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Nouvelles technologies : la fin du gadget ?


Le casque de réalité virtuelle d’Apple, « Reality Pro », prévu pour 2023 (Adobe Stock)

Ces dernières années, des technologies révolutionnaires ont fait leur apparition. De Chat GPT, l’intelligence artificielle repoussant le champ des possibles en matière d’informatique, au très attendu casque de réalité virtuelle novateur d’Apple, le « Reality Pro », en passant par la digitalisation du Pass Navigo sur les smartphones...

Les consommateurs semblent globalement réjouis par ces innovations et de l’utilité qu’elles vont leur apporter au quotidien. Pourtant, ces mêmes technologies inspiraient il y a peu la crainte, et beaucoup spéculaient sur leur émergence, redoutant un futur dystopique où la technologie aurait pris l’ascendant sur l’être humain. Mais alors, comment ces inventions au départ décriées sont-elles devenues aussi plébiscitées par le grand public ?


La fin de l’innovation « gadget »


On peut aisément dégager un tournant dans l’histoire des nouvelles technologies, sur la manière dont elles étaient conceptualisées et commercialisées. Au tournant des années 2000, prévalait la logique du gadget pur et simple en termes de recherche développement. Les grandes firmes de la technologie cherchaient avant tout à surprendre le grand public, en lui dévoilant des avancées spectaculaires pour les moyens de l’époque. Elles tablaient davantage sur l’effet de surprise provoqué par le lancement d’un nouveau produit pour attirer des consommateurs, plutôt que sur ses performances, son ergonomie ou sa simple utilité. Concernant les casques de réalité virtuelle, les premiers prototypes commercialisés au milieu des années 2010 par des firmes comme Sony ou Samsung sont ainsi très embryonnaires. Un casque oppressant, recouvrant l’entièreté du visage de l’utilisateur, l’isolant du monde réel, des performances moindres, ou encore une compatibilité restreinte…. Mais en dépit de ces faiblesses avérées, le simple effet de nouveauté suffisait à séduire les masses. C’est ainsi que le Casque VR de Sony, le Playstation VR, lancé en 2015, s’est écoulé à 5 millions de ventes. Certes le produit ne présentait presqu’aucune plus-value pour l’usager, mais son simple caractère novateur le poussait à occulter sa fiche technique douteuse.


Les entreprises tech créaient un besoin profond chez le consommateur, celui d’assouvir sa soif de curiosité liée à l’émergence d’une toute nouvelle technologie, aussi imparfaite eut-elle été. Cette logique d’offre, où un produit se suffisait à lui-même par son caractère « gadget », semble néanmoins aujourd’hui révolue. L’année dernière par exemple, Mark Zuckerberg promettait, à travers son entreprise Meta, de créer un métavers, monde purement virtuel au sein duquel tous les utilisateurs du monde entier pourraient interagir entre eux. En dépit du caractère indéniablement révolutionnaire d’une telle proposition, le grand public n'en a pas été pour autant séduit, et le projet ne suscite quasiment plus aucun enthousiasme aujourd’hui… Preuve que l’innovation ne se suffit plus à elle-même, ce que les géants de la tech semblent d’ailleurs parfaitement avoir compris.


Des technologies centrées autour du consommateur et de ses besoins


Exit donc le casque VR massif, encombrant au possible, ou encore l’IA générique du dernier téléphone aux lacunes programmatiques criantes, trop peu utile dans ses réponses. A la place, les géants actuels de la technologie, des GAFAM comme Apple ou Google, ont su articuler ces outils dépassés autour d’une technologie incrémentale, incorporant de plus en plus de services susceptibles de réellement servir l’intérêt du consommateur. C’est par exemple le cas du casque « Reality Pro » d’Apple, qui promet pour 2023 de rompre avec l’aspect purement « gadget » des casques de réalité virtuelle : un casque au design épuré, sans fil, et surtout une réelle plus-value pour l’utilisateur, en lui permettant entre autres de matérialiser l’écran de son ordinateur Apple n’importe où, à en croire les dernières rumeurs sur la sortie, imminente, du produit.


Quant à Chat GPT, cette intelligence artificielle n’est que la plus récente des illustrations de ces innovations totalement repensées dans leur rapport au consommateur. Cette IA est faite pour seconder son utilisateur dans la réalisation de tâches plus ou moins complexes, entre créer un site web, rédiger un devoir à la maison, écrire un poème… Les nouvelles technologies ne se cantonnent donc plus à une simple dimension ludique, elles sont devenues diablement pragmatiques, utilitaires. Elles cherchent toujours plus à se constituer comme une aide au quotidien pour leur utilisateur, qui se repose de plus en plus sur leur présence. C’est finalement ce qui explique la facilité déconcertante avec laquelle ces produits sont aujourd’hui acceptés par le grand public.


Toutefois, la crainte liée au caractère invasif des nouvelles technologies subsiste


Pour autant, cette flopée d’inventions promettant de faciliter la vie des usagers ne manque pas de faire jaser. De nombreux enseignants alertent déjà sur la crainte que Chat GPT ne court circuite totalement le monde universitaire, incitant les étudiants à davantage se reposer sur l’algorithme d’une IA plutôt qu’à s’investir dans leurs études. Des établissements comme Sciences Po Paris ont d’ailleurs d’ores et déjà pris leurs précautions pour se prémunir d’un tel scénario. Cette prise de recul quasi immédiate face à l’ampleur du phénomène Chat GPT soulève une nouvelle problématique quant à l’introduction de ces nouvelles technologies incrémentales. A force de seconder l’utilisateur dans ses tâches quotidiennes, ne l’enfermeraient-ils pas dans une forme de dépendance vis-à-vis de leurs services ?


Les interrogations, réelles, au sujet de la digitalisation du Pass Navigo sur smartphone, semblent illustrer cet enjeu. Est-il pertinent de tout déléguer à la technologie, jusqu’à la gestion de sa carte de transport ? Faut-il se résilier à voir sa mobilité paralysée en cas de panne de portable, de batterie déchargée ? Ces questionnements, légitimes, soulignent à quel point le sentiment d’hostilité vis-à-vis des nouvelles technologies persiste. La peur de se retrouver un jour impuissant face à celles-ci est bien là, résidant en chacun d’entre nous. Si l’industrie de la tech a énormément œuvré pour atténuer ce sentiment, l’actualité nous prouve que beaucoup reste à accomplir pour définitivement écarter le spectre d’un futur dystopique.


Hedi Dali














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