Le Président de la République a pris tout le monde de court en annonçant un projet de développement de dix Réseaux Express Régionaux (R.E.R.) dans plusieurs métropoles françaises, en l’espace d’une quinzaine d’années.
Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, Emmanuel Macron déclare lancer un projet de développement de réseaux de RER dans dix métropoles françaises. Cela permettrait selon lui de désengorger les routes des grandes villes de provinces, minées par la pollution et les ralentissements, en s’inspirant du réseau ferroviaire parisien. Et qui dit réseau ferroviaire dit train, vu comme le moyen de transport le plus vert.
L’appel entendu des présidents de régions pour un « New Deal ferroviaire »
Nul doute que cette annonce fait suite à la tribune publiée dans le quotidien Le Monde en octobre dernier, cosignée par 15 présidents de régions. Ils souhaitaient un véritable « New Deal ferroviaire », à savoir un important investissement pour moderniser l’offre des trains dans l’hexagone. Ce dernier est estimé à environ 100 millions d’euros, s’étalant sur 10 ans de 2023 à 2033 et financé grâce à un emprunt tripartite, avec l’État, la SNCF et l’Union Européenne. Les présidents de région ont justifié leur appel par trois raisons qui poussent selon eux, à investir massivement dans le train : le pouvoir d’achat, la cause écologique et l’innovation industrielle française. La fin très prochaine des énergies fossiles et la nécessité de moyens de transport permettant un accès facile aux villes de provinces justifient un tel investissement, quatre ans après la crise des Gilets Jaunes.
D’ailleurs, le Président semble axer sa communication sur les villes de province. A l’aube d’une réforme des retraites qui s’annonce difficile à mettre en place, E. Macron tape du poing sur la table : « le RER, ce n’est pas que sur Paris » martèle-t-il, en soulignant du côté de l’Élysée la volonté de « mettre un coup d'accélérateur et de prioriser dans 10 villes ». Matignon développe : […] notamment dans la région de Lille, Bordeaux, Lyon, Grenoble ou Aix-Marseille ».
Une planification coûteuse mais nécessaire
Ayant axé sa campagne de second tour de l’élection présidentielle sur les sujets environnementaux, pour attirer les futurs électeurs de la NUPES, E. Macron est avare de promesses politiques mais doit aussi se confronter à la réalité du terrain et à la réalité scientifique. En reprenant les revendications des collectivités territoriales, le Président souhaite envoyer le message suivant : le train est le moyen de transport du présent et du futur. Exit depuis très longtemps les michelines à charbon, le système ferroviaire s’inscrit assurément comme la solution. Selon les calculs de l'ADEME (Agence De l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie), organe gouvernemental, voyager en train pollue 32 fois moins que circuler en voiture, et 23 fois moins que voyager par les airs, avec : 2,4 g CO2 par kilomètre pour le TGV, 8,1 g pour l'Intercités, et 29,4 pour les TER. Le maire de Grenoble, Éric Piolle, accueille à bras ouverts cette annonce, mais les habitants de la métropole grenobloise sont en attente d’alternatives écologiques depuis des lustres : la réduction des voies pour les véhicules entraîne une pollution écologique mais aussi sonore au vu des files d’embouteillages chaque matin. La création de lignes ferroviaires va permettre de créer un mix attendu par de nombreux français : écologie punitive et écologie incitative ? La limitation des véhicules sans proposer d’alternatives provoque donc un non-sens chez les usagers.
En bref, les transports ferroviaires pleinement fonctionnels représentent une priorité écologique sans égal. Il ne faut cependant pas évacuer quelques problèmes d’actualité : le projet, prévu sur dix ans, peut prendre du retard, à l’instar du Grand Paris, qui ne sera malheureusement pas prêt pour les Jeux Olympiques de 2024. De plus, il est nécessaire de recréer un climat de confiance entre fonctionnaires de la SNCF et les usagers : les récents préavis de grève, déposés sur les dates de Noël, ne facilitent pas la situation. Dans ce cas, les Français se tournent vers des alternatives qui seront de toute façon plus polluantes.
En outre, les conseils régionaux, qui disposent de la compétence première des transports, vont devoir monitorer et assurer un développement optimal de ces projets. Étant donné ces annonces, elles jouent gros en termes d’attractivité. Espérons que les régions qui bénéficieront de ces investissements n’importent pas les problèmes des transports franciliens, tels que l’insécurité ou la saleté.
Josselin Lucké-Baron
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