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Éthiopie : vers une stabilisation inespérée de l’est de l’Afrique ?

Sous l’égide de l’Union Africaine, un traité de paix fut signé le 12 novembre dernier pour mettre fin à la guerre du Tigré, région éthiopienne symbolisant les instabilités territoriales du flanc ouest du continent africain.

Des tanks de l'armée fédérale éthiopienne roulant dans la capitale Addis-Abeba. (Minasse Wondimu Hailu/Anadolu Agency via Getty Images)

Situé dans la zone géographique de la « corne de l’Afrique », l’Éthiopie est le deuxième pays le plus peuplé du continent, avec 110 millions d’habitants.

80 communautés différentes cohabitent sur ce territoire, communiquant avec des dialectes locaux. C’est pourquoi cet État est divisé en 10 régions administratives à l’autonomie forte, afin de limiter au maximum les conflits inter-régionaux présents depuis plusieurs décennies. On appelle cela le « fédéralisme ethnique » selon Noé Hochet-Bodin.


L’Éthiopie, un pays aux perpétuels défis


En trente ans, le pays a su affronter les défis économiques, étant auparavant l’un des pays les plus pauvres d’Afrique. La famine, qui s’est étalée sur deux ans (1984-1985) avait donné lieu à d’intenses mobilisations mondiales, la plus célèbre étant le double concert Live Aid. Aujourd’hui, l’investissement des Chinois sur le sol éthiopien permet un développement accru dans plusieurs domaines : les transports, l’immobilier ou encore la santé. Cette nouvelle dynamique pour le pays fut impulsée par l’accession au pouvoir du Premier ministre Abiy Ahmed. En 2019, un an après son investiture, il obtient le Prix Nobel de la Paix dans le cadre de la résolution du litige concernant la frontière avec l’Érythrée.


Mais le développement économique, quoique remarquable, fut largement entravé ces dernières années par un conflit sanglant qui s’est étendu de novembre 2020 à novembre 2022 : la guerre du Tigré. Elle vit notamment s’affronter l’armée fédérale éthiopienne et le Front de Libération du Peuple du Tigré (FLPT), considéré comme un parti politique révolutionnaire.

Fondé dans le Tigré, localité du nord-ouest du pays, ce groupuscule est très implanté au niveau local. Difficile pour la population d’empêcher son influence, déjà très impactée par la malnutrition. La crainte d’empirer la situation pèse dans le comportement des tigréens, dans une région extrêmement restreinte en termes d’accès à internet et de communication avec la presse.

Historiquement, le premier succès du FLPT remonte à 1991. Après avoir renversé la junte militaire au pouvoir dans la région de l’Érythrée, le groupement politique organise un référendum d’indépendance, alors majoritairement adopté. L’Éthiopie devient un territoire enclavé, sans accès à la mer, ce qui complique toute perspective de développement économique. Un long conflit suivra entre les deux pays autour du tracé de leurs frontières, qui se terminera en 2018.


Un report des législatives de 2020 à l’origine de la guerre


En pleine pandémie de Covid-19, le premier ministre Ahmed décide de reporter les élections législatives de 2020 à 2021. Cette décision jugée anti-démocratique va créer d’importantes tensions entre la région du Tigré et le gouvernement fédéral central. Le président du comité exécutif régional Debretsion Gebremichael, un proche du FLPT, organisera le scrutin aux dates initialement prévues.


Bénéficiant d'une influence prédominante dans cette région, le FLPT est le principal danger pour la stabilité du pays selon le gouvernement. Chassés du pouvoir après vingt années à contrôler le pouvoir fédéral, les tigréens issus du parti radicalisent leurs revendications indépendantistes en axant leur lutte sur la violence. Ainsi, accusé d’avoir attaqué des bases militaires fédérales, le gouvernement lance une offensive contre le parti dans la région. Le gouvernement érythréen, ennemi d’hier, envoie des troupes pour soutenir l’armée fédérale éthiopienne après qu’un aéroport d’Érythrée fut attaqué par le FLPT. Enfin, pour des raisons géostratégiques, l’Iran, la Turquie et les Émirats arabes unis soutiennent également l’Éthiopie, avec une accélération des apports militaires et financiers quand les tigréens se sont rapprochés au fil des combats de la capitale Addis-Abeba.


Après des affrontements quasiment ininterrompus depuis deux ans, un traité de paix a été signé par les deux parties le 12 novembre dernier, sous l’égide de l’Union africaine.

Les membres du parti politique FLPT, entre-temps classé comme une organisation terroriste, n’ont pas eu d’autres choix que de signer un accord qui leur est complètement défavorable puisque leur objectif n’était autre qu’un Tigré indépendant.

Mais les raisons de ces négociations avec le gouvernement s’expliquent par le désespoir grandissant des tigréens, qui accumulent depuis deux ans un grand nombre de souffrances : exactions massives, crimes contre l’humanité, viols, menaces de famines, manques de médicaments, migration de la population vers le Soudan.


Le bilan humanitaire très lourd selon l’Université de Gand : environ 400 000 décès sont à déplorer. Sur le plan politique, il reste maintenant au premier ministre de ne pas devenir l’otage politique de l’Érythrée, qui a grandement participé au maintien de la cohésion territoriale de son pays. En outre, la coordination de l’Union africaine devra être nécessaire pour permettre un respect des traités et des accords de paix.


Quelques dates clés.

Josselin

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