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Propositions de dons par les supermarchés : où est le problème ?

© Istock


Alors que les supermarchés peinent à enrayer la spirale inflationniste, les consommateurs les accablent d’autant plus : cette fois-ci, ce sont les micro-dons qui sont au cœur de la tourmente. De plus en plus d’enseignes de la grande distribution proposent à leurs clients d’arrondir le montant de leurs achats au moment de passer à la caisse : c’est l’arrondi solidaire. Or cette pratique, désormais monnaie courante dans les supermarchés de l’hexagone, soulève des interrogations. La traçabilité des micro-dons, ainsi que le manque de communication à leur sujet, suscitent une fois de plus des critiques envers nos magasins. 


La question de la transparence des dons : un réel problème pour les consommateurs


Voilà le premier paradoxe suscité par la mise en place de l’arrondi solidaire : le client consent à un don en faveur d’une association, ou d’une cause sociale, mais n’est pas tenu informé de la manière dont sera mobilisé son apport monétaire.


Il ne s’agit donc pas d’un don éclairé, le client ne mesurant généralement pas les tenants et les aboutissants de sa contribution. Par quels intermédiaires transitera son argent ? Qu’est-ce qui lui garantit que l’association destinatrice du don en bénéficiera un jour ? Pire, n’est-ce pas là un moyen détourné permettant aux supermarchés de se remplir les poches ?


Autant d’interrogations illustrant la méfiance des consommateurs, qui ont tendance à systématiquement décliner les propositions d’arrondi solidaire qui leur sont faites au moment de passer au paiement. En atteste de multiples publications d’internautes sur l’application « X », recueillant des dizaines de milliers de « likes », fustigeant le principe de l’arrondi solidaire. Ce procédé ne serait en réalité qu’un tour de passe-passe des grandes enseignes de la distribution, pour s’enrichir à coup de déductions fiscales. 


Mais la réalité est toute autre. Comme le rappelle la start up MicroDon, à la suite des sollicitations du journal Libération, les supermarchés ne touchent en effet aucune part des dons effectués par leurs clients. Ils les reversent entièrement aux associations destinataires. Ils ne bénéficient ainsi aucunement de déductions fiscales, les seuls pouvant aspirer à un tel avantage étant justement les clients donateurs, qui ont donc tout intérêt à donner de leur argent à une cause sociale. En revanche, et c’est là tout l’objet de la confusion généralement faite par tout un chacun, l’enseigne de grande distribution peut bénéficier d’une défiscalisation si elle effectue un don indépendant des donations faites par ses clients.


Loin donc de l’image du grand groupe aux manœuvres pernicieuses, s’enrichissant sur le dos de sa clientèle. 


Capture d’écran d’un tweet de @digiikitty, 02/02/2024.


Un problème de communication plutôt qu’un manque de sincérité


On l’a vu, l’arrondi solidaire ne présente finalement que des avantages pour le consommateur, contrastant avec une opinion populaire hostile à ce procédé, pourtant souhaitable à bien des égards.


Cette discordance entre l’imaginaire collectif et la réalité des faits découle en réalité d’un seul et même phénomène : le manque de communication de la part des magasins au sujet du processus de donation.


Olivier Cueille, directeur de MicroDon, une startup à l’origine de plusieurs campagnes de donations dans les supermarchés, tels Monoprix pour une opération de collecte à la suite de l’incendie de Notre Dame de 2019, souligne ce problème. Il rappelle que les hôtes de caisse des enseignes de grande distribution sont tenus de suivre une formation afin d’accompagner les clients dans la procédure de l’arrondi solidaire. Idéalement, les caissiers devraient adresser à chaque nouveau client une courte présentation au sujet des aspects et conséquences de ces micros-dons. Pourtant, il s’avère que les géants de la distribution négligent souvent cette étape, cruciale pour éclairer le consommateur dans son choix. De plus en plus de clients se plaignent ainsi de l’absence de ces fameux conseils. Une absence problématique, dont découle évidemment une certaine méfiance à l’égard des magasins. Il est donc indispensable pour ces supermarchés comme Lidl, Monoprix ou Carrefour, de renouer le dialogue pédagogique avec leurs clients, afin de dédiaboliser une initiative plus que salutaire pour l’intérêt général.


Hedi Dali


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