Après des élections municipales mouvementées en pleine crise sanitaire, L’OEil d’Assas a voulu recueillir des témoignages d’étudiants nouvellement élus conseillers municipaux. Un dossier a été constitué et son contenu sera régulièrement publié : les entretiens eux-mêmes dans un premier temps, puis un article synthétique essayant de dresser des « profils types » d’étudiants élus dans un second.
N.B. : Le présent article retrace fidèlement l’entretien effectué le 10 novembre 2020. L’OEil d’Assas ne saurait être considéré comme soutien des propos suivants, qui n’engagent que la personne interrogée.
Émilien FAUCON, 21 ans, est étudiant à Assas en Master 2 Études politiques.Impliqué dans la vie associative locale, l’engagement politique a constitué une suite logique pour lui.
Nouveau conseiller municipal à Soissons siégeant dans la majorité, se sentant une appartenance à la droite républicaine tournée vers le centre, Émilien s’est engagé aux côtés du maire sortant après une première expérience enrichissante au sein de son cabinet. Conscient que le temps de la campagne est révolu, il est désormais parti en quête de résultats tangibles à apporter aux Soissonnais.
Quelles ont été les raisons de ce nouvel engagement politique ?
Je me suis d’abord engagé dans le tissu associatif, par exemple au sein d’une association prônant une citoyenneté active et européenne, ou encore en fondant une association destinée à favoriser l’intégration sociale des personnes exilées au sein de la population locale. Pour moi, « faire de la politique » se traduit d’abord par l’engagement au service du plus grand nombre.
Ma participation aux élections municipales à Soissons s’est révélée être une suite logique, ayant effectué un stage au cabinet du maire sortant, ce dernier m’a invité à rejoindre sa liste. Au fond, mon engagement dans des fonctions électives relève en partie de circonstances favorables, d’une opportunité que l’on m’a offerte et que j’ai saisie.
Vous sentez-vous une affiliation partisane, une tendance politique ?
Je n’ai pas renouvelé depuis 2017 mon adhésion au parti Les Républicains, que j’avais rejoint deux ans plus tôt alors qu’il s’appelait encore l’UMP. Je me sens cependant membre d’une « famille politique », celle de la droite républicaine. Une droite sociale, dans laquelle je compte Philippe Séguin et aujourd’hui Xavier Bertrand par exemple. Une droite revendiquant l’héritage du gaullisme, le libéralisme économique, l’autorité de l’État, une action publique sociale et inclusive. Il faut impérativement du social, tendre la main à celles et ceux à qui la vie n’a pas fait de cadeau, mais qui s’efforcent malgré tout d’aller de l’avant.
Quels sont vos objectifs en tant que jeune conseiller municipal primo-élu ?
Mon principal objectif est de tenir la délégation que le maire m’a confiée, d’honorer la feuille de route qui ne repose pas sur un bilan favorable mais dresse bel et bien un nouveau cap. Je veux supporter la liste que j’ai intégrée et qui a obtenu la confiance des Soissonnais, porter des projets au sein des quartiers prioritaires de la politique de la Ville ainsi que des projets promouvant une citoyenneté active. Par exemple, je pilote la mise en œuvre du projet de budget participatif qui permettra aux habitants de voter pour les actions qu’ils auront eux-mêmes proposées. Il s’agit de véritablement « décloisonner » la vie politique. Soissons a vu de nombreuses initiatives citoyennes fleurir pendant les confinements, la Ville doit leur en donner les moyens.
Je me spécialise dans mes fonctions mais veille à ne pas rester enfermé dans un domaine. Il faut savoir être force de proposition pour mettre en œuvre la feuille de route rédigée lors de la campagne électorale.
Comment conjuguer vie politique et études/travail ?
N’ayant pas l’agenda d’un Adjoint, et bien moins encore celui du Maire, c’est plus facile. J’étais en outre déjà adapté au cumul de responsabilités et d’activités dans la vie privée. Il faut avoir un sens de l’organisation, un agenda carré, bien ordonner son travail. Je ne ressens pas de difficulté à mêler la politique, les études, l’associatif et les loisirs.
Quel bilan tirez-vous de ces élections municipales si spéciales (difficultés à battre campagne, second tour très tardif, abstention record…) ? Ceci tant au niveau de votre commune qu’au niveau national.
En effet, ces élections ont été très spéciales ! Entre septembre 2019 et février 2020, notre campagne n’a pas été impactée, nous avons réalisé les collages, les cafés citoyens… C’était donc le commencement d’une campagne qui s’annonçait traditionnelle. L’avancée surprise du coronavirus a poussé à la précipitation à la veille du premier tour. Nous étions en train de distribuer des tracts lorsque nous avons reçu une notification à propos d’un confinement et d’un possible report des élections municipales : j’étais stupéfait sur le moment ! A cette époque ne régnait pas encore une certaine psychose, nous pensions surtout aux élections : la Covid-19 était encore lointaine, et pas seulement chez les candidats ! L’allocution présidentielle confirmait quant à elle le maintien du premier tour. L’élection du conseil municipal de Soissons a eu la chance de ne pas nécessiter de second tour, à l’instar de plus de 30 000 communes.
Que ressent-on lorsqu'on est élu ?
C’est un sentiment particulier. Nous avons été élus au premier tour en mars 2020, avant la période du confinement. La proclamation des résultats s’est déroulée en comité restreint dans la salle solennelle de l’Hôtel de Ville. Cette élection a été une fierté après la campagne : nous avions convaincu les Soissonnais ! J’étais heureux tout en sentant le poids des responsabilités arriver. Il était temps de passer du discours aux actes : il faut en effet rapidement des résultats concrets et tangibles pour continuer à améliorer le quotidien des Soissonnais.
Un petit mot à nos lecteurs et lectrices pour clore cet entretien ?
Je dirais que c’est LE moment pour s’engager ! Quel que soit l’engagement, il faut se lancer sans avoir peur : « au pire, ça marche » ! Nous avons besoin de solidarité, de nouveaux engagés, chacun selon ses facultés et ses envies. Il est urgent de recréer un tissu interpersonnel de solidarité et de rendre ses lettres de noblesse à cette valeur de la République trop souvent oubliée qu’est la Fraternité.
propos recueillis par Pierre Pelini
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