Après l’Assemblée nationale à la fin du mois de janvier, le Sénat a unanimement validé le projet de loi pour la restitution des œuvres spoliées pendant la seconde guerre mondiale.
Cette loi était très attendue pour toutes les familles de celles et ceux qui, lors de la seconde guerre mondiale, s’étaient vu forcés de remettre leurs œuvres d’art aux autorités nazies ou de les vendre pour des prix souvent dérisoires. Plus de 100 000 œuvres ont ainsi été dérobées sous le Reich d’Hitler rien qu’en France, dont 60 000 seulement sont revenues après la guerre. Peintre en devenir, la carrière d’Adolf Hitler est arrêtée brutalement lorsqu’il rate le concours de l’Ecole des Beaux-Arts de Vienne ; sans doute est-ce pour cette raison qu’il décida de créer un musée monumental à Linz en Autriche, construit à partir des milliers d’œuvres volées et des millions de livres et d’objets collectés. Des tableaux de Klimt, Renoir, Chagall ou encore Utrillo ont notamment été pris des mains de leurs propriétaires.
Après la seconde guerre mondiale, les Etats ont voulu rendre ces biens culturels spoliés lors de cette vertigineuse razzia nazie. La France a longtemps été accusée de retard par rapport à plusieurs voisins européens en matière de réparation. Toutefois, une mission de recherche et de restitution des objets spoliés entre 1933 et 1945 a été créée au sein du ministère de la culture il y a deux ans. Par ailleurs, les œuvres faisant partie des Musées Nationaux Récupération (MNR) répondent à une législation précise ; elles ne sont ni la propriété du musée, ni la propriété de l’Etat puisque ce-dernier n’est que le détenteur provisoire jusqu’à l’identification des propriétaires ou des ayants droits. C’est ainsi que, par exemple, Roses dans un vase d’Auguste Renoir, après avoir été dérobé par des SS pendant la seconde guerre mondiale en France, et retrouvé en Bavière en 1949, est exposé au musée des beaux-Arts de Limoges jusqu’à ce que les propriétaires soient retrouvés.
Cette loi était nécessaire pour déroger au principe d’inaliénabilité des collections publiques. Ce principe, qui existe depuis l’Ancien Régime, est celui qui a empêché et qui empêche toujours la restitution de nombreuses œuvres dérobées aux populations africaines et amérindiennes lors les colonisations européennes successives. Les sénateurs de tous bords ont salué des restitutions allant « dans le sens de l’apaisement » et la « fin d’un processus trop long ». De son côté, la ministre de la Culture s’est félicitée de cette loi « historique ». Roselyne Bachelot a en outre déclaré que, pour la première fois depuis 70 ans, « un gouvernement engage une démarche permettant la restitution d’œuvres des collections publiques spoliées pendant la seconde guerre mondiale ou acquises dans des conditions troubles pendant l’Occupation, en raison des persécutions antisémites ».
La loi approuvée il y a quelques jours par le Sénat va permettre la restitution de 15 œuvres dont le Rosier sous les arbres de Gustav Klimt conservé actuellement au musée d’Orsay. Des recherches ont permis d’établir que le tableau appartenait à Eléonore Stiasny, une femme autrichienne juive qui l’a cédé lors d’une vente forcée à Vienne en 1938, avant d’être déportée et assassinée.
Les quelques 2000 œuvres d'art toujours orphelines sont répertoriées sur le site du gouvernement, dans les archives Rose Valland, du nom de cette résistante qui a œuvré à leur sauvetage pendant la guerre.
Célia Dusser
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