Mercredi 24 janvier, quelques centaines de personnes se sont réunies devant l’Ambassade d’Argentine. Ce rassemblement, comme d’autres en Europe, s’organise en soutien à la grève générale des travailleurs argentins contre la politique de Javier Milei.
« El pueblo unido jamás será vencido ! » (le peuple uni ne sera jamais vendu), ce slogan reprit en coeur, symbole de la lutte des citoyens opprimés, emplit les rues du chic seizième arrondissement parisien. Devant le métro Boissière, les musiciens argentins réchauffent l’atmosphère sur une scène improvisée. Avec le mot d’ordre « l’Argentine n’est pas à vendre », les expatriés ont organisé des rassemblements dans toute l’Europe pour protester contre la politique ultra-libérale du nouveau gouvernement argentin. Une intersyndicale a répondu à l’appel parisien lancé par l’Assemblée des argentins en France, notamment la CGT, l’UNSA ou encore la CFDT. Pour beaucoup de personnes présentes ayant connu les crimes de la dictature à la fin des années 1970, c’est surtout « une peur que ce passé resurgisse ».
« Une alliance entre les minorités et les travailleurs »
Arrivé au pouvoir le 10 décembre 2023, Javier Milei, économiste qui se définit comme « anarcho-capitaliste » a très rapidement mis en place son projet de réduire au strict minimum le rôle de l’Etat. Dans un contexte d’inflation record, son méga-décret (DNU) et sa « loi omnibus » prévoient une dévaluation du peso (la monnaie argentine), une modification des niveaux de pension ou encore la privatisation d’entreprises publiques.
En retrait de la foule, Maria Ramirez 33 ans, écoute d’une oreille attentive les différentes prises de parole sur la scène installée par la CGT. Le regard charbonneux et entourée du drapeau argentin, elle est arrivée en France il y a environ une vingtaine d’années. En lien avec de la famille à Buenos Aires, elle ne cache pas son inquiétude : « Milei est un ultra-libéral raciste et négationniste, un pantin qui agit pour renforcer l’hégémonie du capital dans le pays. L’Argentine n’est pas à vendre ! ».
La lutte féministe a également une place importante au sein de cette mobilisation ainsi qu’en Argentine. Christine Villeneuve, cheveux courts et mains serrées autour d’une pancarte de l’Alliance des femmes pour la démocratie, se sentait obligée d’être présente. Pour elle : « Il doit y avoir une alliance entre les minorités et les travailleurs car il est clair que ce projet néo-libéral autoritaire entend mener une guerre contre le droit des femmes et des homosexuels ».
Une Argentine qui, ces dernières années, s’était affirmée comme l’avant-poste de la lutte féministe et progressiste en Amérique Latine.
« Une situation qui fait écho à la montée de l’extrême droite en Europe »
De nombreux partis politiques français étaient présents, comme le NPA, La France Insoumise ou encore le Parti Socialiste « afin d’apporter leur soutien au peuple argentin ». Thomas Portes, député LFI de Seine-Saint-Denis, dans un discours largement applaudi par la l’audience condamne « la bienséance du gouvernement Macron avec le pouvoir Milei, dans la continuité de leur rencontre au Forum de Davos afin de parler lithium ».
Bon nombre de personnes présentes ce soir là s’inquiètent également de la criminalisation des luttes sociales en Argentine, notamment par le biais du « protocole » répressif imposé par la ministre de Sécurité, Patricia Bullrich.
Olivier Faure, député et Premier secrétaire du Parti Socialiste, voit « une situation qui fait écho à la montée de l’extrême droite en Europe ». Des partis populistes qui, une fois au pouvoir : « s’allient au capital et limitent les libertés dans une logique autoritariste ». Pour Maria Ramirez, il est important que le « prolétariat s’unisse internationalement face à une extrême droite mondiale grandissante et menaçante ».
TRISTAN LOMBARD
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