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Simone, le voyage du siècle : un biopic à la hauteur de celle qu’il représente ?

Pour la cinquième semaine consécutive, Simone, le voyage du siècle, connaît un succès considérable au cinéma. Après ses deux derniers longs métrages, La Môme, sur Edith Piaf en 2007, puis Grace de Monaco en 2014, le réalisateur Olivier Dahan renouvelle le genre biopic avec cette fois-ci comme icône, Simone Veil. Incarnée à tour de rôle par Rebecca Marder et Elsa Zylberstein, si le rôle de Simone est poignant et bien assuré, la réalisation n’est pas sur tous les points à la hauteur de la femme qu’elle représente.

Simone, Le voyage du siècle (Warner Bros)


Une incarnation digne du nom de Veil


« Je voulais la rendre viscérale, l’incarner, la trouver, trouver ses pas, trouver chaque mot, chaque intonation, chaque respiration », affirme Elsa Zylberstein, l’actrice qui incarne le rôle de Simone entre 1968 et 2006. Tout au long du biopic, elle parvient à trouver dans le personnage de Simone une femme de caractère dont elle s’imprègne complètement, tant avec sa sensibilité que sa pudeur. Rebecca Marder, qui interprète Simone dans sa jeunesse entre 1941 et 1961, façonne elle aussi l’image de Simone. Elle dépeint le portrait d’une jeune femme ambitieuse et téméraire. Tous ces combats étant encore d’actualités et remis en question aujourd’hui plus que jamais, elle renvoie grâce à sa sensibilité une image forte et inspirante pour la nouvelle génération.


Si le récit reste manichéen, les deux actrices qui se succèdent pour interpréter Simone Veil parviennent à se donner corps et âme dans le personnage, et se l’approprient de façon très convaincante, jusqu’au moindre détail. Elles parviennent toutes deux à reproduire l’attitude de Simone, en passant par ses tics de langage ou encore en reproduisant à l’identique ses postures corporelles, sa gestuelle, en imitant son intonation, et ses expressions du visage.


Une mise en avant minime de ses combats

Le début du film, bien que quelque peu décousu, retrace les combats de Simone Veil. Il nous permet de nous détacher de l’idée que l’on a, limitant Simone Veil à son action sur la question du droit pour la femme et du droit à l’interruption volontaire de grossesse en France. En effet, la volonté de Simone Veil d’apporter une dignité à chacun est mise en avant. Pour montrer cette facette moins connue, l’accent est mis au début du film sur son combat pour les conditions carcérales des détenus, notamment des femmes. Des scènes montrant l’accompagnement des toxicomanes et le soutien des malades du Sida sont également montrées. Envers et contre tout, elle lutte pour la dignité de chaque individu, sans tenir compte de leurs antécédents, délits ou crimes commis.


Cependant, ses combats politiques et professionnels ne constituent pas la part majeure de ce biopic, qui accorde une place bien plus importante à son histoire. En effet, son passé dans les camps lors de la Shoah occupe une place prépondérante.


Sur les traces du passé de Simone Veil : un accent mis sur la Shoah


Le biopic dépeint la réalité de la Shoah de façon crue. Il est majoritairement concentré sur la déportation des juifs et les ignominies de la Seconde Guerre mondiale. Il retrace les différents points de cette étape de la vie de Simone Veil. En passant par son arrestation, sa déportation et sa libération, ce biopic aborde des éléments peu explicités dans d’autres films et documentaires. La cruauté des déportés entre eux est évoquée sans censure ni tabou. Il s’agit également d’un des rares films qui dépeint la santé mentale des prisonniers, mais également celle des survivants. Si la plupart des films sur la Shoah démontrent bien les conditions ignobles auxquelles sont condamnés les juifs, peu sont ceux qui dévoilent la réalité psychologique qui demeure au cœur des camps de la mort, et des séquelles irréversibles des rescapés.

Elsa Zylberstein incarnant Simone Veil aux portes de Auschwitz Birkenau (Warner Bros)


Des enjeux politiques bien trop importants pour être mis de côté

Bien que rempli d’humanité, ce biopic, bouleversant et poignant, met peu en avant la vie politique de Simone. Ses accomplissements sont délaissés au détriment de son passé, et l’intégralité du récit tourne autour du traumatisme qu’elle a vécu durant son adolescence. Bien qu’il s’agisse d’une étape de sa vie plus que bouleversante, il aurait été tout aussi pertinent de rappeler les combats menés en héros par Simone, notamment dans le contexte de crise actuel, où les droits des femmes sont les premiers à être remis en question. Aujourd’hui, tous ces combats sont encore d’actualité, et la mémoire de Simone Veil doit rappeler à la société combien il est important de continuer à lutter pour les droits de l’homme.


Lola Gautier




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