Affiche officielle de l’exposition “Fake News : Art, Fiction, Mensonge”, 2021-2022
Podcasts, articles, reportages, tweets... Plus que jamais, les démocraties contemporaines sont submergées par un flot sans fin d’informations émanant des quatre coins du globe. Entre ces vagues successives d’actualités, se dissimulent les fake news, fausses informations, parfois fabriquées, largement diffusées sur les réseaux sociaux. Un virus antique, aujourd’hui galvanisé par des sociétés hyperconnectées, qui sape la fiabilité des médias.
Afin de dompter ce mal international nommé désinformation, il est essentiel d’en apprendre plus sur le sujet ; ce que propose actuellement - et jusqu’au 30 janvier 2022 - l’exposition “Fake News : Art, Fiction, Mensonge”, présentée par la Fondation groupe Electricité de France (EDF) en partenariat avec le Centre pour l’Education aux Médias et à l’Information (CLEMI).
Mise en scène : entre art et didactique
Dans l’optique d’attirer l’attention des générations futures, premières cibles visées, l’exposition présente une remarquable diversité d'œuvres, dessins, peintures, sculptures, installations ou encore photos et vidéos, aux artistes aussi bien français qu’internationaux. Parmi eux, les célèbres Yes Men, duo américain d’activistes s’appuyant sur des canulars surprenants, longuement élaborés, pour dénoncer le libéralisme ; Ale + Ale, autre binôme, cette fois-ci français, d’illustrateurs professionnels qui exercent quant à eux dans les domaines de la presse, des livres, de la publicité et du web ; ou encore Tsila Hassine et Carmel Barnea Brezner Jonas, artistes israéliennes, à qui l’on doit la création d’une imprimante à fake news, œuvre phare de l’exposition.
En parallèle de cette richesse esthétique, de nombreuses explications claires, précises, ornent les murs, avec pour visée de mettre sous le feu des projecteurs les connaissances indispensables concernant les fake news. Sont ainsi révélés les mécanismes de fabrication et de diffusion, d’une part, les risques majeurs qui en découlent, d’autre part, et finalement quelques tactiques pour limiter le risque de se faire tromper.
Progrès technique au service de l’infox
En cette fin d’année 2021, “plus de 50% de la population mondiale utilise régulièrement les réseaux sociaux” dévoile l’exposition. Par conséquent, il suffit de quelques minutes pour qu’un tweet, un post, une story soient massivement likés, partagés, puis, du fait d’un tel succès, soient prises pour une information de source sûre. A cet égard, cette avancée technologique que constitue la création du web 2.0, prenant racine à l’aube du XXIe siècle, apparaît donc comme un fléau pour l’accès à une actualité fiable, de qualité.
Par ailleurs, de nouvelles techniques de création de fake news ne cessent d’émerger. A titre d’exemple, la pratique du deep-fake se répand de plus en plus sur les réseaux. Il s’agit d’un enregistrement vidéo ou audio réalisé ou modifié par l’intervention d’une intelligence artificielle. En d’autres termes, il est désormais possible de faire dire ou faire faire ce que l’on désire, à n’importe qui, y compris les personnalités publiques. Le résultat est aussi impressionnant qu’alarmant...
Démasquer la supercherie
Dans la dernière partie, l’exposition nous dévoile des stratégies concrètes pour ne plus se laisser duper. D’une efficacité redoutable, ces tactiques sont pourtant bien souvent méconnues du grand public.
Weverify, notamment, propose un large panel d’outils visant à identifier les posts mensongers, sites web incertains, images et vidéos truquées... L’outil Rumour Veracity Classifier, par exemple, évalue ainsi la véracité d’un thème, général ou d’actualité, dans un tweet et, par conséquent, le niveau de confiance qu’on peut lui accorder. A noter par ailleurs que la plate-forme est open source, soit participative : tout citoyen, au même titre que les journalistes professionnels, peuvent donc collaborer ensemble pour vérifier les contenus.
Autre moyen pour éviter la propagation d’infox : le fact-checking. Ce terme anglais désigne la vérification systématique des faits et chiffres exposés par les médias, mais également leur part d’objectivité dans le traitement de l'information. Une tendance qui se développe depuis près d’une décennie maintenant en France, suivant les traces des Etats-Unis, comme bien souvent. Certains journalistes se dédient même exclusivement à cette fonction d’inspecteur, réduisant ainsi fortement le risque de fausses informations, dans les grands médias tout du moins.
En somme, cette exposition complète, esthétique et dynamique, vise à vous donner les premières clés de compréhension d'un phénomène dont nous sommes tous acteurs, nous, socionautes. Pour maîtriser ce virus qui paralyse l’accès aux informations fiables, qualitatives, il est essentiel d’en connaître les racines, principes et enjeux. Un ultime argument plus concret afin de vous convaincre, si ce n'est pas déjà fait : la réservation se fait en ligne et c'est gratuit !
Margot Darcy
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