : L'interview des libraires s'est déroulée à Tours
Saskia Juigner
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