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Mon Erasmus à Florence, Episode 1

Dernière mise à jour : 10 janv. 2022


Crédit : Nine Ciavarini Azzi

"Tout a commencé là, quand mon avion a décollé. Oh la la c'est pas une histoire d'avion qui décolle. Ou plutôt si c'est une histoire de décollage. Je peux enfin commencer à tout vous raconter. Tout a commencé là. »


J'avais 12 ans quand j'ai regardé l'Auberge Espagnole pour la première fois. Je m'en souviens parfaitement car c'est un peu de là qu'est né mon souhait d'aller étudier à l'étranger, quelque part en Europe, le temps d'une année ou de quelques mois. Le mot Erasmus m'a toujours fait rêver, et le film de Cédric Klapisch a amplement participé à cette fascination. Partir à l'aventure, à la découverte d'une nouvelle vie, d'une nouvelle ville. Adopter un mode de vie différent, étudier dans une autre langue, découvrir une nouvelle façon d'appréhender une discipline qui m'intéresse. Et rencontrer des nouvelles personnes venant des quatre coins de l'Europe (et du monde). Ce sont ces images captivantes et peut être un peu idéalisées qui m'ont poussée, dès que je l'ai pu, à déposer ma candidature pour participer à un échange Erasmus. Au-delà de cette fascination, l'idée de faire un Erasmus semblait être un passage un peu obligé pour moi. Fille d'un père italien et d'une mère française, avec une partie de ma famille travaillant au sein des institutions européennes, il me semblait assez inenvisageable de continuer mes études sans participer à ce programme. C'est alors avec ferveur que je me mis à feuilleter les différentes destinations possibles, les partenariats avec les universités européennes... Etudiante en 3e année de science politique (et ne parlant ni le polonais ou le portugais), je me tournai très rapidement vers Florence. Florence, ville que j'avais brièvement découverte 3 ans auparavant lors d'un voyage de classe et dont la beauté et la douceur de vivre m'avaient déjà marquée. Et surtout, Florence, ville de province d'un pays qui restait le mien. Au-delà de me faire vivre cette expérience tant attendue, cet Erasmus allait également me permettre d'enfin vivre en Italie.

Après des mois de perplexité à me demander si cette aventure n'allait pas être totalement arrêtée net par le Coronavirus, je débarquai à bord du TGV reliant Paris à Milan, semi-consciente que les six mois que je m'apprêtai à vivre me feraient éhontément grandir. Le voyage fut, à la lumière de notre époque, chamboulé par des contrôles à la frontière ainsi qu'à la gare de Milan dans le but de vérifier la négativité de nos tests PCR et le motif de nos déplacements. Au bout de 9 heures de train (dues à l'absence de vols Paris-Florence), nous arrivâmes enfin à la gare Santa Maria Novella, dans le centre de Florence. S'ensuivit ensuite une semaine liant formalités administratives et promenades touristiques, aux côtés de mon père venu pour m'aider à m'installer. C'est donc le 19 février que je débutai, seule, ma nouvelle vie à Florence.


Et me voici aujourd'hui, à faire le bilan de ces premiers moments de vie, ici, à Florence. Avant mon départ j'avais réussi à obtenir une place dans la résidence universitaire Caponnetto, dans le quartier de Novoli. Novoli c'est un peu un lieu qui allie ambiance de bureau ; avec le siège de la région Toscane, le palais de justice (un bâtiment très moderne assez particulier dont l'architecture fascine et/ou surprend), et puis atmosphère étudiante avec les 3 pôles de science politique, économie, droit, avec la bibliothèque de sciences sociales, le restau universitaire et la résidence.


