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Mali : le destin de l’opération Barkhane compromis


L'opération militaire a été lancée le 1er août 2014 et vient se substituer à deux autres opérations militaires nommées Serval et Épervier. Crédits photos : Bruno Tessier. Reuters.



Alors que la relation entre Paris et Bamako devient de plus en plus compliquée, celle-ci vient de passer un nouveau cap. Le gouvernement malien a ordonné l’expulsion de l’ambassadeur français au Mali. Ce coup diplomatique intervient après de nombreuses altercations entre les deux pays.


Le Mali se trouve dans la zone désertique du Sahel, au sud du Sahara. Le Sahel est une zone de transit et d’échanges marchandises licites et illicites, comme des armes. De plus, la région possède de nombreuses mines d’hydrocarbures, d’or, d’uranium et de sel qui rendent sa position particulièrement stratégique. Au début des années 2010, le sud du pays demeuraient aux mains du gouvernement officiel alors que le nord du pays était menacé par l’installation de plusieurs groupes rebelles et terroristes.


Le nord contrôlé par les rebelles et les terroristes


Dans la région nord, l’Azawad, se sont installés les Touaregs, un peuple de nomade vivant dans la région qui se sont rebellés et fédérés pour former le MNLA, le Mouvement national de libération de l’Azawad. De plus, la zone nord est en partie contrôlée par AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique), une filière d’Al-Qaïda implantée au Sahel. Les Touaregs ont fait pression sur l’armée nationale malienne et le 6 avril 2012, le MNLA a proclamé l’indépendance de l’Azawad sans qu’elle ne soit jamais reconnue par la communauté internationale. Le MNLA s’est ensuite allié à Ansar dine, un groupe armée salafiste et djihadiste qui veut imposer la charia aux populations. En juillet 2012, ils ont détruit des monuments classés au patrimoine mondial de l’humanité à Tombouctou. L’impossibilité d’action du gouvernement malien était révélateur de sa fragilité à l’époque.


L’intervention militaire française


Pour tenter de reprendre le contrôle sur la situation, Bamako a fait appel à la France. En effet, la France est présente en Afrique de l’Ouest depuis la période coloniale et n’est jamais réellement partie pour des raisons économiques et militaires. Ainsi en janvier 2013, alors que les rebelles sont entrés dans la zone sud et ont pris la ville de Konna qui marque une étape importante vers Bamako, la France a lancé l’opération Serval. Cette intervention militaire avait pour but d’enrayer la progression des rebelles. La même année, les Nations Unies lançaient une opération de maintien de la paix en plaçant ses casques bleus face aux rebelles dans le cadre de la Mission intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minsuma).


Le désert du Sahel : Chadi Romanos - Radio France


En 2014, l’opération Serval est remplacée par l’opération Barkhane suite à une lourde défaite militaire. Les soldats français devaient limiter la progression de l’Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS) et « neutraliser » les cadres djihadistes. Au Sommet de Pau qui a eu lieu en janvier 2020 avec la participation de la France et le G5 Sahel (Mali, Burkina Faso, Tchad, Mauritanie et Niger) a permis de désigner l’EIGS comme ennemi numéro un et d’augmenter les effectifs militaires déployés à 5100 soldats. C’est le plus grand déploiement de soldats français depuis la première guerre du Golfe en 1990 – 1991. En parallèle, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a engagé un processus de dialogue avec les groupes rebelles et implanté l’armée africaine à la frontière nord-sud.


Désir de voir l’armée française partir


Depuis 2020, la présence française est de plus en plus contestée. Effectivement, deux coups d’Etat n’ont pas pu être empêchés, l’un qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020 puis un autre qui a placé Assimi Gaïta en mai 2021. L’insécurité au Sahel est toujours très présente, l’armée française a donc échoué dans son but principal ces deux dernières années. De nombreuses manifestations qui ont eu lieu dans le pays traduisaient un fort sentiment anti-français et en faveur des groupes rebelles. La junte s’oppose désormais fortement à la communauté internationale et dénonce ses « réflexes coloniaux ». En décembre dernier, Emmanuel Macron a rencontré le colonel Assimi Goïta et a annoncé une fin progressive de l’opération Barkhane.



Manifestation mi-novembre à Bamako au Mali contre l'opération militaire française Barkhane. Crédits photo : AFP / Amaury BLIN / Hans Lucas


Afin de préparer la fin de Barkhane, la France a été à l’initiative d’une opération regroupant plusieurs pays européens : la « Task Force Tabuka ». Son objectif est d’intervenir dans les pays de la région qui le souhaitent. Mais à peine arrivés, les danois ont dû repartir suite aux annonces des autorités maliennes. L’opération militaire se retrouve alors encore plus fragilisée et contestée.


Expulsion de l’ambassadeur malien


Le 31 janvier, l’ambassadeur français au Mali, Joël Meyer a été « invité à quitter le territoire national dans un délai de soixante-douze heures ». La France a dit avoir pris compte de cette déclaration et décidé de rappeler son représentant diplomatique. Cette décision aurait pris source dans les déclarations jugées « hostiles » à l’égard des autorités maliennes par Florence Parly. La ministre des armées française avait déclaré le 25 janvier que la junte militaire multipliait « les provocations ». Les contestations des forces armées françaises et alliées ainsi que les tensions diplomatiques amènent la France et ses partenaires européens à considérer un retrait total du territoire malien dans les prochains jours.


Margot Zuliani


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