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Ça aura été dur d’avoir 20 ans en 2020 


Le 14 octobre, le Président de la République impose un couvre-feu à partir de 21h. Après une année mouvementée, remplies de restrictions, Emmanuel Macron entend rassurer les français sur le bienfondé de telles mesures qui seront, à terme, plus que bénéfiques pour les français. Dans son discours, le Président fait alors une allusion aux jeunes, de deux phrases certes, mais qui est restée dans les mémoires de beaucoup : « C’est dur d’avoir 20 ans en 2020 » avant d’ajouter que les jeunes sont ceux qui « vivent un sacrifice terrible. Des examens annulés, de l’angoisse pour les formations, de l’angoisse pour trouver le premier job. (…) Quand on est jeune, on fait la fête, on a des amis… ». Ces mots sont largement repris sur les réseaux et dans la bouche de nombreux jeunes ; avec ironie parfois, moquerie et lassitude souvent, mais toujours un sentiment partagé. Du point de vue de la vie étudiante, de la vie sociale, des voyages, des rencontres, bref à tous égards l’impact du Corona chez les jeunes est notable.


Au début de l’année 2020, les premières mesures perçues par les étudiants étaient sans doute la fermeture des universités, pour une durée indéterminée. Le sentiment premier de consternation a laissé place à l’anxiété et le stress de poursuivre les cours à distance pour certains, ou la joie de suivre les cours depuis les td depuis leur lit pour d’autres. Quoi qu’il en soit la vie étudiante s’est trouvée bouleversée. Adieu les pauses café entre deux amphis, adieu les petits-déjeuners/ déjeuners/ gouters/ diners au Crous, adieu les réunions dans le local des assos et adieu les happy hour bien mérités après une journée à la BU. Tout le monde s’est trouvé contraint de travailler à la maison, dans un 9m² ou dans une grande maison et alors plusieurs catégories d’étudiants en sont ressorties : ceux qui ont dû faire face à l’angoisse de se mettre à travailler sans horaires déterminés pour les pousser à fixer un cadre ; ceux qui arrivaient à allier vie de famille et horaires de cours sans trop de difficultés ; ceux pour qui retourner dans la maison familiale était compliqué après tant de temps passé à vivre seul ; ceux qui n’ont plus rien fait dès la fermeture des universités par paresse, distractions multiples, problèmes de connexion à répétition ; ceux qui ont beaucoup travaillé et qui n’ont pas pu profiter du confinement pour faire les choses que tous les influenceurs proposaient de faire pour mettre à contribution le temps libre ; ceux qui même avec un travail étudiant ont réussi à garder la tête hors de l’eau.


Bref, chaque étudiant a essayé de vivre au mieux les mesures de restrictions imposées par le gouvernement. Il apparait alors important de penser à tous ceux qui, avec la perte de leur emploi étudiant se sont retrouvés à payer leur loyer et leur alimentation avec rien à la fin du mois ; les chiffres des Restos du Cœur lors de la campagne ayant débuté en novembre montrent que 50% des inscrits ont moins de 25 ans.

A un autre degré de déception de l’année 2020 ; avoir 20 ans c’est aussi voyager, profiter de la possibilité de découvrir les villes européennes, les pays outre atlantique, les contrées asiatiques et les paysages africains. Mais l’année 2020 a une fois de plus montré que les projets des jeunes pouvaient être remis en question en un claquement de doigt (ou en une morsure de chauve-souris). Les étudiants qui avaient prévu le voyage de leur vie, en économisant et en préparant durant de longues heures leur périple avec leurs amis, leur famille, seul ou en couple, ont dû remettre à plus tard leur soif de découverte. Les étudiants qui avaient prévu l’échange universitaire tant rêvé, ont également dû faire une croix sur la possibilité d’aller dans une université partenaire d’Assas ou autres. Après avoir passé du temps à constituer un dossier, à être sélectionné dans l’université souhaitée, préparer leur voyage (logement, visa, valise, économies), les pays décident de fermer les frontières et annulent les voyages non professionnels. Une chance en moins pour l’étudiant dont le rêve était d’étudier à l’étranger.


Il aura été dur d’avoir 20 ans en 2020. Dur de passer à côté des nombreuses soirées arrosées qu’offraient les bars, dur de se priver des moments passés à partager un repas autour d’une table en terrasse parisienne et de boire un chocolat chaud entre amis pendant la période de Noël. Les restaurants et bars qui ont si souvent accueilli les étudiants pour célébrer la fin des partiels, la fin des cours ou la fin d’une journée un peu trop longue ; qui ont vu des étudiants avoir leur premier date, qui ont vu des anciens amis se retrouver et des connaissances de fac devenir amis ; qui ont vu des anniversaires se célébrer et de nombreux verres se lever. Les bars et restaurants sont pour beaucoup d’étudiants un échappatoire et une possibilité de faire des rencontres, ils permettent de décompresser, de passer de bons moments et de s’amuser (mot devenu presque désuet en 2020).


Les rencontres justement, quel mot étrange en 2020 ! Les étudiants qui ont intégré la fac cette année ne pouvaient pas avoir pire comme année pour rencontrer d’autres étudiants, participer à des associations et profiter pleinement de la vie étudiante. Non les partiels ne se tiennent pas à distance « normalement » mais en amphithéâtre. Non les cours ne sont pas retransmis en direct sur l’ENT avec une connexion plus qu’instable. Non les associations ne se réunissent pas seulement sur zoom et ne se côtoient pas uniquement par l’intermédiaire de Messenger. Non Assas n’est pas une fac morte, sans évènement organisé par les associations et sans conférences tenues par des professionnels venus partager leur savoir avec les élèves.


Pour finir, cet article n’a pas vocation à remettre en cause la parole de ceux qui s’efforcent de dédramatiser la situation des jeunes en comparant notre génération aux générations antérieures, qui ont vécu pire que ce que nous vivons aujourd’hui. Cet article ne vise pas à réduire à néant les arguments selon lesquels les octogénaires n’étaient pas enchantés de combattre durant la guerre d’Algérie, et qui expliquent que les horreurs de la Seconde guerre mondiale ont laissé plus de traces dans les esprits de ceux qui étaient alors âgés de 20 ans que la Covid-19 n’en laissera aujourd’hui chez les jeunes. Pour autant le risque de dépression chez les moins de 25 ans doit être pris au sérieux, comme Olivier Véran l’a prévenu le 18 novembre : « Nous voulons éviter une troisième vague, qui serait une vague de la santé mentale pour les jeunes »


L’année 2020 s’achève. Pourvu que les paroles d’Emmanuel Macron ne résonnent pas encore longtemps dans la tête des jeunes.


Célia Dusser

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