Le Palais de justice de Florence, dans le quartier de Novoli

Source : Leonardo Ricci, Pinterest



En bref c'est un quartier situé à 10 minutes en tram du centre de Florence, qui est assez multiculturel, résidentiel mais aussi universitaire, et qui bouge donc assez, même en « zone rouge ». Car oui, depuis peu Florence et toute la Toscane sont devenues « rouges » c'est-à-dire confinées, avec la fermeture de tous les espaces publics exceptés les lieux de première nécessité : les supermarchés et... les églises. Même si les annonces du tout nouveau président du conseil italien Draghi ont découragé les florentins, elles ne se sont pas révélées si accablantes ici à la résidence. En effet, mes weekends sont entre autres dédiés à apprendre à cuisiner des plats typiquement italiens comme les gnocchis (1), les piadine et puis une multitude de sauces de pâtes les unes plus délicieuses que les autres, le tout agrémenté d'une petite ambiance musicale créée par mes voisins, qui rappelle l'époque des boîtes et des bars... Si j'apprends toutes ces recettes, c'est aussi car j'ai été assez chanceuse et je suis tombée sur une coloc sicilienne : Futura, rapidement devenue une amie et qui est une excellente cuisinière. J'ai également une autre coloc, Sara, avec qui je partage ma chambre et qui elle vient de la région du Molise, à coté de Rome et de Naples. C'est grâce à leurs précieux conseils que je m'adapte au mode de vie italien, entre leçons pour faire du bon café avec la « moka », LA machine à café italienne, et les explications sur le fonctionnement de l'université ici, qui n'a rien à voir avec celle française.


La Moka

Crédit : Nine Ciavarini Azzi


En effet, même si mes amis italiens m’avaient avertie des grandes différences qu'il existe entre la fac italienne et celle française, j'ai néanmoins été assez surprise lors de mon arrivée ici. J'ai commencé mes cours le 22 février et je me suis très rapidement sentie un peu perdue, comme si j'étais une L1 ayant à peine quitté le lycée et découvrant le monde de l'université. En réalité, la fac italienne n'est pas si difficile à comprendre : on est très autonomes et complètement laissés à nous-mêmes. Cela dépend des disciplines, mais en science politique, les enseignants font la différence entre les élèves qui vont en cours : les « frequentanti » et ceux qui n'y vont pas. Les cours ne sont que des cours magistraux, et ceux qui choisissent de ne pas les suivre auront un examen basé sur un programme un peu différent avec souvent plus de livres à travailler. Car vu que les TD n'existent pas, c'est à nous d'approfondir et étudier les cours au fur et à mesure, et ceci grâce à des livres choisis par les profs, qui font la plupart d'entre eux au moins 300/400 pages. Si les étudiants italiens sont beaucoup plus libres dans leur façon d'étudier, ils le sont aussi concernant les examens. Il existe en effet plusieurs sessions pour chaque matière et l'on peut donc choisir quand passer un partiel. Un élément qui m'a semblé assez intéressant est la relation que les étudiants ont avec les profs. Mes colocs m'ont vite avertie de la flexibilité qui caractérise la fac italienne et de l'accessibilité des enseignants. Les entretiens seul à seul avec le prof sont extrêmement fréquents ici, et cette proximité m'a également frappée en tant qu'étudiante Erasmus, avec par exemple la possibilité de passer les examens de certaines matières qui sont enseignées en italien, en anglais ou même en français ! Au-delà de ces aspects, les cours ne durent pas plus d'une heure et demie chacun par jour et sont assez vivants. J'ai été assez marquée par un cours d'histoire des organisations internationales qui a été rythmé par de nombreuses interventions des étudiants et puis par la professeure qui en attente de nos réponses a allumé nonchalamment une cigarette, avant de corriger un élève (chose que l’on n’aurait sûrement jamais vu à Assas) !


Je profite donc de cette nouvelle vie à Florence (bien que rythmée par les rebondissements liés au Covid), et essaie de retenir tous ces détails et ces moments de vie avant qu'ils ne se transforment trop rapidement en jolis souvenirs.


Nine Ciavarini Azzi


(1) La recette des gnocchis:



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