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Quel avenir politique au Tchad ?

Mahamat Idriss Déby Itno, le chef d’Etat sorti de l’ombre


Malgré sa lourde carrière militaire et sa place cruciale au sein du dispositif de sécurité présidentiel, le général Mahamat Idriss Déby Itno, n’a jamais été mis au premier plan durant la longue gouvernance de son père (1990-2021). Aujourd’hui à la tête de l’État tchadien, le général de 37 ans fait osciller l’opinion entre espoir et inquiétude.


En avril 2021, l’un des fils de l’ancien Président et chef de la junte militaire du Tchad, Mahamat Idriss Déby Itno, s’était auto déclaré chef de l’Etat, à la tête d’un Conseil militaire de transition. 14 généraux, tous des proches de son père, siègent à ces côtés.


Place de la Nation, N’Djaména ©YACOUB DOUNGOUS


Le Conseil, dès sa création, a œuvré en faveur de la dissolution de l’Assemblée nationale, la révocation du gouvernement et l’abrogation de la Constitution du pays. En parallèle, les militaires ont promis des élections libres et transparentes dans les 18 mois, ainsi que la désignation « rapide » d’un parlement intérimaire faisant office d’Assemblée nationale, en attendant que les institutions ordinaires prévues par la loi soient remises sur pied. Ce Parlement, le Conseil national de transition (CNT), n’a vu le jour qu’au bout de 5 mois.


En effet, vendredi 24 septembre dernier, Mahamat Idriss Déby Itno a désigné, comme prévu, les 93 députés qui constitueront le parlement de transition, au sein du Conseil national de transition (CNT). Ils sont issus de 12 composantes politiques différentes et respectent certains quotas : 30% de femmes, 30% de jeunes, 30% de députés de l’Assemblée sortante. Le général a accepté de tendre la main aux groupes et coalitions rebelles, à condition qu’elles déposent les armes, ce qu’ils sont loin d’avoir tous acceptés.

Néanmoins, le mouvement Wakit Tama, rassemblant divers groupes qui dénoncent un coup d’Etat de la part de Mahamat Idriss Déby Itno, déplore l’exclusion de ses membres du CNT. Le mouvement évoque dévolution dynastique » du pouvoir à N’Djaména.


Malgré la désignation d’un gouvernement le 11 mai dernier, dirigé par le 1er ministre Albert Pahimi Padacké, Mahamat Idriss Déby Itno conserve lui seul la grande majorité du pouvoir exécutif. Cette action avait été menée sous de fortes pressions internationales.


Qu’en dit l’opinion internationale ?


Les réactions internationales ne retentissent pas. Pendant que de nombreuses organisations tchadiennes dénoncent un coup d’Etat, aucun pays étranger ne l’a dénoncé. La France a par ailleurs félicité la prise de pouvoir de Mahamat Idriss Déby Itno, tant que les élections se tiendraient bien dans un délai de 18 mois. Le Président Emmanuel Macron a également rencontré son homologue tchadien à deux reprises durant l’été. Wakit Tama dénonce les réactions de Paris qui auraient « donné beaucoup de légitimité à ce coup d’Etat ce qui a ensuite entraîné les autres pays de l’Union africaine à reconnaître le coup d’État et la junte. ».


A l’heure où Amnesty International demande à la junte d’arrêter d’intimider les voix dissidentes, Babba Ladé, ancien chef rebelle et protagoniste du conflit en République centrafricaine ces dernières années a été nommé chef des services de renseignement. Cette désignation laisse planer le doute sur les velléités du nouveau chef tchadien, qui l’a placé à ce poste.

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