Comme le rapporte le journal Dernières nouvelles d’Alsace, 70% des Français préfèrent manger local et soutenir l’agriculture paysanne et biologique.
Dans une société qui s’est industrialisée et mondialisée au cours du XXe siècle, l’évocation des « circuits courts » semble relever d’une idée novatrice voire pour certains utopiste. Or les circuits courts sont historiquement un mode de production et de distribution utilisé dans différentes sociétés humaines.
Dans un contexte de dérèglement climatique où la population est de plus en plus sensibilisée aux enjeux environnementaux, les circuits courts attirent de plus en plus d’adeptes en France.
L’émergence des circuits courts en France
C’est notamment en 2009 sous l’impulsion de Michel Barnier, alors ministre de l’agriculture et de la pêche, qu’un plan de quatorze mesures est esquissé pour favoriser la commercialisation de produits agricoles en circuit court.
Le gouvernement entend alors ce dernier comme la vente directe du producteur au consommateur de produits issus de l’agriculture ou avec au maximum un seul intermédiaire entre eux. Toutefois, les circuits courts peuvent s’organiser de différentes manières et ne se limitent pas qu’au secteur agricole stricto sensu. Vente directe à la ferme, restauration hors domicile, points de vente collectifs, les alternatives sont nombreuses.
En 2016, 106 018 exploitations en circuit court ont été recensées. Dans un contexte où la crise sanitaire liée au Covid-19 a limité les déplacements, l’achat de produits frais en circuit court a suscité l’intérêt de nombreux Français. Dans une étude menée par Kantar, 64% des Français auraient préféré effectuer leurs achats via des circuits courts.
Si une production française totalement fondée sur le localisme et les circuits courts paraît difficilement envisageable, de nombreux producteurs et consommateurs trouvent dans ce mode d’organisation des vertus bénéfiques pour leur santé, leur environnement et aussi pour leur porte-monnaie.
Soutenir l’économie locale
S’il existe différentes façons d’organiser la vente de produits directe ou par le biais d’un intermédiaire seulement, un certain nombre d’entre elles apportent des bénéfices économiques, en l’occurence pour les producteurs.
À titre d’exemple, les associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP) sont un contrat d’engagement entre un agriculteur et plusieurs consommateurs. Ces derniers reçoivent directement et de manière équitable des produits frais, de saison. C’est également l’assurance pour le producteur de recevoir un prix rémunérateur. En 2015, environ 2000 AMAP ont été recensées en France, la première ayant été créée en 2011.
L’émergence de circuits courts est également l’opportunité pour des communes rurales, parfois dévitalisées par le développement de grands pôles urbains ou de zones commerciales, de redynamiser leur attractivité économique.
Dans le Pas-de-Calais, la commune d’Habarcq a vu se développer un distributeur en libre service se fondant sur les circuits courts et la vente de produits frais. D’abord centré autour de légumes frais et locaux disponibles vingt-quatre heures sur vingt-quatre, le self-service s’est agrandi en 2019 pour donner accès à de la glace artisanale et différents laitages. C’est l’opportunité pour la commune de voir circuler sur son territoire producteurs et clients.
Au-delà d’être un atout économique local voire régional, un gage de produits de bonne qualité, les circuits courts permettent aussi dans une certaine mesure de réduire l’impact négatif de notre consommation sur l’environnement.
Manger local, un geste non négligeable pour l’environnement
L’Agence de la transition écologique (ADEME) a déjà souligné en juin 2017 la possibilité qu’offre les circuits courts de consommer de manière plus raisonnée.
Selon le rapport, 2% des exploitations agricoles en circuit long ont basculé dans l’agriculture biologique, contre 10% pour celles ayant adopté un mode de vente en circuit court.
La vente directe peut aussi favoriser la réduction des emballages, les clients pouvant directement prendre leurs produits bruts.
Enfin, c’est un aussi un moyen de reconnecter les personnes au cycle saisonnier des produits et à l’environnement dans lequel les aliments qu’ils vont consommer ou faire consommer à leurs enfants sont développés. Des applications existent d’ailleurs afin de se renseigner sur les producteurs situés aux alentours de son lieu de vie; c’est le cas d’Epicery, mon commerçant chez moi ou encore petits commerces.
Cependant, il est difficile d’affirmer que les circuits courts constituent de fait un mode de consommation écologique. Si la réduction de la pollution liée aux transports peut sembler évidente, le rapport de l’ADEME souligne que « ramenées au kilogramme de produit transporté, elles [les émissions de gaz à effet de serre, ndlr.] peuvent parfois même être plus élevées. »
Les différents types de circuits courts voire le localisme de façon générale semblent être plébiscités par de plus en plus de Français. Toutefois, il paraît difficile d’atteindre un mode de consommation national uniquement fondé sur des circuits courts, d’autant plus s’ils s’accompagnent d’une production plus raisonnée.
Melchior Delavaquerie
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