Les révélations s’enchaînent à Downing Street. Boris Johnson est accusé d’avoir participé et organisé des fêtes dans sa résidence officielle en période de grandes restrictions contre le Covid-19.
Deux enquêtes sont en cours, une interne au siège du gouvernement et une autre policière menée par la Met (Police londonienne). Boris Johnson est menacé par ces scandales car il aurait participé à des rassemblements illégaux pendant des périodes de confinement où le reste de la population anglaise n’avait pas le droit de sortir ou de se regrouper en intérieur. L’enquête administrative traite de seize fêtes différentes ayant eu lieu au cours des deux dernières années et l’enquête policière ne prend en compte que douze d’entre elles.
Un rapport très attendu
Les premières conclusions de l’enquête administrative menée par Sue Gray au sujet du party gate ont été publiées lundi 31 janvier et ont suscité beaucoup de réactions. Les résultats publiés dans le rapport sont restreints pour éviter de gêner l’enquête de police en parallèle. Même si le rapport est incomplet, il n’en est pas moins sévère. En effet, il pointe «des échecs de leadership et de jugement», des comportements «difficiles à justifier», des rassemblements qui «n’auraient pas dû se tenir» et une «consommation excessive d’alcool pas appropriée dans un cadre professionnel».
De fortes réactions
L’opposition britannique a tout de suite demandé la démission du Premier Ministre. Le dirigeant du parti travailliste, Keir Starmer a notamment donné son avis devant le cercle de réflexion de gauche The Fabian Society «Nous avons un Premier ministre qui est absent et il est incapable de diriger, c'est pourquoi j'ai conclu qu'il devait partir».
Des photos et des mails prouvant l’existence de ces fêtes ont été diffusés sur les réseaux sociaux faisant surgir une forte vague de haine et d’incompréhension de la part de la population britannique. Une lettre écrite par Boris Johnson datant du printemps 2020 dans laquelle il félicitait une enfant d’avoir annulé sa fête d’anniversaire et d’avoir ainsi donné “un fantastique exemple” a été retrouvée et a elle aussi fait réagir.
Boris Johnson sur un siège éjectable
Les prochaines semaines risquent d’être tendues pour Boris Johnson. Entre les menaces d’une éviction par son propre parti et l’attente des résultats de l’enquête de police, le Premier Ministre est en danger. La police dit avoir reçu plus de 300 images et 500 pages d'informations concernant les événements des deux dernières années et envisage de donner les résultats de l’enquête d’ici plusieurs semaines.
Après la publication du rapport interne, le Premier Ministre s’est excusé devant le Parlement pour les fêtes ayant eu lieu au 10 Downing Street mais a refusé de démissionner. Ces événements ont bousculé le parti Conservateur qui se retrouve divisé face à la situation. Certains veulent sa démission, d’autres hésitent. Pour rappel, les élus conservateurs peuvent mettre en place un vote de défiance afin de destituer Boris Johnson de son poste. Une grande partie d’entre eux ont décidé d’attendre les conclusions de l’enquête policière avant de prendre une décision.
Boris Johnson est donc dans une situation d’incertitude inédite qui risque de durer encore quelques temps. Le parti conservateur va-t-il décider de l’évincer par le biais d’un vote de défiance ? Va-t-il rester en poste malgré une réputation de plus en plus en berne? Toutes ces interrogations trouveront des réponses lors de la publication des conclusions policières.
Saskia Juigner-Doubinsky
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