top of page
Photo du rédacteurloeildassasparis2

Quotidien sur TMC, l’émission face à ses contradictions


Yann Barthès à l’affiche de « Quotidien » (TMC)

« Quotidien » est une émission d’« info divertissement », diffusée en prime time depuis 2016 sur la chaîne TMC. A l’appui de chroniques et autres reportages, le programme balaye largement l’actualité nationale et internationale, le tout sur un fond d’humour. Mais l’attrait de l’émission pour le divertissement semble justement avoir pris le dessus sur son traitement de l’actualité, jusqu’à l’étouffer au travers de nombreuses polémiques. Vivement critiquée ces derniers mois, « Quotidien » n’en connaît pas moins un succès d’audience inédit. Symbole de la transformation du programme ?


Une émission initialement fondée sur des valeurs fortes


Interrogé en 2018 dans les colonnes du Parisien sur la ligne éditoriale de l’émission « Quotidien », dont il est le co-fondateur et présentateur, Yann Barthès s’attachait à défendre des idées claires : un soutien ferme au mouvement LGBT, une volonté d’émancipation vis-à-vis des extrêmes politiques, et une réelle inclusivité que devaient faire ressortir les différentes séquences du programme. Lancée en 2016, l’émission a alors rapidement su séduire une large audience progressiste, en atteignant la barre du million de téléspectateurs, et près de 6% des part du marché audiovisuel dès sa première saison. Une recette gagnante à base de chroniques efficaces, à l’humour bien senti, mais surtout d’invités pertinents. De Julien Doré à Kad Merad, en passant par Squeezie, Tom Cruise, ou Jean-Michel-, « Quotidien » se proposait de refaire l’actualité en s’appuyant sur des personnalités issues d’horizons très variés, toutes traitées avec respect. De même pour les sujets et thématiques abordés, allant de la couverture des élections présidentielles américaines de 2016 à des reportages sur les championnats nationaux de lecture rapide. En bref, « Quotidien » était à ses débuts perçue comme une émission à la fois sérieuse et légère, contrastant avec les coups d’éclat, et parfois la lourdeur, de son pendant plus « mainstream » : « Touche pas à mon poste », présenté par Cyril Hanouna. Certains espéraient même que le nouveau jouet de Yann Barthès lui serve à progressivement éclipser ce programme très clivant, au goût prononcé pour la polémique. Pourtant, c’est bien l’inverse qui est en train d’advenir.


Les contradictions profondes de « Quotidien » vont-elles mener l’émission à sa perte ?


Fréquemment sous le feu des critiques ces derniers mois, l’émission semble avoir perdu la recette qui faisait son succès à ses débuts. Yann Barthès et les siens sont ainsi régulièrement pointés du doigt. Pour des pratiques jugées peu déontologiques par exemple : en février 2023, la chroniqueuse Ambre Chalumeau, animant la rubrique culturelle de l’émission, a ainsi repris des éléments du livre Rivalité, nom féminin, de Racha Belmehdi, sans citer l’autrice, pour illustrer des rivalités entre personnalités de sexe féminin. Face à la polémique, silence total de la part de la rédaction, et réponse quelque peu sommaire de la chroniqueuse. On est loin de la rigueur et du soin apportés à l’origine par l’émission dans ses relations avec ses intervenants. Mais surtout, certains chroniqueurs sont critiqués pour faire preuve d’un mépris affiché envers certains phénomènes sociaux, voire certains individus. Ce mois-ci, c’est Nicolas Fresco qui a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux en réalisant sa chronique sur deux influenceuses :Polska et Tootatis. Le chroniqueur leur reprochait avec une condescendance certaine de participer de manière caricaturale et superficielle aux mouvements sociaux contre la réforme des retraites. Si les deux femmes ont reçu une vague de soutien, les critiques se sont en revanche abattues sur Yann Barthès et son équipe, dans ce qui s’apparente à un véritable procès médiatique. Invoquant le « second degré », le chroniqueur visé a néanmoins semblé se dédouaner de toute responsabilité. Pour autant, de nombreux internautes apparaissent indignés de cette séquence, notamment parmi les plus fidèles du programme. Le constat général est alarmant : cette émission prônant auparavant l’inclusivité, la tolérance, semble de plus en plus tomber dans le snobisme. Moquant des personnalités publiques, s’octroyant le droit de juger ce qui est légitime ou non à travers des rubriques plus que questionnables… De quoi mettre à mal tout un modèle ?


Place au show : vers un changement de nature du programme



Le sulfureux Nicolas Fresco, symbole du virage éditorial entrepris par l’émission (TMC)

Le sulfureux Nicolas Fresco, symbole du virage éditorial entrepris par l’émission (TMC)

En réalité, il n’en est rien. Si le succès d’estime de « Quotidien » s’effrite, ce n’est paradoxalement pas le cas de son audience, en hausse exponentielle. Ainsi, l’émission a atteint en 2022, lors de sa saison 7, son record de téléspectateurs (près de 2 millions sur une émission, soit 11,9% des parts du marché). Et pour cause, « Quotidien » semble s’accommoder de ces polémiques, qui lui attirent une audience plus large. Yann Barthès donne l’impression de privilégier dorénavant les résultats audiovisuels et les parts de marché à l’authenticité de son programme. Ses équipes et lui recherchent davantage les coups d’éclats et les séquences marquantes, qui leur permettraient de prendre les devants de la scène. D’un accrochage très houleux avec Pascal Praud, à base d’invectives à la « Ta gueule », répétées plusieurs fois sur le plateau, à l’affaire Polska et Tootatis, en passant par la réception très médiatisée d’Omar Sy, Quotidien cherche en bref de plus en plus à faire le buzz. Si l’émission est en déperdition, c’est avant tout parce qu’elle se dénature d’elle-même, cherchant aveuglément le succès comptable, en esquivant les exigences de son fidèle audimat, de plus en plus déçu. Finalement, « Quotidien » semble s’engager sur la même pente savonneuse que « Touche Pas à Mon poste », programme pourtant abondamment critiqué dans le passé par l’équipe de l’émission. Ou comment Yann Barthès a fini par devenir ce qu’il détestait le plus au monde.


Hedi Dali







52 vues0 commentaire

Comentarios


Post: Blog2_Post
bottom of page